N° 570 Paracha « Kora’h » – 28 sivan 5766 – ב« ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
L’HONNEUR EST LE LOT DES SAGES
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Kora’h et sa faction avaient perdu tout sens commun parce qu’ils étaient avides d’honneurs. Aveuglés par cette passion, ils fustigeaient Moïse et Aaron. « Vous êtes allés trop loin ! Tous les membres de la communauté sont saints et Dieu est avec eux. Pourquoi vous érigez-vous au-dessus de la congrégation de Dieu ? » (Nom. XVI, 3).
A première vue, l’argument comme quoi tout le peuple est saint était légitime ! – Assurément, tant qu’on reconnaît l’existence d’une hiérarchie, que chacun reçoit l’honneur qui lui est dû, suivant son rôle et son rang, exigence qui vaut d’autant plus à l’égard de Moïse et d’Aaron, chefs spirituels de la nation.
Avant tout, on doit honorer les Sages érudits en Thora, les parents et les dirigeants, comme le rappelait souvent le Rav Kook. A cet impératif, il y a une raison essentielle. Pour fonder une société convenablement agencée, on doit respecter ceux qui méritent de l’être. Du respect dû aux Sages découlent l’amour de la Thora, de la Sagesse divine qu’elle enseigne, l’aspiration à améliorer ses qualités morales et à intensifier la Crainte à l’égard de l’Eternel.
L’honneur dû aux parents est source de bénédiction pour les enfants une fois adultes. Quant à l’honneur dû aux rois, il permet à la vie sociale et nationale d’atteindre réellement leur perfection (cf. « ‘Havach Péer » Chapitre I). Inversement, lorsqu’on n’honore pas les Sages, les parents et les dirigeants, on contribue à semer l’anarchie au sein de la société et de la cellule familiale.
Par la recherche à outrance des honneurs, Kora’h et sa faction sapaient l’honneur dû aux dirigeants les plus éminents. Par leur comportement perverti, ils ont tragiquement illustré l’enseignement de nos Sages : « La jalousie, la passion et les honneurs (recherchés avec avidité) retirent la personne de ce bas monde » (Maximes des Pères 4, 21 ; cf. Nom. XVI in extenso).
Ceci étant – Actuellement, plus que jamais, on doit réapprendre à respecter notre société, notre culture authentique, les Sages, les éducateurs, les professeurs et les dirigeants, même s’ils sont divisés sur les questions politiques ou autres. Pour ce faire, on doit retourner aux Sources de la Tradition juive et de la Thora qui voient dans le respect et dans l’amour dus à la personne l’exercice d’un commandement véritable. Comme tel, il faut le pratiquer avec amour, crainte et tremblement.
Ainsi, par l’honneur témoigné à autrui, nous verrons se manifester « l’Honneur » (l’un des Dévoilements les plus matérialisés de Dieu) de l’Eternel qui « emplit la terre de Sa Gloire » (Is. VI, 3).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
EST-CE LA FIN DU SIONISME LAIC ?
Question : Hier encore, il y avait une collaboration entre le Sionisme religieux et le Sionisme laïc, mais les deux trahisons –l’expulsion de Goush Katif et celle d’Amona- y ont mis un terme. Désormais, nous nous désolidarisons de ce mouvement.
Réponse :
-
Tout d’abord, le moment choisi pour poser votre question est étonnant. Pourquoi ces deux événements ont-ils déclenché votre courroux et non pas l’éducation, l’appareil judiciaire, la Mission, la « kashrout », la profanation du Shabbat, la destruction de la cellule familiale, le non-respect des lois régissant la vie conjugale et les mariages mixtes ? Pourquoi ce brusque réveil lorsque le désastre touche Eretz Israël ?!
-
Pour nous en tenir à notre propos : il n’y a pas de « Sionisme religieux ». Qu’on en soit conscient on non. Le Sionisme est d’inspiration divine et non profane.
-
Très curieusement, les non religieux et les ultra orthodoxes s’accordent à nier le caractère divin de ce mouvement ; ceux-là, par peur de la religion ; ceux-ci, par peur du Sionisme. Ce n’est pas la Vérité qui dicte leur position puisque, comme l’enseignait le Rav Kook, l’Eternel est sioniste, ce qu’attestent sans fin la Bible et la Thora orale.
-
D’ailleurs, ce désaveu du caractère divin du Sionisme –par les uns comme par les autres- se retrouve déjà cristallisé en miniature en la personne de Herzl ; ceux-là par souci pour le visionnaire de l’Etat ; ceux-ci par souci du spirituel. On ne sait pas encore qui est cette personnalité qui disait : « Notre nation n’existe que par la foi » (« Séfer Hayamim I, 53).
-
En aucun cas, le Sionisme n’est d’essence profane. Il puise directement dans la Thora. Même son éveil a pour origine la sainteté, comme le signalait le Rav Kook : « Pour ce qui est de la nation tout entière, sa quête de liberté et de vie –au niveau individuel et collectif- et son espoir en la Délivrance, tout cela émane uniquement de « cette Source de vie » (« Orot », « Eretz Israël », 8), entendu, par-là, le « Feu sacré » qui brûle, pour continuer à citer en substance l’enseignement du grand Maître, au cœur de la nation qui, de tout temps, l’habitait, « feu qui demeurera constamment allumé sur l’autel, qui ne sera pas éteint » (Ibid. sur lev. VI, 6). Le réveil national, poursuit le Rav, puise à ce « Feu sacré », ce qui n’est nullement en contradiction avec le Sionisme.
A l’instar de l’individu particulier, la nation a une âme collective qui la meut, consciemment ou non, valeur enfouie en son sein, « l’Immanence Divine » (qui a des modalités différentes suivant son lieu de résidence).
Dans un article, « al Hapérek », le Rav Tzvi Yéhouda expliquait que Dieu, « Cause de la causalité » a créé le Mouvement Sioniste. Sa Volonté s’exprime par les voies les plus diversifiées, « Dieu dit… : « Des quatre coins (par des voies diversifiées et opposées) viens, ô Esprit » « Ez. XXXVII, 9), la vie, suivant son cours tout particulier, sinueux, parfois. (cf. « Lintivot Israël » 1, §12). « Mais tout a pour origine la Lumière de l’âme intérieure » (ibid.), intériorité animée du Souffle divin d’où le Mouvement Sioniste puise sa force, même s’il est tout entier impudence, suite aux influences de la Diaspora sur les Juifs. Un regard lucide sur notre histoire révèle qu’elle est orientée par Celui qui la connaît d’avance (cf. ibid. 1D3).
Aussi, une fois pour toute, on doit comprendre qu’il n’y a pas un « Sionisme profane » ou « religieux » mais « le Sionisme », comme tel, qui puise à la Source divine de la sainteté et qui « réside » au sein de la nation. Aussi, on doit comprendre qu’il n’y a pas « religieux » et « non religieux » mais une seule nation, sainte, possession de Dieu et aimée par Lui, qui renaît à la vie et de qui, malgré tous ses manques, Dieu dit : « Tu es toute belle, Mon épouse et tu es sans défaut » (Cant. IV, 7), nation dont « Il se glorifie » (cf. Is. LX, 21).
N° 570 Paracha « Kora’h » – 28 sivan 5766 – ב« ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
L’HONNEUR EST LE LOT DES SAGES
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Kora’h et sa faction avaient perdu tout sens commun parce qu’ils étaient avides d’honneurs. Aveuglés par cette passion, ils fustigeaient Moïse et Aaron. « Vous êtes allés trop loin ! Tous les membres de la communauté sont saints et Dieu est avec eux. Pourquoi vous érigez-vous au-dessus de la congrégation de Dieu ? » (Nom. XVI, 3).
A première vue, l’argument comme quoi tout le peuple est saint était légitime ! – Assurément, tant qu’on reconnaît l’existence d’une hiérarchie, que chacun reçoit l’honneur qui lui est dû, suivant son rôle et son rang, exigence qui vaut d’autant plus à l’égard de Moïse et d’Aaron, chefs spirituels de la nation.
Avant tout, on doit honorer les Sages érudits en Thora, les parents et les dirigeants, comme le rappelait souvent le Rav Kook. A cet impératif, il y a une raison essentielle. Pour fonder une société convenablement agencée, on doit respecter ceux qui méritent de l’être. Du respect dû aux Sages découlent l’amour de la Thora, de la Sagesse divine qu’elle enseigne, l’aspiration à améliorer ses qualités morales et à intensifier la Crainte à l’égard de l’Eternel.
L’honneur dû aux parents est source de bénédiction pour les enfants une fois adultes. Quant à l’honneur dû aux rois, il permet à la vie sociale et nationale d’atteindre réellement leur perfection (cf. « ‘Havach Péer » Chapitre I). Inversement, lorsqu’on n’honore pas les Sages, les parents et les dirigeants, on contribue à semer l’anarchie au sein de la société et de la cellule familiale.
Par la recherche à outrance des honneurs, Kora’h et sa faction sapaient l’honneur dû aux dirigeants les plus éminents. Par leur comportement perverti, ils ont tragiquement illustré l’enseignement de nos Sages : « La jalousie, la passion et les honneurs (recherchés avec avidité) retirent la personne de ce bas monde » (Maximes des Pères 4, 21 ; cf. Nom. XVI in extenso).
Ceci étant – Actuellement, plus que jamais, on doit réapprendre à respecter notre société, notre culture authentique, les Sages, les éducateurs, les professeurs et les dirigeants, même s’ils sont divisés sur les questions politiques ou autres. Pour ce faire, on doit retourner aux Sources de la Tradition juive et de la Thora qui voient dans le respect et dans l’amour dus à la personne l’exercice d’un commandement véritable. Comme tel, il faut le pratiquer avec amour, crainte et tremblement.
Ainsi, par l’honneur témoigné à autrui, nous verrons se manifester « l’Honneur » (l’un des Dévoilements les plus matérialisés de Dieu) de l’Eternel qui « emplit la terre de Sa Gloire » (Is. VI, 3).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
EST-CE LA FIN DU SIONISME LAIC ?
Question : Hier encore, il y avait une collaboration entre le Sionisme religieux et le Sionisme laïc, mais les deux trahisons –l’expulsion de Goush Katif et celle d’Amona- y ont mis un terme. Désormais, nous nous désolidarisons de ce mouvement.
Réponse :
-
Tout d’abord, le moment choisi pour poser votre question est étonnant. Pourquoi ces deux événements ont-ils déclenché votre courroux et non pas l’éducation, l’appareil judiciaire, la Mission, la « kashrout », la profanation du Shabbat, la destruction de la cellule familiale, le non-respect des lois régissant la vie conjugale et les mariages mixtes ? Pourquoi ce brusque réveil lorsque le désastre touche Eretz Israël ?!
-
Pour nous en tenir à notre propos : il n’y a pas de « Sionisme religieux ». Qu’on en soit conscient on non. Le Sionisme est d’inspiration divine et non profane.
-
Très curieusement, les non religieux et les ultra orthodoxes s’accordent à nier le caractère divin de ce mouvement ; ceux-là, par peur de la religion ; ceux-ci, par peur du Sionisme. Ce n’est pas la Vérité qui dicte leur position puisque, comme l’enseignait le Rav Kook, l’Eternel est sioniste, ce qu’attestent sans fin la Bible et la Thora orale.
-
D’ailleurs, ce désaveu du caractère divin du Sionisme –par les uns comme par les autres- se retrouve déjà cristallisé en miniature en la personne de Herzl ; ceux-là par souci pour le visionnaire de l’Etat ; ceux-ci par souci du spirituel. On ne sait pas encore qui est cette personnalité qui disait : « Notre nation n’existe que par la foi » (« Séfer Hayamim I, 53).
-
En aucun cas, le Sionisme n’est d’essence profane. Il puise directement dans la Thora. Même son éveil a pour origine la sainteté, comme le signalait le Rav Kook : « Pour ce qui est de la nation tout entière, sa quête de liberté et de vie –au niveau individuel et collectif- et son espoir en la Délivrance, tout cela émane uniquement de « cette Source de vie » (« Orot », « Eretz Israël », 8), entendu, par-là, le « Feu sacré » qui brûle, pour continuer à citer en substance l’enseignement du grand Maître, au cœur de la nation qui, de tout temps, l’habitait, « feu qui demeurera constamment allumé sur l’autel, qui ne sera pas éteint » (Ibid. sur lev. VI, 6). Le réveil national, poursuit le Rav, puise à ce « Feu sacré », ce qui n’est nullement en contradiction avec le Sionisme.
A l’instar de l’individu particulier, la nation a une âme collective qui la meut, consciemment ou non, valeur enfouie en son sein, « l’Immanence Divine » (qui a des modalités différentes suivant son lieu de résidence).
Dans un article, « al Hapérek », le Rav Tzvi Yéhouda expliquait que Dieu, « Cause de la causalité » a créé le Mouvement Sioniste. Sa Volonté s’exprime par les voies les plus diversifiées, « Dieu dit… : « Des quatre coins (par des voies diversifiées et opposées) viens, ô Esprit » « Ez. XXXVII, 9), la vie, suivant son cours tout particulier, sinueux, parfois. (cf. « Lintivot Israël » 1, §12). « Mais tout a pour origine la Lumière de l’âme intérieure » (ibid.), intériorité animée du Souffle divin d’où le Mouvement Sioniste puise sa force, même s’il est tout entier impudence, suite aux influences de la Diaspora sur les Juifs. Un regard lucide sur notre histoire révèle qu’elle est orientée par Celui qui la connaît d’avance (cf. ibid. 1D3).
Aussi, une fois pour toute, on doit comprendre qu’il n’y a pas un « Sionisme profane » ou « religieux » mais « le Sionisme », comme tel, qui puise à la Source divine de la sainteté et qui « réside » au sein de la nation. Aussi, on doit comprendre qu’il n’y a pas « religieux » et « non religieux » mais une seule nation, sainte, possession de Dieu et aimée par Lui, qui renaît à la vie et de qui, malgré tous ses manques, Dieu dit : « Tu es toute belle, Mon épouse et tu es sans défaut » (Cant. IV, 7), nation dont « Il se glorifie » (cf. Is. LX, 21).