N° 569 Paracha « Chéla’h » – 21 yar 5766 – ב« ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
« PARDONNE, DANS TON AMOUR INFINI, LE PECHE DE CE PEUPLE » –
NOUS ARRIVERONS A OCCUPER LE PAYS
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
La « Génération du Désert » ne voulait pas se battre pour s’installer en Eretz Israël, convaincue, par les Explorateurs, que l’entreprise était impossible et irrationnelle. « Nous ne pouvons marcher contre ce peuple… ! Il est plus fort que nous (autre lecture : « que Lui ») ! Ils commencèrent à décrier le pays qu’ils avaient exploré, en disant aux Israélites : « Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays qui dévore ses habitants » (Nom. XIII, 31-32).
Il en était si persuadé que, « cette nuit-là, il se mit à pleurer » (passim), exprimant son ressentiment à l’égard de l’Eternel, de Moïse et d’Aaron qu’il voulait remplacer par d’autres dirigeants. « Pourquoi Dieu nous conduit-Il dans ce pays-là pour y périr par l’épée ? Nos femmes et nos enfants seront captifs. Mieux vaut retourner en Egypte ! » Ils se dirent l’un à l’autre : « Nommons un [nouveau] chef et retournons en Egypte ! » (ibid. XIV, 1-4).
Cette génération ne prêtait pas attention aux propos de Josué et de Calev qui voulaient renforcer son moral : « Nous devons aller occuper le pays … Nous le pouvons ! » (ibid. ibid. 30). « Le pays que nous avons parcouru au cours de notre exploration, est une terre excellente ! » » (ibid. ibid. 4), comprenant que cet état de faiblesse avait pour origine une foi chancelante. Quant à la mise en question de la toute-puissance de Dieu, les deux Justes ajoutèrent : « Si Dieu est satisfait de nous et nous conduit dans ce pays, Il peut nous le livrer, ce pays ruisselant de lait et de miel. Mais ne vous révoltez pas contre Lui ! Ne craignez pas le peuple de ce pays car il est (déjà) en notre pouvoir, son ombre l’a quitté (l’Image divine qui donne la vie à tout être humain, visible par ceux qui peuvent la voir. Sa disparition entraîne la mort). Dieu est avec nous, ne craignez rien » (ibid. XIV, 8-9). Au lieu d’accepter ce que disaient ces deux géants de la foi, le peuple voulut les lapider.
Dieu voulut exterminer le peuple qui s’était ainsi révolté contre Lui pour en créer un autre à partir de Moïse : Je veux le frapper d’une épidémie et l’anéantir. Je te ferai devenir un peuple plus grand et plus puissant que celui-ci. » (ibid. XIV, 12). En grand « amant d’Israël » et en dirigeant fidèle, Moïse prit immédiatement la défense du peuple. Il argua que si Dieu mettait sa menace à exécution, les Nations diraient : Dieu fut incapable de conduire ce peuple au pays qu’Il lui promit. C’est pourquoi Il l’a égorgé dans le désert » (ibid. 17). En d’autres termes, il y aurait blasphème aux yeux de l’humanité, c’est pourquoi Moïse demanda le Pardon divin. « Pardonne… le péché de ce peuple » (ibid. 19).
Ceci étant – Ainsi, pour avoir médit d’Eretz Israël, les Explorateurs avaient fait sombrer le peuple dans un état de faiblesse spirituelle collective au point de renoncer à l’aspiration de conquérir et d’occuper le pays. Hélas, actuellement, nos chefs de gouvernement tiennent un discours identique pour les mêmes raisons. C’est pourquoi ils mettent sur pied des « plans » plus dangereux les uns que les autres qui affaiblissent le moral national et fortifient l’espoir de nos ennemis d’exterminer l’état d’Israël.
A notre époque aussi nous avons besoin de dirigeants politiques et spirituels capables de galvaniser le peuple et de vivifier sa foi, à l’instar de Calev et de Josué qui surent dire : « Nous devons aller occuper le pays… nous le pouvons », ou à l’instar de Moïse qui implora l’Eternel : « Pardonne, dans Ton amour infini, le péché de ce peuple, comme Tu lui as pardonné depuis son départ d’Egypte jusqu’ici. »
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
OUI, JE SERAI PROFESSEUR
Mon mari termine un doctorat en physique, j’en suis jalouse, mais moi aussi je serai professeur, je pense en avoir les dons. J’aspire à une carrière et à des diplômes, je serai professeur, mon mari et mes élèves ne m’en apprécieront que plus. Je suis pour l’égalité des sexes. Cette revendication ne vient pas de moi mais de ce que Dieu a créé l’homme et la femme égaux, « à Son image » (Gen. I, 27 et passim. Suivant la représentation qu’Il se faisait d’eux avant de les avoir créés). Assurément, je suis différente de mon mari mais je ne lui suis pas inférieure. Oui, je serai professeur, j’en rêve depuis que j’étais lycéenne, une véritable obsession, professeur, dans l’enseignement, l’éducation de mes enfants, avec de nombreux diplômes : en féminité, en questions matrimoniales, en maternité.
Pourquoi souriez-vous ? Je suis très sérieuse. Mon mari crée des éléments électroniques pour je ne sais quel appareil important ; moi, je créerai des enfants, des âmes. Est-ce risible ou moins important ? Non, bien au contraire.
Assurément, j’aime tous les enfants, mais les miens d’abord. Actuellement, je suis « professeur principale », consciencieuse et dévouée. J’aime ce travail, il me donne des satisfactions. Mais, avec l’aide de Dieu, dès mon premier enfant j’arrête net pour me vouer à lui corps et âme. Si je dois quand même continuer à travailler pour subvenir à mes besoins, je limiterai cette activité au minimum sans, pour autant, déroger aux impératifs de la conscience professionnelle. Ma voisine prendra ma place. Elle aussi avait cessé d’enseigner à son premier enfant. Comme ils ont grandi, elle a reprit le travail.
« Etre mère » nécessite aussi un diplôme qui, de surcroît, appartient à la sainteté et qui tient du défi. Rabbi Israël –si je ne m’abuse- se plaisait à dire : « Le menuisier marche sur des copeaux de bois ; le vitrier, sur des morceaux de verre ; et l’éducateur, sur des bris d’âmes ». Je prends donc de grandes responsabilités mais je m’en sens capable.
Mon royaume, c’est ma maison. Eh bien ! Je serai professeur ès maison ! Elle a trois fonctions principales, comme l’enseigne le « Maharal » de Pragues « Dérekh ‘Haïm » sur « Maximes des Pères » 1, §4-§5).
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Servir de protection matérielle contre les intempéries.
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Etre un abri sentimental où l’on se sent bien.
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Tenir lieu d’abri spirituel où l’on s’épanouira dans la foi et les bonnes qualités morales.
Ainsi, je veux créer une maison où il fait bon vivre, où chacun puisse donner sa pleine mesure, dans l’harmonie, la sérénité et l’éducation.
L’éducation, expliquait le Rav Tzvi Yéhouda, commence par l’allaitement, l’expression du lien et de l’amour par excellence, tout comme, ajoutait-il, l’enseignement, parallélisme qui fut pour moi une révélation.
Créer une maison qui ne soit pas un nouveau front pour mon mari et mes enfants, mais un havre de paix où on les acceptera tels qu’ils sont, dans une ambiance agréable ; une maison fondée sur la Thora, la foi, la Crainte de l’Eternel et sur le désir d’améliorer les qualités morales.
Ces aspirations, infiniment sérieuses, ne méritaient vraiment pas ce sourire, vous le comprenez maintenant, car elles impliquent des disciplines diversifiées que devraient honorer des diplômes, une sagesse, aussi, et une expression de sainteté, valeurs que j’ai apprises de mes aïeules, ces femmes juives vertueuses, à l’époque de la captivité en Egypte, qui invitaient leur mari à avoir des enfants alors qu’ils ne le voulaient plus, terrassés par l’indescriptible cruauté de l’esclavage.
En l’honneur de la grande éducatrice, l’une des grandes femmes vertueuses de notre génération, la Rabbanite ‘Hanna Tao, de mémoire bénie.