N° 514 – Paracha « Be’houkotaït » – 19 yar 5765 – ? »?
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
D’UNE EDUCATION QUI PORTERAIT SES FRUITS
Rachi interprète ainsi le début de notre Paracha : « Si vous suivez Mes Lois et gardez scrupuleusement Mes commandements,…Je vous donnerai de la pluie au moment propice, de sorte que la terre produira sa récolte et les arbres des champs offriront leurs fruits » (Lev. XXVI, 3-4). « Si vous suivez Mes Lois », entendu par-là, explique le grand exégète, « si vous vous efforcez d’étudier la Thora », « les arbres des champs offriront leurs fruits » même si, a priori, ils devaient être stériles ». Inversement, « si vous ne M’écoutez pas et que vous vous lassez de Mes Lois » (ibid. XXVI, 14-15), entendu par-là, si vous ne vous efforcez pas d’étudier la Thora, « votre terre ne donnera pas son produit et les arbres de la terre refuseront leurs fruits » (ibid. ibid., 20), et s’ils en donnent ils seront laissés à l’abandon.
Comme on sait, l’homme est comparable à « l’arbre des champs », « stérile », ou à « l’arbre de la terre », « qui offre ses fruits ». Lorsqu’il est « stérile », il n’est pas doué, a une image de soi et un quotient intellectuel bas, ne réussit pas aux examens, « il n’offre pas ses fruits ». En revanche, lorsqu’il est dit « arbre de la terre », il est doué, a un grand potentiel et a tout, semble-t-il, pour réussir dans la vie.
Or la Thora nous apprend que même si l’enfant ou l’adulte est un « arbre des champs », « stérile », il peut devenir un « arbre de la terre » « qui offre ses fruits », et inversement lorsque l’individu favorisé ne met pas ses dons au service de la Thora. Ainsi, Le critère d’appréciation de la réussite ne réside pas seulement dans les dons mais dans la détermination à étudier la Thora.
Ceci étant – L’état d’Israël consacre quelques 25 milliards de shekels à l’éducation mais, bien souvent, elle évoque « l’arbre stérile », à en juger par le niveau moral et les résultats scolaires des élèves. Pour transformer l’éducation en « arbre qui offre ses fruits », entendu par-là qui a des incidences perceptibles sur le comportement moral et humain, sur les relations à l’égard des parents, du peuple et de la terre d’Israël, on doit l’orienter vers l’étude intensive de la Thora, « arbre de vie » pour ceux qui s’en rendent maîtres, (Pro. III, 18), qui insuffle la vie au collectif comme au particulier.
On doit modifier totalement les conceptions de l’enseignement, revenir au Judaïsme, à l’étude de la Thora et aux sources. De la sorte, nous verrons s’accomplir la promesse de l’Eternel : « Mon inspiration qui repose sur toi, les paroles que J’ai mises en ta bouche, elles ne doivent point s’écarter de ta bouche ni de la bouche de tes enfants ni de celle des enfants de tes enfants, depuis à présent jusqu’à jamais » (Is. LIX, 21)
RAV SHLOMO AVINER
AIMER, CELA EN VAUT LA PEINE
Question – Inlassablement, le Rav parle « d’aimer » et de bannir la violence. Mais, dans le fond, pourquoi ne pas recourir à celle-ci ? Pourquoi repousser à tout prix l’éventualité d’une guerre civile quand on foule aux pieds les principes les plus sacrés de la Thora ?! D’ailleurs, le terrible événement de la « Concubine de la Colline » (cf. Jug. XIX) ne l’a-t-il pas entraînée ? Constamment, le Rav met également en garde contre le danger de la violence, physique et verbale. Assurément, nous prônons aussi l’amour du prochain, mais ne l’éveillerions-nous pas en créant une situation de choc traumatisante ? Le Rav Tzvi Yéhouda ne disait-il pas lui-même qu’à cause de l’amour nous étions perdants ?
Réponse – « A cause de l’amour, dites-vous, nous sommes perdants ». Mais ce « nous », à qui renvoie-t-il ? Vous définissez un groupe puis vous l’érigez en « nous » ; or j’ai toujours pensé que « nous », c’était le peuple d’Israël ! Sans amour, « nous » – entendu par-là notre peuple – « sommes perdants ». Lorsque les parents se disputent, la famille est toujours perdante, peu importe celui qui a raison. C’est pourquoi je ne répondrai pas à votre objection, l’épisode de la « Concubine », et si vous ne savez pas ce qu’on entend par « profanation du Nom de Dieu », lisez et relisez ce qu’écrivait notre Maître, le Rav Kook », à propos de « la crise de notre peuple » (v. contexte, Jér. VIII, 11-12)) : l’idolâtrie n’est pas la profanation du Nom de Dieu à son paroxysme mais bien les querelles intestines qui dégénèrent en violence (cf. « Maamaré Haréiya », 554), « l’agissement répugnant de la guerre vile, la guerre fratricide, incompréhensible, barbare, débridée et cruelle » (ibid. 365).
Parfois, assurément, le Rav Tzvi Yéhouda tenait des propos passablement incisifs, mais tout imprégnés d’amour ; c’est pourquoi on les accepte, à l’instar d’un édit rabbinique que n’acceptent que ceux qu’inspire l’amour (cf. Or. H. 608, §1, Annotations, passage qui commence par « ???? ?????? » – « de l’obligation de réprimander » -).
Dans un entretien télévisé, le Rav disait à ceux qui prônaient la résistance active : « Je ne pense pas que cela soit juste. Assurément, nous ne voulons pas de confrontation avec notre armée » (enregistrement D. V. D., « Haméorot Haguédolim », sur nos grands Maîtres, le Rav Kook et le Rav Tzvi Yéhouda).
N’allez pas vous imaginer que vous obtiendriez un quelconque résultat en jouant le dément, en laissant entendre de ne pas avoir mailles à partir avec vous car vous ne savez pas les limites ! C’est une illusion, un bluff qui, peut-être, fera sensation quelques jours mais qui vous reviendra en boumerang.
Lors du retrait du Sinaï, le Rav Moshé Tzvi Néria, de mémoire bénie, expliquait, lui aussi, que la guerre civile était la pire des choses, pire que tout retrait, qu’on ne devait pas verser le sang juif et que, lors des manifestations, on devait scrupuleusement veiller à respecter la loi (Rav Moshé Tzvi Néria, « ‘Hévlé Yamite » ; Rabbanite Tsila Bar-Eli, « Ben Néti’a L’akira », page 21). La contestation sous toutes ses formes, disait-il encore, est licite, tant qu’elle reste à l’intérieur de la légalité. Mais la violence physique et même verbale à l’égard des soldats et des policiers est une faute de la dernière gravité et, à tout prix, on doit savoir se maîtriser (d’après ibid. 23).
Rassurez-vous, il n’y aura pas de guerre civile, vains propos qui visent à tempérer, et à dévaloriser l’image de marque des habitants menacés. Assurément, les fous ne manquent pas, mais ils ne sont qu’une infime minorité qui ne peut causer ce désastre, d’autant plus que, d’un côté comme de l’autre, on mettra tout en œuvre pour prévenir le mal.
Quant à vous, mon ami, repentissez-vous au plus vite et sachez reconnaître l’ennemi véritable. Quant à l’amour, il ne s’agit pas d’un je ne sais quel expédient utilisé pour la Judée Samarie et la région de Gaza, comme si notre peuple n’existait que pour ces régions. Au contraire, c’est une valeur en soi, sublime, intrinsèque et merveilleuse qui, de plus, est source de bénédiction.
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
https://vimeo.com/NULL