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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Vayahkel-Pékoudé »

 

N° 557 Paracha « Vayahkel-Pékoudé » – 25 adar 5766 – ב« ה


(Traduit et adapté par Maïmon Retbi


(Nous sommes désolés, l’article du Rav Dov Bigon ne nous est pas parvenu à temps)


RAV SHLOMO AVINER


« BENI CELUI QUI M’A CREEE FEMME »


Je n’ai nullement l’intention de me révolter contre la formule du « Sidour » (rituel des Prières, « Bénédictions du Matin ») ni de le censurer. Je prie d’après le texte et dis avec joie « Lui qui m’a créée conforme à Sa Volonté » (l’homme dit : « Lui qui ne m’a pas créé femme »), à l’instar de ma très érudite grand-mère. Je voudrais simplement exprimer mes sentiments.


Je suis heureuse d’être femme ! Si heureuse ! Je suis comblée ! Une chose m’est claire, je ne jalouse pas les hommes, ne cherche pas à les imiter ni à jouer le « garçon manqué », une femme heureuse !


Je ne souffre pas du complexe d’infériorité même si je sais que, souvent, les hommes éprouvent le complexe inverse. Peu m’importe s’ils se sentent supérieurs. Moi, je suis bien dans ma peau.


Je ne comprends pas ces femmes qui, dans la société, cherchent, pour ainsi dire, à se déguiser en hommes. Moi, je m’exprime avec plus de noblesse, « toute resplendissante est la fille du roi dans son intériorité » (Ps. XLV, 14). Ma force, c’est en moi qu’elle se trouve. Je sens que la « Chékhina » (Immanence divine) m’habite, mot féminin, n’est-ce pas ?


Dans ma vie de couple et de mère, j’associe la responsabilité, ce que mon mari voudrait rationaliser par des définitions dans lesquelles il se perd un peu.


Pour moi, c’est naturel. Je peux sourire, contester, agréer, aimer. Ma force s’exprime dans le caché et non pas dans l’exhibé.


Assurément, tout n’est pas rose avec mon mari, il ne comprend pas toujours ce que je lui dis. Alors, il m’humilie et me fait pleurer. Je ne suis pas émotive, cela n’arrive qu’avec lui car je dépends de lui. Souvent, je le lui explique et il comprend mais « chassez le naturel il revient au galop ». Changer est plus difficile que comprendre.


Je ne lui fais pas la guerre avec ses propres armes, je serais vaincue d’avance. Il peut prendre un ton si viril et si dur ! Parfois, il m’insulte, comme si cela le rendait plus viril. Moi, je prends les armes de la féminité, l’esprit, avec lui et avec mes enfants.


Je suis psychologue, assistante sociale en miniature. Le travail que j’assume est énorme, réussir mon couple et l’éducation de mes enfants ! Trois veilles par jour, y compris le Shabbat, sans prendre de congés maladie.


Parfois, je suis à bout de forces, mais je les puise à nouveau en Sara, Rivca, Rachel et Léa (épouses des Patriarches, fondatrices de notre peuple) ; j’ai tant appris d’elles, par mon mari, mes amies et par moi-même.


J’aime me regarder dans la glace et me sourire. Au début, je me maquillais mais je suis arrivée à la conclusion que je n’ai rien à cacher ni à mettre en valeur. Je ne suis ni pour ni contre cette manifestation d’esthétisme, je me plais comme je suis, je ne tiens pas à plaire aux hommes, ils ne m’intéressent pas. J’aime les beaux habits uniquement par plaisir.


Lorsque j’ai peine à parler avec mon mari, je me parle à moi-même ou à mes amies, de vive voix ou par téléphone. Avec elles, je peux toujours me sentir femme. Elles ne remplacent pas mon mari, elles le complètent.


Pour moi, l’essentiel c’est la maison, je veux me sentir aimée et aimante, mère, aussi, bonne et compréhensive. Tout cela, je ne l’ai appris à aucune école ; cependant, j’ai de « l’intelligence émotionnelle », comme on dit. Je sens que, dans la maison, j’ai un génie créateur.


Je me sens si bien avec mes amies ! La culture n’est qu’une expression de la masculinité. A plus d’un titre, elle m’est étrangère. Moi, j’ai mes soirées où l’on se réunit entre femmes pour chanter. Là, je peux m’exprimer librement. Certaines savent jouer d’un instrument de musique ; en ce qui me concerne, de la flûte à bec. Dans ces réunions, je me sens pleinement naturelle.


Je participe à des ateliers. Là, nous nous racontons tout ce que nous avons sur le cœur. Loin de moi, à Dieu ne plaise, de dire du mal de ma famille ! Uniquement de moi-même. Avec elles, c’est tellement bien ! Assurément, pour eux, je me dévoue corps et âme. Néanmoins, j’appartiens à la tribu des femmes où les différences d’âge, de situation familiale et professionnelle n’existent pas. Nous sommes heureuses d’être ensemble et rions sans fin d’un rire pur, infini et cristallin.


Les enfants que je portais en mon sein, je continue de les couver. J’aime, et voudrais être payée de retour. Je m’aime, aussi, car je pense être douée d’une intuition perspicace et de sagesse, qualités qui me donnent de l’assurance.


C’est pourquoi, au comble de la joie, je m’écris : « Béni Celui qui m’a créée femme » (« Bénédictions du Matin »).