RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LE « CHABBAT HAGADOL »
Le Chabbat qui précède « Pessah » s’appelle le « Chabbat Hagadol » (le « grand Chabbat ») à cause du grand miracle suivant.
Le dix du mois de nissan qui, cette année-là, tombait un Chabbat, chaque famille (au sens large du mot) prit un agneau et l’attacha au pied du lit. En réponse aux questions des Egyptiens, on leur expliquait que, sur ordre de Dieu, on allait le sacrifier, ce qui agaçait leurs dents (littéralement : « leur faisait perdre leur force ») parce qu’ils vénéraient cet animal et qu’ils ne pouvaient rien faire. C’est pourquoi ce grand jour est ainsi nommé (Or. H. 430).
Se fondant sur les commentateurs, le « Bèt Yossef » (ad loc.) explique ainsi le miracle : « Les dents des Egyptiens avaient perdu leur force » car, jusqu’à ce jour, ils nous dévoraient ; en revanche, ce Chabbat, par miracle, ils n’avaient plus aucun pouvoir sur nous bien qu’ils eussent appris ce que nous allions faire de leurs idoles. Il y a eu miracle parce qu’à l’époque le peuple d’Israël avait pris sur lui de faire la Volonté de Dieu au péril de sa vie, sans se soumettre à ses maîtres égyptiens.
Ceci étant – Constamment, nos ennemis visent à nous soumettre et même, à Dieu ne plaise, à nous exterminer, mais l’Eternel nous sauve de leurs dents. Les empires se suivent et nous demeurons. Actuellement, alors que nous revivons comme peuple sur notre terre, le président des Etats-Unis vise, lui aussi, les mêmes objectifs et met notre existence en péril en voulant créer un nouvel état arabe au cœur même de notre pays, mais il n’en sera rien. Pour ce faire, il joue sur le manque de spiritualité, de moralité et de foi de notre président et de notre peuple plongé jusqu’au cou dans le matérialisme, mais « L’Eternel renversera les projets des peuples, Il fera échouer les desseins des nations (Ps. III, 10) et brisera les dents de ceux qui, de l’extérieur comme de l’intérieur, cherchent à dévorer le patrimoine ancestral.
Par le crédit de ceux qui, par dizaines de milliers, restent fidèles à l’Eternel et font Sa Volonté en dépit de tout et de tous, et par le crédit d’Eretz Israël qui, comme on le sait, a plus de poids que celui des Patriarches, nous verrons se réaliser les promesses du Psalmiste : les non Juifs hostiles quitteront Sa Terre, leurs desseins pervers seront contrariés, les bonnes dispositions de Dieu à notre égard demeureront immuables, « Il élira domicile à Sion » et, à tout jamais, nous resterons le peuple élu.
Joyeuses fêtes de Pessah !
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
« CELUI QUI A FAIM »
Celui qui a faim, qu’il vienne manger. Celui qui le désire, qu’il vienne manger le sacrifice pascal (« Hagada »). Cette invite pose une difficulté : ne mangent ce sacrifice que ceux qui y sont conviés d’avance. On la résout de plusieurs manières : au préalable, on avait invité le pauvre ; l’invite a été écrite en Diaspora où les sacrifices n’ont pas cours etc. Mais la véritable difficulté concerne les pauvres que le célèbre appel n’a pas atteints. Il est facile de les inviter verbalement mais bien difficile d’aller leur donner de l’argent, même si on entend par « pauvres » ceux qui véritablement vivent en état de famine, 400 000, à notre grande honte, sans parler de ceux qui souffrent de sous-alimentation ou de ceux qui sautent des repas. D’ailleurs, les repas en question se composent surtout de féculents, pauvres en vitamines, en minéraux et en éléments de base, avec toutes les implications diététiques qui s’ensuivent.
Au moins une fois par semaine, des enfants vont se coucher le ventre creux (13,5%). Souvent, ils sont gros parce qu’ils souffrent de malnutrition, ne recevant pas les aliments plus onéreux, vitaux pour le corps. Cette « difficulté » est bien plus grande que les quatre de la « Hagada ». Aurait-on oublié l’amour du prochain ?! On a de l’argent pour le superflu mais on n’en a plus pour des petits enfants affamés ?!
« Ta vie a la priorité sur celle de ton prochain » (Traité « Baba Métsia », 62), c’est un principe halakhique bien connu ; mais, comme l’ont précisé les Décisionnaires, cela vaut pour « ta vie » mais pas pour « ton superflu » qui passe après « la vie de ton prochain » (« Tania Iguérot Kodèch », 15 ; « Aroukh Hachoulhane » X, 251 ; « Ahavat ‘Hécèd » – de l’auteur du « ‘Hafets ‘Haïm »-, fin »).
Et que dire des personnes âgées ? Nombreuses sont celles qui souffrent de sous-alimentation (20%) et qui bien souvent se demandent où affecter leurs maigres ressources (25%). Dans l’alimentation ? Le chauffage ? la santé ?
1. L’alimentation – Elle n’est pas équilibrée et ne comprend ni viande, poulet, ni produits lactés. Parfois, elles doivent renoncer à un repas par manque d’argent.
2. Le chauffage – En hiver, elles souffrent bien souvent du froid (32%), ce qui détériore davantage encore leur état de santé. Certaines n’ont pas d’eau chaude en hiver (15%) ; d’autres ne l’utilisent qu’une fois par semaine (5,5%) ou deux fois par semaine (10%).
3. La santé– Elles négligent les problèmes de santé, vue, audition (12%), dents (22%), par exemple. Et que dire aussi de celles qui renoncent au contact téléphonique avec leur famille (20%) ou aux visites (17%) ?! Etes-vous toujours aussi sûr de bien pratiquer le commandement de se lever devant une tête blanche et de respecter les personnes âgées (Lev. XIV, 32) ?
Dans tout le pays, grâce à Dieu, des organisations de bienfaisance gèrent de nombreuses « soupes populaires » pour des dizaines de milliers de personnes et distribuent des repas à celles qui ne peuvent pas se rendre sur place parce qu’elles sont infirmes ou qu’elles ont honte ; parfois même, elles préfèrent se laisser mourir de faim. Ces bonnes œuvres s’occupent aussi des enfants de parents trop pauvres pour payer le réfectoire.
Le Ministère des Affaires Sociales aide aussi les nécessiteux mais, pour l’Etat comme pour la population en général, cette préoccupation est loin d’être la première. Ceux qui sont rassasiés n’aiment pas entendre que d’autres meurent de faim, préférant faire des repas fastueux entre riches qui n’en ont que faire que de donner cet argent aux pauvres qui en ont véritablement besoin. Aurait-on aussi oublié l’exigence si souvent mentionnée dans la Bible et dans les sources traditionnelles de calquer son comportement moral sur celui de Dieu (cf. Deut. IV, 31; Ps. CXXV, 9 etc.) ? » Ou encore, de le calquer sur celui d’Abraham, notre ancêtre, qui poussait jusqu’au paroxysme l’hospitalité, qui « parlait peu et faisait beaucoup » (Traité Baba Métsia VI, 1) ; Gen. XVII, 4-5) ? » Ou sur le comportement de Moïse, notre Maître, qui, voyant les filles de Jétro dans la détresse, les a sauvées des bergers et a abreuvé leur troupeau (cf. EX. II, 17) ?
« J’aurais été si heureux d’aider les pauvres », protesteriez-vous, « mais j’ai tout juste de quoi subvenir à mes besoins ! » – Bien sûr ! Quand vous avez gaspillé tout votre argent dans le superflu ! Au contraire, on doit savoir être avare pour soi-même et généreux pour les pauvres sous peine d’être taxé de « perfide » par la Thora (Deut. XV, 9).
Si l’on agit suivant ce principe, on pourra « vivifier l’esprit des humbles, animer le cœur des affligés » (Is. LVII, 15) car « le monde repose sur la générosité » (Ps. LXXXIX, 3 ; lecture possible).
Et si, à Dieu ne plaise, vous êtes dans l’adversité, n’employez ni subterfuges ni porte-bonheur mais « la prière, le repentir et l’aumône (faite aux pauvres) (qui) abrogent les mauvais décrets » (passim).
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).
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