N° 508 Paracha « Métsora » – 7 nissan 5765) ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
QUEL EST L’HOMME QUI SOUHAITE LA VIE ?
La Thora saisit l’homme dans toutes ses modalités, sain et malade, de corps et d’esprit. La parole est à l’origine de tous les maux et dévoile sa pensée, son cœur, ses intentions, son état de perfection relatif, son être authentique. Pour la Thora, parole et Homme son indissociablement liés : Dieu façonna l’homme à Son image, à partir de la poussière du sol, et insuffla dans ses narines un souffle de vie. L’homme devint ainsi une créature vivante (Gen. II, 7). Le « Targoum » (traduction de la Bible en araméen à valeur exégétique) traduit l’expression « créature vivante » par « doué de la parole ». Dans le même esprit, Rachi explique : l’homme se distingue de l’animal par la faculté de juger et par la parole.
Les « négaïm » (plaies, maladies de peau, à l’époque du premier Temple, en étroite relation avec les interdictions relatives à la parole) indiquaient à celui qui en souffrait que, d’urgence, il devait se repentir et réparer ses travers. A notre époque, la réparation concerne l’art de savoir dominer sa parole.
A la génération précédente, l’éminent Rabbin Rabbi Israël Méïr Hacohen a consacré plusieurs livres à cette question, le « ‘Hafets ‘Haïm, en particulier » (Celui qui Souhaite la Vie »), titre inspiré du passage des Psaumes : « Quel est l’homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours pour goûter le bonheur ? – (C’est celui qui met en pratique) Préserve ta langue du mal et tes lèvres des discours perfides. Eloigne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et la poursuit » (Ps. XXXIV), 13-15) (d’après une Causerie du Rav Tzvi Yéhouda Kook, consignée dans « Ha Torah Hagoélet » II, 134.
Pessah s’approche. Ce mot, nos Sages l’ont interprété comme signifiant « pé sa’h (la bouche qui parle) car, au « Séder », on a le commandement particulier de parler de la Sortie d’Egypte, « et plus on en parle, plus c’est appréciable » (« Hagada »).
Les « Parachot » qui ont trait aux « négaïm » tombent à l’approche de Pessa’h pour « réparer » et purifier la parole et la pensée. Si on a ce mérite, on diffuse sur son entourage Thora, amour et foi ; sinon, on attire des « plaies » sur sa maison et sa nation, ce qu’on doit avoir présent à l’esprit alors qu’on parle de « séparation » et que se livre un combat pour l’empêcher.
Qu’au plus vite, « comme à l’époque de ta Sortie d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges » (Michée VII, 15).
Dans l’attente de la Délivrance proche et entière.
RAV SHLOMO AVINER
ON N’IMPOSE PAS DE DICTATES AU MAITRE DU MONDE
Question – Le Sionisme et les idéaux sont morts, on s’achemine vers un état binational, trente ans d’efforts sont tombés à l’eau, et il n’y a ni « Délivrance » ni « début de l’apparition du Messie », les rabbins s’étaient trompés !
Réponse – Vous commettez une erreur de principe, Dieu n’a pas assigné de calendrier du processus de la Délivrance.
Dans « le « Guide des Egarés » Maïmonide analyse une grande question métaphysique, celle du « juste affligé ». Il explique qu’on ne doit pas inverser les rôles et voir dans l’Eternel un serviteur qu’on réprimande lorsqu’il ne fait pas bien Son travail mais, qu’en réalité, on reçoit tout de Lui par don gratuit. On n’est pas des idolâtres pour se mettre en colère contre la Divinité et croire qu’on puisse la soumettre à sa volonté en continuant tant bien que mal à l’idolâtrer.
Vous posez comme hypothèse que, nécessairement, la Délivrance doit s’opérer miraculeusement et que, par conséquent, elle ne doit pas connaître d’échecs. Comme l’illustre le Livre d’Esther, elle peut aussi passer par la nature. L’ignorer c’est risquer de ne pas la voir. Or, qui dit nature dit crises, entendu par-là entraves à ma volonté, la vie n’en manque pas.
Comme mentionné à plusieurs occasions, le Rav Tzvi Yéhouda enseignait de ne pas composer avec la réalité présente sans pour autant la mépriser. Effectivement, après quarante ans, on n’a pas encore soumis la Judée Samarie, processus naturel objet d’efforts, à l’instar d’une maladie, naturelle, qu’il faut guérir.
Comme notre ancêtre Abraham, on doit toujours voir les êtres et les choses d’un bon œil (cf. « Maximes des Pères », Chapitre V). Le Messie est souvent associé aux douleurs de son enfantement (passim), après les douleurs vient la joie (cf. Is. LXVI, 8-9).
La Vérité est absolue, malgré ses avatars apparents. Quant à autrui, on doit le « juger en lui donnant du crédit » (« Maximes des Pères » I, 5) mais, pour ce faire, il faut avoir un regard positif, s’armer de patience et comprendre que, tôt ou tard, les bonnes prophéties se réaliseront car elles relèvent de la vérité et de la justice.
Dans les cieux, les « yéshivot » (académies religieuses) sont nombreuses. Dans celle du Messie, on ne peut étudier qu’à condition de savoir transformer « l’amer en doux, les ténèbres en lumière » (Zohar, page 4), surtout – comme à notre époque – lorsque cette dernière a le dessus. En Diaspora, la lumière était épisodique ; à notre époque, celle du Retour, c’est l’inverse, en particulier depuis la création de l’Etat.
En aucun cas, on n’a fait fausse route, mais on n’est pas encore au bout du chemin, on doit le poursuivre de tout son être et continuer à lutter pour « Goush Katif » et le nord de la Samarie, avec vaillance et amour, sans violence, sans mépris et sans haine.
« Je retourne aux Etats-Unis », dit-on un jour au Rav Kook, « car, ici, il y a trop de péchés ». – « En quoi notre Terre sainte, est-elle coupable ?! » Lui rétorqua le grand Maître. En quoi l’Etat, l’armée et notre peuple, merveilleux, le seraient-ils aussi ?
Aussi, reprenant à notre compte le leitmotiv d’un poème du Rav Moshé Tzvi Néria, nous disons :
« En dépit des obstacles,
Face aux difficultés,
En avant ! »
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).
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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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