N°704 Paracha « Béshala’h » – 17 shvat 5769 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
AVANT COMME APRES LES ELECTIONS, NOUS SERONS TOUJOURS « PEUPLE UN SUR NOTRE TERRE »
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Lorsque le Rav Kook analysait la répartition des forces politiques de la nation et des combats qui les confrontaient les unes aux autres, il les divisait en trois : les religieux, les nationaux et les libéraux. Cet ensemble, expliquait-il, n’est pas fortuit mais exprime les trois aspirations fondamentales de l’homme (cf. « Orot » 70) : le sacré, le national et l’humanisme.
Le grand Maître expliquait en substance qu’elles se complètent, que chacune est nécessaire et que, pour ainsi dire, elles s’entraident en empêchant les tendances extrémistes de voir le jour car elles se fondent dans un tout harmonieux. En revanche, si elles ne se complétaient pas, elles engendreraient un état de dissension et une absence d’idéal (cf. ibid. 71). Pour être saine, la vie a besoin de ces trois forces et, constamment, on doit aspirer à ce qu’elles oeuvrent en commun, chacune apportant au tout ce qu’elle a de positif. Le sacré, le national et l’humanisme dévoilent le caractère sublime et dynamique de l’amour inhérent à l’humanité et mettent en valeur le rôle positif joué par les deux autres (cf. ibid.).
Ceci étant – Actuellement, la campagne électorale bat son plein. Elle exprime les trois forces politiques ci-dessus mentionnées, religieuse, nationale (la droite) et libérale (la gauche). Comme dans toute famille qui se respecte, nous ne saurions oublier qu’après la campagne électorale et ses orages nous devrons ensemble conduire l’Etat sur la voie difficile et semée d’embûches pour l’acheminer vers sa destination annoncée par les prophètes, « Etre un sur sa terre » (Sam II VII, 23) et apporter lumière et bien-être à l’humanité. Cela ne s’accomplira que si nous sommes unis, que chaque groupe reste fidèle à sa conception du monde et que, parallèlement, il respecte et apprécie la contribution des autres. De la sorte, ensemble, nous progresserons avec assurance vers la Délivrance pleine et entière que nous souhaitons prochaine.
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
Directeur de la « Yéshivat Atéret Yéroushalaïm »
LA PROBLEMATIQUE DU GENERAL ET DU PARTICULIER
DANS LA LEGISLATION RABBINIQUE
Question – Certaines prescriptions de nos Sages semblent désuètes, celle des « Maïm Haa’haronim » (ablution des mains à la fin du repas), par exemple, lorsqu’on utilisait du sel en provenance de Sodome qui risquait de rendre aveugle, mais ce sel ne se trouve plus. Dès lors, pourquoi continuer cette pratique ?
Réponse- Effectivement, certaines prescriptions de nos Sages dépendent des raisons qui les ont motivées. Les Tocephtistes rapportent qu’ils n’avaient pas cette pratique parce qu’ils n’utilisaient pas le sel en question, opinion reprise, entre autres, par l’auteur du « Shoul’hane ‘Aroukh ». Mais, en général, « Les lois décrétées par vote ne peuvent être abrogées que par vote » même si la raison qui les avait justifiées avait disparu, à moins qu’en décrétant telle loi, les Sages l’aient explicitement assujettie à une raison particulière contingente. En ce sens, l’auteur du « Péri ‘Hadash » expliquait lui aussi que là où il se trouvait on n’avait pas l’usage des « Maïm a’haronim » pour la même raison évidente, et que cette pratique ne valait que là où il risquait d’y avoir du sel en provenance de Sodome. Pourtant, de nombreux « Derniers Décisionnaires » estiment qu’actuellement encore on doit suivre cette pratique pour une autre raison, celle des « Mains souillées », car en tant que « Peuple saint » on ne peut dire une bénédiction qu’en ayant les mains pures. Cela vaut non seulement avant de faire le « Birkat Hamazon » (Actions de Grâces dites à la fin du repas) mais aussi avant de faire celle sur un fruit consommé à ce moment.
Lorsqu’on utilise des couverts, objectera-t-on aussi, on ne touche pas les aliments avec les mains ; en conséquence, on ne devrait pas, semble-t-il, être astreint aux « Maïm Haa’haronim !? » – En réalité, les « Derniers Décisionnaires » prescrivent de continuer cette pratique à cause d’une raison rapportée par le « Zohar » qui émane de la Cabala. Lorsque nos Sages prescrivent une loi ou un décret, ils n’en donnent pas toujours toutes les raisons. Quant à ceux qui refusent de se comporter suivant la Cabala sous prétexte qu’ils ne se considèrent pas obligés de facto à son égard, à cela on rétorquera que « Les Sages décrètent globalement », entendu par-là qu’ils déterminent des lois générales, simples, sans entrer dans les détails pour ne pas créer des situations où chaque cas particulier serait en soi un problème. Certes, certains d’entre eux peuvent échapper à la loi générale mais ils sont infimes. Relativement aux « Maïm Haa’haronim », pour revenir à notre présent propos, à la fin de chaque repas on devrait débattre des composantes du sel utilisé et évaluer le degré de souillure des mains sur la base de critères préétablis, ce qui rendrait la fin des repas passablement fastidieuse !
Maïmonide explique que cette approche « globale » vaut également pour les lois émanant de la Thora proprement dite, qu’en règle générale, elles ne sont pas soumises à l’idée de « pourcentage », ni aux cas particuliers, ni à telle époque ni à tel lieu, contrairement à la médecine, par exemple, car pour ce qui est de la Thora aussi, la loi est de caractère global (Nom. IX, 14 ; traduction dictée par le contexte). Constatons en passant que cette approche vaut aussi pour les phénomènes naturels en général. Ainsi, la pluie est un immense bienfait mais elle devient nuisible lorsqu’elle est exagérée. Globalement, comme telle, on la qualifie de bonne même si, dans des cas particuliers, elle peut être préjudiciable.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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