N° 656 – Paracha « Ki Tissa » – 17 adar a 5768 –ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LES TROIS DEMANDES DE MOISE
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Moïse a adressé à Dieu trois demandes qu’Il a exaucées : que l’Immanence divine habite notre peuple, comme il est dit : ‘Mais si Tu nous accompagnes » (Ex. XXXIII, 16 ; ce qui fut fait) ; qu’Elle ne réside pas sur les Nations : « [Mais si Tu nous accompagnes,] nous serons, moi et Ton peuple, distingués de tous les peuples qui sont sur la surface de la terre » (ibid.) ; qu’Il nous enseigne Ses voies : « Permets-moi de connaître Tes voies » (ibid. ibid. 13 ; Traité « Bérakhot » 7 ; cf. également Rashi).
A première vue, la demande de ne pas faire résider l’Immanence divine sur les nations semble mesquine ; en réalité, elle leur était favorable car pour ce faire, il fallait préalablement leur donner le temps de comprendre qu’elles sont également astreintes à un certain nombre de commandements, ce que, par la pratique de la Thora, nous leur enseignons peu à peu (cf. Rav Abraham Isaac Kook, « ‘Aïn haiya »), fidèles à notre vocation universaliste : « Ce peuple, Je l’ai formé pour Moi pour qu’il publie Ma gloire (Is XLIII, 21).
Israël est au centre du monde -ce qu’on apprend de l’Etude-. Par l' »Immanence » (le plus bas dévoilement de Dieu), il aura une influence doublement bénéfique : pacifier l’humanité en l’unissant dans un tout, lui faire profiter de la bénédiction divine (Rav Kook, ibid. sur Traité « Bérakhot 7 a).
Ceci étant – L’Immanence se dévoile par stades successifs. Lorsque nous étions dans les ténèbres de l’exil, Elle l’était, pour ainsi dire, aussi, au point que nous blasphémions le Nom de Dieu, comme le déplorait le prophète : « Arrivés chez les nations où ils sont venus, ils ont déconsidéré Mon saint Nom parce qu’on disait d’eux : « Ces gens sont le peuple de l’Eternel, et c’est de Son pays qu’ils sont sortis » (Ez. XXXVI, 20). Puis, lorsque nous reprenons pied sur notre terre et triomphons de nos ennemis, nous Le sanctifions aux yeux du monde : « Ainsi Je me montrerai grand et saint, Je me manifesterai aux yeux de nations nombreuses et elles reconnaîtront que Je suis l’Eternel » (ibid. XXXVIII, 23).
De plus en plus, la centralité de notre peuple en tant qu’habité par l’Immanence deviendra tangible pour tous. Ce faisant, la célèbre promesse annoncée par Dieu à Abraham de faire de nous un grand peuple, source de bénédiction pour tous les hommes (Gen. XII) se réalisera.
Le « Retour » ne se fait pas sans peines, mais nous voyons l’apparition de l’aube. Le jour est proche où on comprendra pourquoi la demande de Moïse, sujette à contestations, visait au bien de l’humanité qui ira en pèlerinage sur le Mont du Temple, aspirera à apprendre la Thora et reconnaîtra qu’elle émane de Jérusalem, comme l’annonçait la célèbre prophétie d’Ezéchiel (II).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
« COMMENT SURMONTER LA MALADIE DITE
DES « TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS » ?
Question –Je crois devenir fou ! Constamment, je me demande si j’ai appliqué tel commandement comme il convient, le refaisant plusieurs fois, comme obsédé par lui. Miné par les doutes, je ne peux pas passer mon temps à interroger les rabbins, que faire ?
Réponse – Vous souffrez de ce que les psychologues appellent « troubles obsessionnels compulsifs », maladie qui touche de 1 à 2% de la population ; en général, elle se déclare vers l’âge de sept ans.
Elle prend des formes religieuses ou profanes : être obsédé par la propreté, se laver les mains plusieurs fois de suite, reprendre un travail avec un perfectionnisme exagéré, vérifier plusieurs fois qu’on a bien éteint le gaz ou bien fermé la porte, veiller à tout ce que tout soit rangé symétriquement dans un ordre impeccable, penser constamment avoir causé sans le savoir une catastrophe, avoir écrasé quelqu’un en conduisant, par exemple, avoir mal agi relativement à un sujet clos depuis longtemps, n’avoir pas convenablement concentré sa pensée sur la prière, n’avoir pas ajusté correctement les « téfilin », avoir eu de mauvaises pensées là où cela est interdit, etc.
Ces « troubles obsessionnels compulsifs » peuvent toucher des personnes qui, par ailleurs, sont tout à fait normales. Dans ce cas, le phénomène n’est pas considéré comme une « maladie » mais comme une « manie » qui peut engendrer un état d’agacement ou de détresse extrême et prendre –comme ci-dessus mentionné- des expressions diversifiées, comme si on était obligé de refaire tel acte ou de reconsidérer tel problème pour ne pas tomber dans une profonde angoisse.
Lorsqu’on est légèrement atteint, on peut se guérir par un travail d’introspection. Mais lorsqu’on est –à proprement parlé- « malade », on doit s’adresser à une autorité rabbinique compétente qui, avec le temps, finira par dissiper les « doutes ». Si on en souffre de manière plus aigüe, on doit voir un psychologue religieux qui comprend de quoi il s’agit, et un rabbin, aussi, pour connaître clairement la loi rabbinique établie, sans entrer dans des discussions et des controverses qui compliqueraient davantage encore le problème. De ce genre de situations il est dit : « Fais-toi un Maître et débarrasse-toi du doute » (Maximes des Pères I, 17), acte d’adhésion existentiel qui doit s’accomplir dans l’innocence, sans interrogations ni esprit critique. Malgré tout, voici quelques orientations générales susceptibles d’être bénéfiques.
En ce qui concerne la lecture du « Shéma », on doit effectivement avoir à l’esprit de mettre en pratique un commandement. En fait, il ne s’agit pas d’un véritable problème car le texte de la prière est considéré comme « concentration de la pensée », même si on n’a pas accompli cet effort intellectuel sur chaque point de détails (Ch. ‘A. Or. ‘H. ad loc. ; M. B. ad loc.). Lire le premier verset du « Shéma » « en concentrant sur lui sa pensée » signifie assumer le Joug du Royaume Céleste en y consentant de tout son être (Ch. ‘A. Or. ‘H. 63 ; M. B. §13).
En ce qui concerne la bonne diction et la concentration d’esprit à avoir en disant le « Shéma », on ne doit pas, là non plus, exagérer puisque, comme le stipule la loi rabbinique : « On n’a pas à réveiller celui qui lit le « Shéma » en somnolant sauf pour le premier verset » (Ch. ‘A. Or. ‘H. 63). Si on peut le lire « en somnolant », c’est bien la preuve qu’on ne doit pas être pointilleux à l’extrême.
Un peu dans le même esprit, le « Rashba » a statué que même si on ne récite pas convenablement le « Zimoune » (l’invitation à dire les actions de grâces d’avant le repas) et que, par erreur, on dise un mot pour un autre, on est cependant récompensé pour la volonté de prier, d’autant plus qu’en Diaspora on ne comprend les mots que partiellement (cf. « Rashba », Responsa I, 426).
En aucun cas, on ne saurait mépriser la prière ; néanmoins, pour corriger un défaut, on doit agir dans le sens diamétralement opposé et, peu à peu, retrouver le juste milieu. Dans le cas présent, on doit corriger le comportement obsessionnel en apprenant à se détendre.
Ni les justes ni les officiants ne s’étendent indéfiniment sur la prière. Apprenez d’eux l’art de passer outre, comme l’officier qui continue à donner l’assau=t même si, entre-temps, il perd des soldats. Mentionnons en passant qu’à notre époque on est dispensé de reprendre tel passage qui, strictement parlant, exige la concentration de la pensée (Ch. ‘A. Or. ‘H. 101).
Quant aux femmes qui vont s’immerger dans le bain rituel, qu’elles ne se cristallisent pas sur ce qui « fait ‘hatsitsa » (« séparation ») car, en général, elles suivent scrupuleusement les lois de l’hygiène et ne sont pas en contact avec des substances qui posent un problème en matière de loi rabbinique). En principe, concernant la toilette intime avant le bain rituel, qu’elles s’inspirent du comportement et de l’attitude d’esprit des femmes qui craignent l’Eternel.
Relativement au comportement à avoir lorsqu’on va aux toilettes ou qu’on en sorte, cf. le « ora’h ‘Haïm » de l’Admor » de Mounktash. Là non plus, les règles d’hygiène= ne doivent pas être « maladives ».
Le zèle et l’extrême minutie dans la pratique religieuse ne sont pas pour vous. Ayez constamment à l’esprit ce qu’enseignait Na’hmanide : « Il n’est pas bon d’être trop méticuleux ni de rechercher les cas de doutes… on n’en finirait plus… Qu’on ne se fourvoie pas dans le doute ni dans la rigueur excessives qui ne connaissent pas de limites » (Na’hmanide, « Hilkhot Nida » fin).
Si, malgré tous nos conseils, ceux des rabbins et des psychologues, vous ne parvenez pas à sortir de l’impasse, vous êtes alors considéré comme « contraint (par les contingences) » et vous êtes dispensé de la prière, comme l’enseignent les plus éminents rabbins de notre génération, le « ‘Hazon Ish », par exemple (cf. la revue « Yira Téhora », Ed. « Hama’amad Lé’idoud Limoud Hathora » page 19).
Renforçons-nous sans cesse davantage dans l’exercice du Culte divin, chacun suivant son expérience personnelle.
(Pour ce qui est des connaissances d’ordre rabbinique, nous nous sommes inspirés de la revue précédemment mentionnée ; pour ce qui est des informations d’ordre psychologique, nous avons consulté le docteur Abraham Ben-Yo’hanan).
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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