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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha « Hazinou »

N° 534 Paracha « Hazinou » – 12 tichri 5766 ב »ה –

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

« SOUVIENS-TOI DES JOURS D’AUTREFOIS,
EXAMINE LES ANNEES DE CHAQUE GENERATION »


« Souviens-toi des jours d’autrefois. Examine les années de chaque génération. Interroge ton père et il te le dira, et ton grand-père, il te l’expliquera » (Deut. XXXII, 7).

Notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, disait souvent à ses disciples qu’à notre génération on doit apprendre la nature de notre être et de notre peuple, sa spécificité, sa nature intrinsèque et sa destination. Pour ce faire, on doit étudier son histoire, comme il est dit : « souviens-toi des jours d’autrefois. Examine les années de chaque génération ». Si on ne peut le faire seul, « Interroge ton père et il te le dira, et ton grand-père, il te l’expliquera ». « Ton père », (entendu par-là) les prophètes ; « ton grand-père », les Sages » (Rachi sur op. cit.). L’histoire de l’humanité n’est pas seulement chronologique, elle a un début et une finalité, en relation directe avec l’essence, la centralité et le caractère d’éternité de notre peuple, comme il est dit : « Quand le Très-Haut donna leur héritage aux nations et partagea les fils de l’homme, Il fixa les frontières des peuples suivant le nombre des descendants d’Israël » (ibid. ibid. 8 ; les 70 Fondateurs de la nation descendus en Egypte, les 70 identités humaines fondamentales ». Bien entendu, l’adéquation en question est l’œuvre du « Très-Haut », et notre peuple est la raison d’être du monde (réalité d’ordre cognitif et non pas dogmatique). En conséquence, notre peuple a –entre autres- la vocation d’enseigner le « Message biblique » à l’humanité, la Foi et la Connaissance, pour qu’elle participe aussi au Divin : « Car Son propre peuple demeure la part du Dieu de Jacob, le lot de Son héritage » (Deut. XXXII, 9).

Pour éviter l’erreur de la mégalomanie, l’Eternel précise : « Vous êtes la moindre de toutes les nations » (ibid. VII, 7). Il s’agit là d’une réalité d’ordre quantitatif mais pas qualitatif. A preuve, l’influence considérable de notre peuple sur l’humanité dans le domaine de l’Esprit, dévoiler Dieu dans le monde, en particulier, avec tout ce que cela implique au niveau moral et existentiel car, –répétons-le- « Il nous a choisis d’entre tous les peuples et nous a donné Sa Thora », (« Bénédiction sur la Thora »), la plus achevée de toutes les bénédictions. Notre peuple est donc une création toute particulière, comme il est dit : « Ce peuple, je l’ai formé pour Moi, pour qu’il publie Ma gloire » Is. XLIII, 21 ; d’après une causerie du Rav Tzvi Yéhouda devant des soldats, en 5638 -1977-).

Ceci étant : Avec l’expulsion de Juifs de leur pays par leurs frères, nous avons été passablement secoués ; cela doit susciter en nous une « téchouva » nationale. Actuellement, notre point faible n’est ni l’armée ni l’économie mais bien l’Esprit. Assurément, nous avons créé notre Etat pour mettre un terme à notre situation précaire en Diaspora ; mais cela n’implique nullement qu’il faille y voir uniquement le moyen d’assurer l’aisance matérielle ou d’être « un peuple comme les autres ». Sa justification est la conséquence directe de son essence singulière, peuple choisi par Dieu et ayant reçu la Thora. C’est pourquoi –répétons-le- nous sommes responsables de l’existence du monde, ce qui vaut tout particulièrement à notre génération celle de la Renaissance nationale, d’où la nécessité de réapprendre qui nous sommes.

De la sorte, nous assisterons à la Délivrance de notre peuple et à la réalisation des promesses divines faites à Abraham concernant l’envergure de notre peuple et son pouvoir intrinsèque de diffuser la bénédiction à l’humanité (cf. Gen. XII).

Heureuse fête de « Soukot » !

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.




RAV SHLOMO AVINER

UN ERUDIT EN THORA, C’EST CAUSTIQUE

Question : Dans le n° 532, vous écrivez, M. le Rabbin, qu’il fallait avoir un sentiment de crainte à l’égard des érudits en Thora. Mais souvent, on ne comprend pas comment ils peuvent employer un langage pour le moins acerbe lorsqu’ils parlent d’autres érudits ! Quel exemple donnent-ils ?! Notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda disait que nous souffrons encore de la querelle dirigée contre l’éminent Rabbin Yéhonathan Ivshitz. Débordant le cadre de la controverse rabbinique, elle s’était transformée en insulte personnelle. Mais ne s’agissait-il pas d’une « controverse au Nom de l’Eternel » (pour la recherche de la Vérité) ?! – « Pire encore », rétorqua le grand Maître, « puisqu’elle « est destinée à exister en permanence » (« Maximes des Pères, V, 16 ; cf. op. Pour comprendre la problématique du dialogue). Cette controverse –qui a fait du tort à l’autorité rabbinique- incita nombre de personnes à se tourner vers la « Hascala » (« l’Emancipation », rejet du Judaïsme pour l’adhésion à la culture ambiante) essentiellement athée, c’est du moins ce que je ressens à présent.

Réponse : Employer un style caustique n’implique pas forcément humilier son interlocuteur ou se quereller avec lui, l’important est qu’il y ait des sentiments d’estime mutuelle lorsqu’ils confrontent leurs idées. Généralement, d’ailleurs, ils ne manquent pas de témoigner l’estime mutuelle qu’ils se portent.

Comme on sait, les adeptes de l’Ecole de Hillel et de Shamaï avaient d’incessantes controverses (d’où le verbe « se chamailler ») ; pourtant, ils se mariaient d’une Ecole à l’autre (cf. Traité « Yévamot » 13 b), « pour nous enseigner qu’ils se comportaient les uns avec les autres avec affection et amitié, mettant en pratique la prescription du verset : « Mais chérissez la vérité et la paix » (Zac. VIII, 19, cité par ibid. 14 b). En réalité, les Sages utilisent un discours parfois caustique parce qu’ils ne parlent pas de futilités mais de sujets ayant trait à la Thora, et donc, de la plus haute importance. C’est pourquoi, explique le Talmud, même un père et son fils, un maître et son disciple, devenus « ennemis », par le feu de la discussion, ne peuvent se quitter qu’après s’être réconciliés (cf. « Traité « Kidoushïn » 30 b).

On pourrait citer de nombreux exemples où les Sages semblent littéralement s’insulter. En réalité, par la véhémence de leur style, ils expriment non seulement l’importance qu’ils accordent aux sujets débattus mais aussi la profonde considération qu’ils accordent aux objections de leurs interlocuteurs.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)