N° 646 « Paracha « Vaïgash » – 6 tévet 5768 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LE SIEGE DE JERUSALEM, UNE CONSTANTE DE NOTRE HISTOIRE
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Au mois de tévet, trois catastrophes se sont abattues sur Israël. Le huit, on a traduit la Thora en grec sur ordre de Ptolémée IV avec, pour conséquence, l’apparition d’une forme d’obscurantisme grave dans l’Etude car, par cet acte, on avait retiré à la Thora toute sa profondeur. Le neuf, mort d’Ezra le Scribe et de Né’hémia qui ont ramené une partie de notre peuple en Eretz-Israël avec également pour conséquence le retour à l’ignorance parce qu’ils étaient les détenteurs quasi exclusifs de la Thora. Le dix, Nabuchodonosor entreprit le siège de Jérusalem, qui devait durer trois ans et demi, se terminant par la première brèche faite aux remparts de Jérusalem, le dix-sept tamouz.
Seules des personnalités d’exception jeûnent en souvenir des deux premières catastrophes ; en revanche, le peuple tout entier jeûne pour se rappeler le siège de Jérusalem (d’après Rav Eliahou Ki-Tov, « Séfer Hatoda’a »). A notre génération –celle d’après l’Holocauste où ont péri et disparu six millions de Juifs-, il est d’usage de dire le « Kaddishe » (« Prière des Morts ») pour rappeler leur souvenir.
Ceci étant – Entre autres raisons, le jeûne a celle d’ouvrir le cœur au repentir car lorsqu’on se souvient de ces catastrophes on est enclin à vouloir améliorer sa conduite pour éviter que les mêmes causes n’entraînent les mêmes effets (cf. M. B. sur Sh. ‘A. Or. ‘H. 549).
A notre génération, nous devons « réparer » les trois manques ci-dessus mentionnés.
a) Par l’étude de la Thora- Etudier « scientifiquement » la Thora, sans foi ni crainte de l’Eternel n’engendre pas la lumière intérieure. Or la Thora relève de la lumière, « Car le commandement est (assimilé à) une bougie ; la Thora, à la lumière » (Prov. VI, 23). Nous devons reprendre pied avec ces valeurs, apprendre et enseigner la Thora à la manière de nos ancêtres. Ce faisant, elle suscitera lumière et joie non seulement pour ceux qui l’étudient mais encore pour le monde tout entier.
b) Par des chefs spirituels dignes de ce nom – A la mort d’Ezra et de Né’hémia, chefs spirituels d’Israël, le peuple était semblable à un troupeau sans berger. Actuellement, nous avons grandement besoin de dirigeants de l’envergure de ces grands Maîtres, capables de vivifier l’esprit de la nation, faire son unité, l’animer d’une foi profonde et l’inciter à « faire téshouva » (retourner vers Dieu et vers son identité). En conséquence, Israël, dans sa totalité, aura conscience de sont identité nationale, de sa spécificité et de sa mission, comme Nation et individu.
c) Avec détermination, face à nos ennemis – A l’instar de Nabuchodonosor, les peuples cherchent à percer le cœur de notre nation –qui est celui du monde entier- pour éteindre la lumière universelle qui en jaillit. Nous devons repousser leurs attaques et leurs pressions en intensifiant davantage la reconstruction de Jérusalem, en augmentant le nombre de ses habitants, en déclamant les paroles du psalmiste : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie », (Ps. CLVII, 5) et en se dressant comme un seul homme face à nos ennemis qui veulent l’assiéger. Par-là, nous puiserons force et unité et ferons de ces jours des jours de joie et d’allégresses, vérité et paix vivront en harmonie (inspiré de Ps. XXCV, 11).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
Directeur de la « Yéshiva » « Atéret Yéroushalaïm »
FAIRE GREVE EST UNE « MITSVA »
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
L’idéal est de résoudre les conflits du travail par le dialogue et l’arbitrage des institutions judiciaires ad hoc, ne considérant le droit de grève que comme dernier recours. Mais si l’une des deux parties refuse la négociation, l’arme de la grève est alors légitime pour essayer de sortir de l’impasse.
Après réflexion, les élèves sont les premiers concernés par la grève. Si les professeurs continuent à être mal rétribués, ils démissionneront ; ceux qui pensaient entrer dans l’enseignement renonceront à leur projet de sorte que, par manque d’enseignants, les classes seront encore plus surchargées, et ceux qui voudront garder leur poste travailleront davantage pour gagner honorablement leur vie, ne donnant pas aux élèves l’attention nécessaire. A long terme, ces derniers tireront avantage de cette grève. Quant aux personnalités publiques responsables, elles y perdront un peu mais auront tout à gagner si la grève réussit.
Ces présentes considérations valent pour les disciplines profanes et « sacrées ». Un professeur ne peut pas arguer qu’il ne fait pas grève sous prétexte qu’il peut s’en dispenser sans la briser ; dès qu’il y a obligation, elle vaut pour tous. Si sa position était unanimement adoptée, elle abolirait la notion de grève. En ce sens il est dit : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse » (d’après Shabbat 31 a) ; ou, pour citer de tête une proposition de Kant : le moral est universel. En d’autres termes, en cas de doute sur une question morale, on doit se demander ce qu’il adviendrait si tout le monde faisait pareil, la prise de position devant avoir une portée universelle. Relativement à notre propos, les professeurs, sans exception, doivent faire grève, quelle que soit leur discipline.
Pour les écoliers, l’oisiveté peut avoir des conséquences incalculables. Actuellement disponible du fait de la grève, l’enseignant doit se voir moralement obligé de consacrer une partie de son temps à ses élèves, dans un cadre et un lieu informels.
D’aucuns affirmeront que, dans le cas présent, « On délaisse la Thora ». Ne dispense-t-on pas les petits enfants des « talmudé Thora » (écoles primaires centrées sur l’étude de la Thora) de l’Etude, même pour construire le Temple ?! – Poussés par des considérations pédagogiques, nous pourrions confier aux élèves des missions éducatives, activités de jeunesse, engagement en faveur du combat pour Eretz-Israël etc. ; car, là aussi, « Ne pas étudier la Thora c’est permettre sa survie » (Talmud et autres sources, passim).
L’état d’indigence où se trouvent les professeurs et les conditions d’enseignement nuisent grandement à l’Etude, « Et il n’y a pas plus grand délaissement de la Thora que cela » (passim). C’est pourquoi de nombreux Décisionnaires permettent à ceux qui enseignent les matières saintes de faire grève sous certaines conditions, s’il n’y a pas d’autres issues, les éminents Rabbins Moshé Fenstein, Zalmann Auerbach, ‘Haïm David Halévi, le Grand Rabbin Ovadia Yossef, pour ne citer que quelques Maîtres célèbres.
Certains professeurs estimeront peut-être que, jouissant de bonnes conditions de travail, ils n’ont pas de revendications. Ces privilégiés sont, eux aussi, soumis au principe ci-dessus mentionné, se saisir à l’intérieur de la collectivité et considérer l’action morale comme ayant une portée universelle.
En Israël, l’enseignement est menacé. Personne ne peut dire : « Après moi, le déluge ». Comme un seul homme, mobilisons-nous pour le bien de la Nation, impératif moral et don de soi authentiques. En cette période de grève, essayons de mettre tout en œuvre pour le mieux-être de nos élèves.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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