N° 641 « Paracha « Toldot » – 29 Mar’heshvan 5768 – ב »ה
RAV SHLOMO AVINER
Directeur de la « Yéshiva » « Atéret Yéroushalaïm »
UN TROUPEAU SANS BERGER
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Question – J’ai l’impression qu’on est un troupeau sans berger. On n’a pas de dirigeants politiques ou spirituels véritables. C’est pourquoi on s’agite en tout sens mais on fait du sur-place, et toujours pas de berger à l’horizon. Qu’adviendra-t-il de nous? Comment sortir de cette impasse ?
Réponse – Oui, si on était un « troupeau » comme les autres ! Mais de qui parle-t-on ? D’un « troupeau » tout à fait extraordinaire qui a édifié notre Etat, pas moins extraordinaire. Certes, ceux qui ont œuvré pour le faire sont des personnalités tout à fait remarquables, mais, avant tout, c’est le troupeau qui a amorcé le processus du retour, la Guerre d’Indépendance, et toutes les autres guerres, la renaissance de la Thora en Eretz-Israël etc.
A propos du verset : « Une étoile s’élancera de Jacob et un bâton (« shévet », bâton, tribu) s’élèvera en Israël » (Nom. XXIV, 17, l’auteur du « Or Ha ‘Haïm » explique : par « shévet », on entend un groupe de personnes qui opère un tournant ou une révolution dans le peuple, ou encore une personnalité hors du commun, « Une étoile (descendant) de Jacob », qui donne au peuple sa dynamique. C’est le « shévet d’Israël », Israël comme collectivité, qui accomplit cette tâche.
Rashi emprunte une parabole de nos Sages pour illustrer le sens du mot « shévet ». Sous l’emprise de la colère, un roi détruisit une bergerie, chassa le troupeau et exila le berger. S’étant apaisé, il reconstruisit la bâtisse et y entra de nouveau le troupeau (Israël) qui s’étonne de ne pas voir le berger (le Messie). Et le Roi (l’Eternel) de lui expliquer que, de toute évidence, Il s’en souvient (Rashi sur Ps. LXX, 1).
L’enseignement contenu dans cette parabole repose sur le « discours » chronologique des versets tirés des Psaumes. Plus-haut, il est dit : « Car Dieu viendra au secours de Sion, Il rebâtira les villes de Judée, on s’y établira, on en prendra possession (Ps. LIX, 36), simples Juifs, pas forcément religieux, qui se chargeront d’acquérir à nouveau notre terre. Puis, « C’est la postérité de Ses serviteurs qui les aura en héritage, ceux qui aiment Son Nom y fixeront leurs demeures » (ibid. ibid. 37), entendu par-là, les Juifs inspirés par la crainte de l’Eternel. Enfin, « Au chef des chantres de David pour la commémoration » (ibid. CXX, 1), l’Arrivée du Messie.
Le peuple a tout fait par lui-même ; quant à ses dirigeants, ils sont son émanation tout comme, d’ailleurs, le « Rabbi » de chacun d’entre nous. Par « peuple », nous entendons l’Ame de la Nation. Expliquons.
Nous avons tous une « âme » « néshama » ; la « néshama » a la sienne, et, au niveau ontologique, la « néshama » en tant que racine, l’Ame de la Nation en tant que collectif.
Assurément, on ne sera jamais assez reconnaissant envers ceux qui ont accompli de grandes choses, « étoiles » envoyées de Dieu. La tâche, comme telle, devait se faire, par eux ou par d’autres, le peuple étant l’instrument. Les grandes personnalités en question vivaient « au diapason » du peuple », mettant en pratique « Suis (telle d’entre elles) donc les traces des brebis (notre peuple ; entendu par-là, sois l’expression de sa dynamique transcendante) (Cant. I, 8).
C’est pourquoi j’ai pour mon peuple un sentiment d’amour, d’admiration, de crainte et de tremblement, inspiré par sa sainteté. Par « peuple », j’entends son Ame, l’Immanence qu’il incarne à chaque génération (cf. Sentier de Rectitude » Chapitre XVIII fin).
Gardons-nous de nous comporter comme les frères de Yossef qui ont « Abandonné cet endroit » (Gen. XXXVII, 17 et contexte). Et Rashi d’expliquer : « Ils ont abandonné la fraternité ». Ne l’oublions pas, tout a pour origine l’élection par Dieu de notre peuple, avec tout son contenu métaphysique.
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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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