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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha « Nitsavim »

N° 532 Paracha « Nitsavim » – 27 éloul 5765 ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

PAR GENEROSITE, IL ECOUTE LES SONNERIES DE SON PEUPLE, ISRAEL


Comme son nom l’indique, « Rosh Hachana » est la « tête » (rosh) de l’année. De même qu’on possède un cerveau qui commande et vivifie l’ensemble du corps, explique le Rav Shnéor Zalmann, ainsi l’année a le sien, « Rosh Hachana ». L’exigence de purifier et de « réparer » son esprit et son cœur vaut aussi pour ces deux grands jours, afin de vivre une année pure et « réparée » ». C’est pourquoi, durant ces deux jours, on doit veiller plus que jamais à se purifier par la « téchouva » (retour vers Dieu et vers soi) et avoir des pensées, des paroles et des actions bonnes pour déterminer favorablement l’année à venir. Le commandement « d’écouter les sonneries du « chofar » (corne, généralement de bélier) concrétise au plus haut point cette exigence.

Le « chofar » porte bien son nom car il renvoie à l’idée « d’amélioration » (racine shin-pé-resh), aspiration qui doit nous animer plus encore en ces jours où tous les êtres humains comparaissent devant la Justice divine. Expliquons le contenu de signification du chofar.

De par son nom (cf. ci-dessus), il nous enseigne l’attitude à avoir durant cette fête où la Modalité qui domine est celle de la Rigueur (rappelons-le, jour du Jugement). Les sonneries qu’il émet se divisent en trois catégories qui évoquent les trois Modalités fondamentales qui régissent l’univers : la Générosité, la Rigueur et la Miséricorde (qui incarnent les deux Modalités opposées réconciliées en elle).

La première sonnerie, la « tékia » évoque la Générosité, sonnerie simple comme la simplicité de cette qualité.

Au milieu, la « téroua », sonnerie brisée plaintive, allusion à la Rigueur (existentiellement vécue comme souffrance, expression de la difficulté d’être.

Enfin, à nouveau, la « tékia » sonnerie simple, allusion aux Modalités de la Miséricorde et de la Générosité.

Lorsqu’on entend ces sonneries (avec toute leur symbolique), on comprend leur dialectique, l’expression de la Générosité dans la Rigueur, de la lumière dans les Ténèbres, de la douceur, latente, dans l’amertume, compréhension de ce que, réellement, « l’Eternel est Bon pour tous, Sa pitié s’étend sur toutes Ses créatures » (Ps. CXLIV, 9). Lorsqu’on prête attention à ces sonneries, douces et sublimes, on se sent pris d’un sentiment de foi envers l’Eternel, Protecteur et intrinsèquement Un, « Dieu d’Israël dont la Royauté domine toute chose » (Prière de « Rosh Hachana », inspiré de Ps. CIII, 19). Par ces réflexions, à « Rosh Hachana », on purifie son esprit et son cœur, émanation qui resplendira sur toute la nouvelle année.

Ceci étant : nous avons passé une année douloureuse, habitants de Goush Katift, du nord de la Samarie et « amants » d’Eretz Israël, en particulier, souffrances que les sonneries brisées et plaintives du chofar expriment si bien ! Aussi, lors de la fête, devrons-nous leur accorder toute notre attention, nous en imprégner, puiser en elles le réconfort et reconnaître que « par Miséricorde, Il écoute les sonneries de Son peuple, Israël » (Prière de « Rosh Hachana » fin).

Bonne et heureuse année !

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.



RAV SHLOMO AVINER

DE L’OBLIGATION DE CRAINDRE ET DE RESPECTER LES ERUDITS EN THORA

Constamment, notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, enseignait l’obligation de craindre et de respecter les érudits en Thora, de quelle que tendance que ce soit.

Un jour, un de ses disciple parla avec mépris des Rabbins ultra orthodoxes, responsables, prétendait-il, de l’Holocauste. Le grand Maître le réprimanda sévèrement. D’abord, lui dit-il, vous devez apprendre l’honneur dû aux érudits ! Et consacra plusieurs heures au sujet auquel il attachait une importance considérable car ils sont les maillons de la retransmission du Savoir révélé par Dieu à Moïse au Mont Sinaï (cf. « Maximes des Pères » I, 1). Sans eux, il n’y a pas de Thora puisqu’elle ne se comprend que par son exégèse, d’essence divine. Dès lors, signalait le grand Maître, on comprend leur importance ; essentiellement, ils « diffusent la paix dans le monde » (passim). En général, les Sages tenaient à exprimer les marques extérieures du respect qu’ils avaient les uns pour les autres (à titre d’exemple, la correspondance entre Rabbénou Tam et Rabbi Abraham Iben Ezra ; pourtant, ils vivaient dans des milieux culturels totalement différents). Inversement, « celui qui méprise un érudit (en Thora) a le statut d’athée » (Traité « Sanhédrin » 99, 2). Dans cette esprit, le Talmud de Jérusalem fait remarquer que porter préjudice à l’un d’entre eux c’est ébranler tout l’édifice (Sanhédrin 10 1).

D’aucuns argueraient qu’on ne saurait comparer les sommités de notre temps avec celles des générations passées. Prévenant l’objection, nos Sages ont enseigné qu’on devait considérer le chef spirituel de chaque génération comme Moïse à la sienne. Il est dit : « Tu t’approcheras des prêtres Lévites et [des autres membres de] la cour suprême qui siégera à cette époque) (Deut. XVII, 9). Serait-il pensable de se rendre auprès d’un juge qui ne siégerait pas à son époque ?! De la redondance de style, on apprend qu’on doit aller auprès du juge de son époque et ne pas dire : « D’où vient que les temps passés valaient mieux que le présent ? Car c’est manquer de sagesse que de poser cette question (Traité « Rosh Hachana » 25 b sur Ec. VII, 10). Ne posez pas de questions sur les Sages les plus éminents de votre génération car leurs manques sont insignifiants au regard de leurs qualités. Les Patriarches, les rois et les prophètes, soulignait le Rav Kook, avaient aussi leurs défauts (« Maamaré Haréiya » 509 ; Maïmonide, « Chémoné Pérakim », « Pérek » 7, qui traite longuement de cette question)). Au lieu de critiquer les Sages, explique-t-il encore, travaillons sur nous pour accéder à la sainteté (« Aiyèn Aiya » sur « Bérakhot », 73, page 97, §1). Bien plus. Découvrirait-on que tel Sage tient des propos athées, affirme le « Ratbaz », on ne doit pas le mépriser; A preuve, on a continué de rapporter les enseignements de Rabbi Hillel après qu’il a dit « qu’Israël n’a pas de Messie » (Responsa du « Ratbaz », Partie IV, §184 ; sur la gravité d’enfreindre l’interdiction, cf. également Rav Kook, « Maamaré Haréiya » 56).

Les Sages peuvent avoir des divergences d’opinions, ce sur quoi on peut les interroger. Les respecter ne signifie pas bêtifier. « Se faire un Maître » (« Maxime des Pères » I, 6) ne dispense pas d’honorer les autres. Se mêler de leurs controverses n’entraîne que des déboires. Comme ils vouent leur vie à la Thora, ils reçoivent une assistance divine toute particulière.

Nos Sages ont enseigné : Celui qui aime les Sages aura un fils sage ; celui qui les prise aura un beau-fils sage ; celui qui les craint le deviendra lui-même » (Traité Shabbat 23 b). On aurait beaucoup à apprendre du roi Yéhoshafat roi de Juda. Lorsqu’il voyait un érudit en Thora, il quittait son trône pour l’embrasser et le serrer dans ses bras en disant : « Rabbi, Rabbi, mon Maître, mon Maître » (Traité Kétoubot » 53 b). Lorsque Rabbi Ezra, était affaibli par l’effort de concentration, il allait s’asseoir à l’entrée de la salle d’étude pour mettre en pratique la « mitsva » (commandement, bonne action) de se lever devant les érudits (Traité « Bérakhot » 28 a ; enseignements repris par le « Sentier de Rectitude », Chapitre XIV, Ed. Eshkol, page 94).

Nous avons bien de quoi nous réjouir d’avoir des érudits à aimer, à honorer et à craindre !

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)