N° 611 « Hol Hamoèd « Pessa’h » – 26 nissan 5767 – ב »ה
RAV DOV BIGON
Un « dire » de la Thora
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Ce n’était plus qu’un groupe, serviteurs, jadis, de l’Eternel, qui avaient quasiment oublié leur vigueur intrinsèque que leur insufflait l’âme qui les habitait et que vivifiait l’héritage de leurs ancêtres, représentants de Dieu sur terre. Et voici que, miraculeusement poussé par la Providence Divine, il renaît à la vie et devient un peuple grand, empli de force, de vaillance et de noblesse, à nul autre exemple pareil » (Rav Kook, « Maamaré Haréiya » 165)
CECI ETANT
« JE MULTIPLIERAI LEUR POPULATION COMME LE BETAIL’
La « Haftara » qu’on lit au Shabbat de ‘Hol Hamoèd » (demi fête de « Pessa’h ») commence par décrire l’accroissement prodigieux de la nation : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Un jour, voici la demande que J’accueillerai de la part de la maison d’Israël, ce que je ferai pour eux : Je multiplierai leur population comme le bétail, comme le bétail des sacrifices, comme le bétail de Jérusalem en ses jours de fête. Ainsi, ces villes ruinées regorgeront de bétail humain et l’on reconnaîtra que Je suis l’Eternel » (Ez. XXXVI, 37-38).
Le processus de la résurrection nationale n’est pas seulement quantitatif mais aussi qualitatif. « Je vous retirerai d’entre les nations, Je vous rassemblerai de tous les pays, vous ramènerai sur votre sol… Je mettrai en vous Mon Esprit et Je ferai en sorte que vous suiviez Mes statuts, que vous observiez et pratiquiez Mes lois… Je multiplierai sur vous la population, la maison d’Israël tout entière ; les villes seront repeuplées et les ruines rebâties » (cf. Chapitre XXXVI in extenso).
Ceci étant- Nous avons bien de quoi nous réjouir, nous qui assistons à la mise en pratique de cette grande prophétie, le repeuplement intensif de notre Terre, sans parler des millions de Juifs de la diaspora, qui, eux aussi, finiront par s’y installer. Bien plus. Actuellement, nous assistons à un grand mouvement de « retour aux sources » avec toutes ses implications ; entre autres, la motivation d’avoir beaucoup d’enfants. Nécessairement, ce nouvel état de faits impliquera un changement spirituel et culturel, comme nous le demandons constamment dans notre prière : « Ramène-nous vers Toi ô Eternel, nous voulons Te revenir. Renouvelle pour nous les jours d’autrefois » (« Amida » citant Lam. V, 21) ; ou, pour citer en substance un enseignement du Rav Kook, le temps viendra où notre peuple proclamera ouvertement sa volonté de faire « téchouva » (retour vers soi et vers Dieu) collective, mouvement qui vivifiera tous les domaines de la vie nationale et individuelle (« Orot Hatéchouva » 15, §11). Partant, nous vivrons aussi la « résurrection des os desséchés » d’Ezéchiel : « Je mettrai Mon Esprit en vous, vous serez vivifiés, Je vous assoirai sur votre sol et vous reconnaîtrez que Je suis l’Eternel qui parle et qui exécute, dit l’Eternel (ibid. XXXVII, 14).
Joyeuse fête de « Pessa’h » !
RAV SHLOMO AVINER
SERIEZ-VOUS ANTISEMITE ?!
A l’examen d’entrée d’une université berlinoise, on refusa la candidature d’un étudiant juif. Ce dernier fit remarquer à un professeur qu’un autre avait été accepté bien qu’il eût reçu des notes inférieures aux siennes !? – Oui, lui rétorqua-t-il, visiblement embarrassé, mais il a une qualité de la première importance, la mémoire. – Moi, lui répondit-il, j’en ai une meilleure que la sienne, je me souviens de ce qui m’est arrivé lorsque j’avais huit jours. – Comment ? Interrogea l’homme avec intérêt ? – Lorsqu’on m’a fait ce pourquoi je n’ai pas été admis à l’université !
Lecteur, vous semblez sous le choc ! Eh bien ! Vous n’êtes pas moins antisémite. Dans la plupart des écoles, des « lycées-yéshivas » et des collèges pour jeunes filles religieuses, pourquoi les directeurs –vous et tant d’autres- ne reçoivent-ils pas d’enfants éthiopiens dans leur établissements ou les concentrent-ils dans des classes à part au lieu de les disperser ? Lorsqu’on touche votre conscience, vous daignez, symboliquement, en accepter un par classe ! Désolé de vous le reprocher, ce n’est pas ainsi qu’on intègre les nouveaux émigrants, ou, pour mieux dire, nos frères. Certes, certaines écoles les accueillent à bras ouverts, des mouvements de jeunesse aussi, comme le « Béné Akiva », et ils s’en enrichissent d’autant.
Il y a quelques temps, la B. B. C. a publié un sondage d’opinions : parmi les 27 états « les plus horribles du monde », Israël occupe la « première place ». Chez les nations, la haine des Juifs est toujours bien vivace. Evitons, de grâce, de nous comporter comme eux ! Mais, au juste, que reproche-t-on aux Juifs éthiopiens ?
1.Ils ne sont pas juifs ; ainsi, pourquoi leur consacrer des efforts particuliers ?
– Non. Il y a cinq cents ans, l’éminent Décisionnaire, Rabbi David Ben Zimra (le Radbaz ») a établi qu’ils l’étaient bel et bien ; ils seraient de la tribu de Dan. A notre époque, les ex Grands Rabbins d’Israël, le Grand Rabbin Ovadia Yossef et le Grand Rabbin Goren, ont statué dans ce sens. Quant aux Peules -convertis au christianisme- qui ont décidé de s’installer en Israël, certains ne sont pas juifs mais subissent un processus de conversion et deviennent des Juifs exemplaires.
2.Oui, mais ils ne sont pas religieux.
– Non. 70% d’entre eux –pourcentage le plus élevé, peut-être, de toutes les communautés- le sont, et mettent leurs enfants dans des établissements religieux.
3.Peut-être, mais ils ont une influence pernicieuse sur les nôtres.
– Non. L’expérience montre que dans les écoles solidement établies qui donnent aux instituteurs une formation ad hoc, ils exercent au contraire une influence bénéfique car ils sont profondément humbles et pudiques. Hélas, ces écoles sont encore trop peu nombreuses.
Elles ne sont pas les seules à ne pas s’intéresser au sort de nos frères incompris. Les divers mouvements qui visent à rapprocher du judaïsme ceux qui en sont éloignés souffrent du même travers. La raison à cela est bien connue, la peur de la différence, couleur de la peau, comportement aussi. A titre d’exemple, les enfants éthiopiens respectent leurs parents. Même lorsqu’ils se sont révoltés et qu’ils ont quitté leur maison, ils sont prêts, cependant, à tout faire pour les aider. Oui, des créatures bien singulières !
Le remède à cette situation : les connaître personnellement. De loin, peut-être, ils font peur à voir ; de près, ils sont comme vous. « Ils (les frères de Yossef, avant qu’ils ne le vendent) le virent de loin et… complotèrent de le tuer » (Gen. XXXVII, 18). Voilà ce qui arrive lorsqu’on regarde « de loin ».
Et que dire de l’antisémitisme des médias ! « Un Ethiopien a assassiné », « a volé » « a violé », comme s’ils étaient coupables de tous les maux de la terre. Feraient-ils ce genre de généralisations pour un ashkénaze ou un séfarade ?
Auriez-vous oublié l’une des raisons de notre servitude en Egypte ? – Parce que les fils des fondatrices (Rachel et Léa) de notre peuple considéraient de haut ceux des servantes (Bilha et Zilpa). Or, en Egypte, les descendants des unes et des autres subirent le même état d’esclavage et d’humiliation. N’étaient-ils pas tous frères ?
L’officier qui traite un soldat éthiopien de « noir stupide », l’institutrice qui utilise la même expression à l’égard d’une de ses élèves, devraient retourner en Egypte ou suivre un cours de perfectionnement.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
https://vimeo.com/NULL