N° 578 Paracha « Vayé’hi – 16 tévet 5767 – ב« ה
RAV SHLOMO AVINER
LA MEDIUMNITE, une realite
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Question – Ces derniers temps, la médiumnité tient la sellette, à la télévision, en particulier, où un médium connu défraie la chronique. Il accomplit de véritables prodiges, d’où puise-t-il ses forces ?
Réponse – Notre grand Maître, Maïmonide, énumère les trois sources du savoir humain, les autres étant chimériques : l’intelligence, l’expérience, la prophétie. Les preuves doivent être claires et la connaissance par le truchement des sens ne doit pas être déformé par une erreur d’appréciation dont ils pourraient être l’objet (« Iguéret Harambam », « Mahadourat Harav Shilat »).
La Thora ne fait pas référence à l’objet de votre question. La médiumnité va à l’encontre des lois scientifiques légitimement fondées. Par exemple, la parapsychologie affirme que les ondes télépathiques émises par le cerveau a agissent avec la même intensité à un mètre ou à mille kilomètres de distance, ce qui est en contradiction avec la loi du « carré inversé », entendu, par-là, que l’influence électromagnétique ou gravitationnelle diminuent proportionnellement au carré de la distance (cf. les recherches électrophysiologiqyes faites à partir de la « Table de Faraday ».)
L’esprit scientifique est sans préjugés, favorables ou défavorables. Il établit la véracité d’un fait sur la base de la preuve et de l’expérience, et suspecte son authenticité s’il récuse les lois naturelles établies. Or la parapsychologie ne collabore guère avec les chercheurs et, bien souvent, les « faits » analysés finissent très vite par prendre un caractère aléatoire. Lorsqu’il n’apparaît qu’une fois, il n’est pas pris en compte car la « reproductibilité », c’est-à-dire la possibilité de l’authentifier par n’importe quelle expérience faite en laboratoire, n’existe pas ici.
Les arguments de la parapsychologie datent de l’antiquité. Depuis une centaine d’années, on s’est mis à les étudier suivant la méthode scientifique, avec des chercheurs ayant une approche favorable, sans aucun résultat probant jusqu’à présent.
Mentionnant en passant que même la prestidigitation pose un problème en matière de loi rabbinique (cf. « ‘Hokhmat Adam », « Kélal » 89, §6, ; Responsa « Yé’havé Daat Partie III, §68). Le problème devient grave lorsqu’on croit qu’il s’agit là d’une saisie surnaturelle et qu’on perd le sens critique. Pour celui qui n’a pas de formation scientifique, la télépathie n’est pas plus étonnante qu’une émission à la radio, et même plus simple, car elle n’a pas besoin d’équipement.
Malheureusement, un phénomène largement répandu réapparaît ici, la « défaite de l’intelligence » avec, pour conséquence, la résurgence de croyance populaires surnaturelles. Aux Etats-Unis, une organisation de prestidigitateurs s’est engagée à faire tout acte provenant de forces « surnaturelles ». Jusque là, elle a relevée le défi dans tous les domaines, celui de la médiumnité y-compris. Un spécialiste en la matière a promis un prix –qui, maintenant, s’élève à un million de dollars- à celui qui prouvera expérimentalement l’existence de forces surnaturelles (personne ne l’a encore gagné). Dès que le « médium » doit se soumettre à l’expérience scientifique, il s’esquive, en général, ou consentent, il ne parvient pas à prouver ses dires.
En 5736 (1976), s’est fondée une organisation, la « Csicop », pour analyser scientifiquement les phénomènes dits « anormaux » composée de spécialistes en la matière. Dans tous les cas analysés, (guérisons miraculeuses et autres), il y avait eu imposture, intrusion dans les data d’ordinateur, complicités, transfert d’informations etc.
Des enquêteurs ont interrogé le célèbre aventurier israélien ; ce dernier n’a pas réussi à les trompé. Lorsqu’il a été filmé pour fixer certains de ses faits et gestes, il a attenté un procès en diffamation à la « Scicop », le perdit, et dut payer une amende considérable. Il poursuivit en justice ses avocats pour représentation défectueuse, procès qu’il perdit aussi. Pour un homme qui prétend connaître l’avenir, comment n’avait-il pas deviné qu’il les perdrait ?!
D’ailleurs, ceux qui se disent avoir des pouvoirs surnaturels ne prétendent pas ressusciter les morts, connaître d’avance les tendances boursières, le n° du grand prix, ou créer des billets de banque ex nihilo ; sinon, ils n’auraient pas fait ce « métier ».
Par définition, les « phénomènes » de prestidigitation, même les lus hallucinants, sont explicables logiquement, il suffit de contremaître le « truc. » Quant aux « phénomènes » dévoilés par les programmes de télévision, -cuillers tordues, montres qui s’arrêtent soudain lorsqu’on a demandé aux téléspectateurs de concentrer leur pensée etc.- ils s’expliquent par le calcul de probabilités. Sur un million de personnes, il y en aura toujours quelques 100ènes pour trouver dans leurs tiroirs une cuillèree tordue ou pour voir leur montre s’arrêter après manipulation pour raisons mécaniques ou électroniques. Celle-ci téléphonent au studio, d’où l’impression de consternation ; quant aux autres, plus de 99%, elles ne se manifestent pas car elles estiment ne pas s’être suffisamment concentrées.
En télépathie –et autres domaines de ce genre- les supercheries ne manquent pas ; nous nous dispenserons ici de les dénoncer ; mais, de grâce, ne perdons pas le sens critique !