N° 596 Paracha « Mikets » -2 tévet 5767 – ב« ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
DU PARALLELISME ENTRE L’INAUGURATION DU TABERNACLE
ET DE LA TRANSMISSION DE LA THORA ORALE
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Au désert, une fois le Tabernacle achevé, chaque chef de tribu apporta son offrande. Ainsi lors de la fête de « ‘Hanouka », -en souvenir de la ré inauguration du Temple que les Hellènes (les Grecs, comme on le dit à tort), avaient souillé- on lit le passage de la Thora qui mentionne cet événement (cf. Nom. VII). Au 8ème jour de fête, on lit le passage concernant l’offrande du huitième chef de tribu : « Voici que le jour où il fut oint (le Tabernacle), les chefs de tribus présentèrent leurs offrandes d’inauguration pour l’autel… Au huitième… » (Ibid.).
La cérémonie d’inauguration se termina le huitième jour. Les nombres (ici, huit) n’ont rien de fortuits ni même d’anecdotiques mais ils traduisent des valeurs transcendantes. Ainsi, le « huit » renvoie au message de « ‘Hanouka », l’idée de « nétsa’h », « victoire » sur les Hellènes, mais, d’abord, à celle « d’éternité », « d’intemporalité », contrairement au nombre « sept » qui détermine, entre autres, la semaine, le temps comme entité définie. Le « huit » est donc le « dépassement » du « sept » (cf. Rav Eliyahou Kitov, « Séfer Hatodaa », 180). Le « huit » renvoie également à « l’âme », ces deux mots étant formés des mêmes lettres agencées différemment. Le « huitième » jour de fête renvoie donc à « l’âme » même de « ‘Hanouka » et à tout son contenu de signification.
« Zot » (« voici » ; ibid. 84)) marque l’achèvement effective de l’inauguration, lorsque le dernier chef de tribu eut apporté son offrande. Or, enseignent nos Sages, « zot » désigne avant tout la Thora, comme il est dit : « Voici la Thora que Moïse présenta devant les enfants d’Israël » (Traité « Avoda Zara » 1 sur Deut. IV, 44). Ce mot (« zot ») employé pour définir l’Inauguration effective du Tabernacle et la transmission par Moïse de la Thora orale à notre peuple, exprime de manière effective, au niveau du vécu, du Transcendant historique divin qui nous est intrinsèque et qui, concrètement, s’extériorise par la Thora orale (d’essence divine).
Ceci étant – A « ‘Hanouka », on publie les miracles que l’Eternel a accomplis jadis à nos ancêtres à cette période de l’année. A cette époque, notre peuple s’était attaché à la Thora, malgré les constants efforts de la culture hellénistique d’éteindre la Lumière de la Thora, celle-ci étant comparée à celle-là, comme il est dit : « Car le commandement est un flambeau, la Thora, une lumière » (Pro. VI, 23). Tout comme alors, notre peuple ne l’a pas abandonnée ; au contraire, il reprend pied avec elle malgré les influences étrangères de la culture occidentale, hellénistique, qui, constamment, prend de nouvelles formes.
L’Ame de la Nation incarne aussi cette idée de « Lumière » (avec toute sa symbolique) qui éclaire l’humanité. Malgré toutes les tentatives, elle demeure vivace et ce, jusqu’à la fin des temps, « Car, en Ton Nom, Toi qui lui a juré que jamais son flambeau ne s’éteindra » (Bénédictions de la « Havtara », « Maguen David ».
RAV SHLOMO AVINER
HERTZL, UN ENVOYE DE DIEU ?!
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Question – Herzl n’était-il pas non religieux ?! Pire encore, ses fils se sont convertis au christianisme ; lui-même envisageait de le faire et projetait de demander au Pape de convertir l’ensemble du peuple juif !
Réponse – Il est inexact de dire que ses fils se sont convertis. Assurément, il a eu une existence tragique. Sa fille est morte d’une dose exagérée de drogue ; son fils, devenu fou, s’est effectivement converti mais, plus tard, il retrouva le chemin de la synagogue. Quoi qu’il en soit, il était irresponsable ; sa dernière fille est morte en camp de concentration et son fils s’est suicidé à 25 ans. Lui-même est mort d’une maladie de cœur parce qu’il s’était voué corps et âme à sa cause malgré les mises en gardes répétées de ses médecins.
Il n’a jamais envisagé sérieusement de se convertir. Dans son journal, il décrit les crises et l’embarras où le plongeait le « problème juif ». Dès la première page, il écrivait avec sincérité qu’il songeait parfois à fuir dans le christianisme ou ailleurs mais, dans une même foulée, il ajoutait qu’il ne s’agissait que de divagations résultant d’une faiblesse juvénile et qu’il n’avait jamais envisagé de se convertir ni même de changer de nom bien que le directeur du journal où il travaillait lui suggéra de le faire en le menaçant de ne plus publier ses articles. En Egypte, au paroxysme de l’impureté, les Juifs n’avaient-ils pas conservé leur nom ?! (Cf. « Journal », 5655, 1895).
A cette époque, il était hanté par le spectre de l’antisémitisme. Plus tard, il vécut dans la terreur d’un génocide. En manière de solution, il laissait libre cours à son imagination vagabonde, édifiant des projets plus chimériques les uns que les autres. En 5643 (1883), en particulier, il eut l’idée folle d’aller demander au Pape de devenir le fer de lance de l’antisémitisme ; en contre partie, ce dernier convertirait des groupes de Juifs viennois, des jeunes, uniquement, qui, de toutes les manières, finiraient par le faire d’eux-mêmes ; et de décrire la scène à grand renfort de détails. En passant, signalons qu’il n’a jamais exécuté ses projets ; d’ailleurs, on ne les aurait pas connus si, par rectitude et franchise, il ne les avait mentionnés, en quelques lignes au début de son journal (cf. la bibliographie de Herzl par Its’hac Weiss, sur le point de paraître en hébreu).
Sur des milliers d’actes positifs, il serait injuste d’en prendre quelques uns, tirés d’un paragraphe coupé de son contexte, écrits par un homme totalement assimilé, au début de sa vie, qui assumait avec détresse les affres de sa nation (cf. « Traité « Baba Metsia » 50).
Bien plus, la Thora interdit de rappeler –entre autres- des propos de jeunesses insensés, surtout, comme dans le cas présent, lorsqu’ils ont été rapportés uniquement par souci d’humilité et, qui plus est, ne se sont jamais traduits en actes, car il s’agit d’une « fraude » –pour employer la terminologie de la Thora- intellectuelle.
Quoi qu’il en soit, ces considérations ne concernent pas directement la question à nous posée au début de ce présent article. Qui dirait au Maître du monde à qui confier telle mission ?! Lui seul décide de l’exécuter par un non Juif, un Juif, juste ou perverti.
Ainsi, pour délivrer Son peuple captif en Babylonie, Il a choisi Cyrus, roi idolâtre qui, d’ailleurs, a trahi sa mission (cf. Traité « Rosh Hashana 3 b, 4 b) ; de lui la Bible dit : « Ainsi parle l’Eternel à Son Messie, à Cyrus (Is. XLV, 1). Bien entendu, il ne l’était pas, bien qu’il en posséda une « étincelle » (cf. « Maamaré Haréiya » 161 ; 250, 251, 304, 308, ce qui est vrai aussi pour Herzl (« Mérim Déguel Té’hiyat Haouma », « Igueret Haréiya », « Iguéret » 294), lui qui, inspiré par l’Esprit, a rehaussé l’étendard de la nation (VIII, 296), « habité qu’il était par l’étincelle messianique » (« Hamisped Birouchalaïm », « Maamaré Haréiya », 94-99).
Gardons-nous de décider pour Dieu comment Il délivrera Son peuple car on ne le comprendra qu’après coup (cf. Maïmonide, « Hilkhot Méla’him » 12, §2), et, aussi, de prévoir l’aspect que prendra le « Messie (cf. « Natsiv », « Héémek Davar », « Chérot », 4 a, « Kovets Chivat Tsion » mais réjouissons-nous et remercions l’Eternel pour tous les bienfaits qu’Il nous accorde.