N° 525 – Paracha « Dévarim »– 8 Ména’hem av 5765 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LES SOUFFRANCES NE DOIVENT PAS ENTAMER NOTRE LUCIDITE
A l’époque du père de Maïmonide, le juge Rabbi Maïmon, le gouvernement du Maroc décréta des lois de la plus grande gravité contre les Juifs du royaume. Dans une lettre ouverte, le grand Maître réconfortait ses coreligionnaires en vivifiant leur foi et leur confiance en Dieu.
Les souffrances, expliquait-t-il, ne doivent pas entamer notre lucidité ; l’Eternel a contracté avec nous une Alliance irréversible ; Maître du monde, il sait ce qu’il fait et ne nous hait pas ; Son choix pour Moïse est unique en son genre ; Il ne nous quittera pas si nous L’abandonnons ; un père haïrait-il ses enfants ?! Nous mettons sur le même plan la croyance en Son existence et la croyance en la réalisation de Ses promesses ; parfois, les non Juifs nous oppriment, mais cela ne doit pas entamer notre confiance en l’authenticité de ces promesses ; sans l’ombre d’un doute, répétons sans relâche : « Moïse est vérité, sa Thora (retransmise par lui de Dieu à nous) l’est aussi » (Talmud, passim) ; chaque jour, reprenons à notre compte la prière de « l’homme de Dieu » « Ps. XC, 1) ; en cette période d’adversité et d’épreuves, ne nous laissons pas aller au désespoir mais puisons dans « la prière de Moïse » (ibid. ibid. in extenso, attribuée à Moïse) la source de notre espérance en la Délivrance éternelle à venir, en dépassant les contingences du moment et en sachant que, pour Dieu mille ans équivalent à un jour (d’après ibid. ibid. 4), et, le tout, dans la joie.
Ceci étant – Au « Shabbat ‘Hazone » (Shabbat qui précède le 9 av), nous pleurons sur les grands malheurs qui se sont abattus sur nous en cette période de l’année, alors et maintenant.
Alors – La destruction des deux Temples ; la trahison de la génération de la Sortie d’Egypte qui, en tournant le dos à Eretz Israël, s’est condamnée à mourir dans le désert ; la destruction de la ville de Bétar et du Mont du Temple, « labouré » (cf. Jér. XXVI, 18) ; l’Expulsion des Juifs d’Espagne, il y a plus de cinq cents ans.
Maintenant –L’expulsion des Juifs d’une partie d’Eretz Israël par d’autres Juifs. Assurément, à l’instar de Rabbi Maïmon, nous sommes convaincus qu’il s’agit là d’une épreuve passagère, que notre Délivrance à venir sera éternelle, que nous ne devons pas permettre aux souffrances d’entamer notre lucidité ni notre confiance en la Promesse divine que « vous vous maintiendrez longtemps, vous et vos enfants, sur le pays que Dieu a juré à vos ancêtres, [promettant qu’] Il le leur donnerait, aussi longtemps que les cieux seront au-dessus de la terre » (Deut. XI, 21).
En prenant le deuil pour la catastrophe et l’expulsion
Et dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLO AVINER
LE PERFIDE
Question – Annie a été incarcérée par suite d’une provocation de la police, elle aurait lancé un pneu enflammé sur la voie publique. Mais moi, j’étais là, personne n’a lancé de pneu. Pourtant elle a été jugée bel et bien – par un juge arabe, peut-être – qui a prêté foi à l’injustice. Lors du « Défilé des Abjections » (la « Gay Pride ») où j’étais venu protester pacifiquement, j’ai vu comment les policiers tabassaient et écrasaient sauvagement tous ceux qui avaient une « kippa » même lorsqu’ils ne faisaient rien. Intentionnellement, la police met en première ligne des hommes brutaux qui n’hésitent pas à frapper des petites filles qui se voient ensuite séquestrées dans des conditions draconiennes sans pouvoir téléphoner à leurs parents. Et lorsqu’on se hasarde à dire à un policier d’arrêter de frapper sinon on portera plainte contre lui, c’est lui qui porte plainte pour « agression d’un policier dans l’exercice de ses fonctions » et, bien entendu, il est cru par les juges. A Kfar Maïmon, j’ai assisté à une provocation de la police. Sans aucune raison, ils ont jeté leur vindicte sur des gens qui ne n’avaient rien fait. Monsieur le Rabbin, la Justice, la police et les médias sont devenus « les chiens du pouvoir », tous les mensonges sont bons pour le servir !
Réponse – Effectivement, c’est terrible. Le mal et les ténèbres sont bien présents mais le bien l’est tout autant. Sans lumière, il n’y a pas d’ombre ; certains voient celle-ci, d’autres, celle-là ; or la lumière est si douce à voir ! C’est pourquoi, au lieu de désespérer, on doit la propager sans cesse davantage. Le mal, « le Juste malheureux » (passim) ne date pas d’hier, Dieu a donné au mal le pouvoir d’agir contre lui comme s’Il ne pouvait pas le brider. Bien plus, le mal prend l’apparence du bien pour tromper celui-ci. Lorsque la lumière abonde, les ténèbres se déguisent en lumière pour arriver à leur fin pour s’approcher d’elle en restant inaperçues.
Le combat pour « Goush Katif » n’est pas seulement dirigé contre un homme inhumain qui veut jeter à la rue de paisibles citoyens, contre un homme qui détruit le Sionisme et crache au visage de Rachel, notre Mère ancestrale pleurant sans relâche ses enfants en exil qui sont revenus du pays de l’ennemi (d’après Jér. XXXI, 16) ! »
Mais c’est un combat contre le mal. C’est pourquoi on doit prendre garde de ne pas y tomber aussi car, dans ce cas, il aurait gagné. Comme on le sait, Dieu « s’est restreint » pour laisser place au libre arbitre, et donc la possibilité de se révolter contre Lui, attitude que le mal peut incarner. Pour le bien, on doit donc lutter avec la dernière énergie, combat qui a des incidences jusque dans la matérialité, transformer, par exemple, le désert de Goush Katif en un Jardin d’Eden.
Nous ne saurions permettre aux « Forces du Mal » d’empoisonner l’esprit. Dans nos prières, nous ne demandons pas à Dieu de faire périr le chef de l’Etat mais, à l’instar de la femme de Rabbi Méïr, de le remettre dans le droit chemin, inspirés par l’exemple de notre ancêtre Abraham qui priait pour sauver de l’extermination les gens de Sodome et Gomorrhe. Tous les Shabbats, nous prions pour qu’Il veille sur la paix de notre pays et qu’Il éclaire de sa Justice celui qui nous gouverne pour qu’il « fasse téchouva » (revenir vers Dieu et vers son authenticité). Ce « moi » juif authentique, il vient de s’incarner à nouveau chez ceux qui, par dizaines de milliers, sont venus protester contre la Séparation dans une dignité exemplaire. Ils ne craignaient ni le gendarme ni le soldat, mais avaient, jusqu’au paroxysme, « l’amour d’Israël » d’où ils puisaient leur endurance et la force de ne pas succomber à l’instinct du mal. Avec la dernière énergie, nous refusons d’entrer dans la dialectique du chef de l’Etat, Opter pour les héros de Goush Katif ou pour ceux de l’armée, c’est un faux dilemme puisque nous ne formons qu’un seul peuple. « Trancher » est donc vide de sens. Aussi, on comprend que ces jeunes manifestants trouvent la force spirituelle de chanter : « Tsahal » (Armée d’Israël), nous t’aimons » ! « Policier, nous t’aimons ! »
Lors de la dernière grande manifestation, un jeune homme se mit à invectiver un soldat. « Non », lui dit un petit enfant, « mon rav m’a dit qu’on ne doit pas parler comme ça ! » Le jeune se soumit à l’enfant, les Forces du Bien venaient de gagner un nouveau combat. Au même événement, une petite fille offrait des gaufrettes à des soldats qui refusaient, il leur était interdit de recevoir quoi que ce soit, lui dirent-ils. Elle présenta ses gaufrettes au commandant qui, à la stupéfaction des soldats, en mangea. « Puis-je aussi en offrir aux soldats », demanda-t-elle ? « Oui », lui répondit-il d’un soupir embarrassé. Sous la forme de cette fillette, le Bien venait d’emporter une autre victoire.
Plus il se magnifiera plus cela sera bon pour Tous.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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