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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Massé »

N° 524 – Paracha « Massé » – 1 Ména’hem av 5765 ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT
RESTAURE TES JUGES COMME AUTREFOIS
CAR SION SERA SAUVEE PAR LA JUSTICE


Dans les plaines de l’ouest de Moav, en face de Jéricho, l’Eternel enseigne à Moïse et au peuple les commandements et les préceptes relatifs à la possession du pays, aux vœux et aux assassins (d’après Iben Ezra sur Nom. XXXVI, 13). Là, notre peuple met la dernière main aux préparatifs de la conquête, dirigé par Moïse puis, plus tard, par Josué.

Au milieu de ses directives, le grand Maître leur prescrit de considérer l’occupation du pays et l’expulsion de ses habitants comme des principes catégoriques inaliénables (cf. Nom. XXXIII, 51-53) et que, si on les laissait subsister dans notre pays, on en pâtirait amèrement : « Mais si vous ne chassez pas les habitants du pays devant vous, ceux qui resteront seront comme des aiguillons dans vos yeux et des épines dans vos flancs ; ils vous harcèleront dans le pays que vous occuperez. Alors, Je vous ferai, à vous, ce que J’avais résolu de leur faire » (ibid. 55-56). Même si, explique le « Or ‘Ha’haïm », ils devaient rester parmi nous avec notre plein accord, ils seront pour nous la cause de malheurs constants, ils ne composeront jamais avec nous même si nous leur cédons une partie de notre pays, et revendiqueront même celle qui vous reste en faisant tout pour vous en expulser (cf. op. cit. ad loc.).

A nouveau, sur le point de traverser le Jourdain, Josué reprend presque mots pour mots les mises en garde de Moïse. De plus, rapporte la Guémara (Sota » 34 1), si l’on passait outre, on s’exposerait à être englouti par les eaux, entendu par-là, les impératifs en question sont inconditionnels et concernent Eretz Israël dans sa totalité.

Ceci étant – A juste titre, on appelle Rabbi ‘Haïm Ben Attar, du nom de son célèbre commentaire, « la vénérée Lumière de vie » (Or Ha’haïm Hakadosh »). En prophète de notre époque, il a vu par anticipation qu’au Temps du Retour, nous aurons maille à partir avec les peuples qui habitent notre pays si nous prenons à la légère les mises en garde rapportées par les Sources traditionnelles et les siennes. Effectivement, Dieu semble nous faire ce qu’Il avait résolu de leur faire (d’après Nom. XXX, 56). Actuellement, à notre grande honte, les Juifs eux-mêmes veulent expulser d’autres Juifs de leur pays. Mais ne désespérons pas, l’erreur tragique du Chef de l’Etat sera corrigée. Très bientôt, ce gouvernement cèdera la place à un autre. D’ailleurs, cela est devenu évident, il n’a plus de légitimation car, de plus en plus, il apparaît comme corrompu, au sens où Isaïe disait : « Tes chefs sont dissolus, se font complices de voleurs, tous aiment les dons corrupteurs et courent après les gains illicites » (Is. I, 23). Mais, au plus vite, nous vivrons la promesse divine : « Je restaurerai tes juges comme autrefois, tes conseillers comme à l’origine. Ensuite on t’appellera « Ville de Justice » (relativement à Jérusalem), « cité fidèle ». Sion sera sauvée par la justice et ses habitants, revenus de l’Exil, par la vertu » (ibid. ibid. 26-27).


RAV SHLOMO AVINER

« TSAHAL NE LE PEUT PAS » :
EXPRESSION INCONNUE DANS L’ARMEE ISRAELIENNE


« Tsahal » sigle : « Armée de Défense d’Israël » ne le peut pas » ! Cela ne veut rien dire, comme on le dit dans l’Armée. Elle le veut ou ne le veut pas, c’est tout. S’il en était autrement, « Tsahal » ne serait pas « Tsahal », c’est la règle. Mais, comme telle, elle a ses exceptions qui la confirment. Dans le cas présent, s’acquitter de sa mission (la « Séparation » avec toutes ses implications) signifierait ne plus être « Tsahal ». Si elle déracine des communautés juives de son pays, engage une guerre civile – avec le risque de plusieurs centaines de morts, de l’aveu même du Gouvernement -, alors ce n’est plus « Tsahal » ne répondant plus, désormais, à son nom (« Armée de Défense d’Israël »), protéger les Juifs et non pas les chasser de chez eux pour donner leurs maisons à des assassins. Si « Tsahal » jette à la rue hommes, femmes et enfants sans se soucier de leur procurer un domicile, une source de subsistance et des écoles, alors elle devient « Armée de Fuite d’Israël ».

Dans une lettre ouverte, un officier de l’Armée écrivait :

Je commande un bataillon dans une unité de fantassins qui est censée expulser des habitants. On nous a entraînés à tous les scénarios possibles. Ils posent comme a priori qu’on doit obéir aux ordres avec le plus de sensibilité et le moins de dommages possibles. Mais on a oublié le scénario le plus simple, l’impossibilité de mener à bien cette mission, impossibilité qui n’est pas d’ordre matériel mais moral et émotionnel. Nous ne pouvons pas déraciner des Juifs de leur terre, surtout lorsque, depuis si longtemps, nous les avons protégés de toutes nos forces. Une chose est sûre, le jour viendra où, si l’ordre est donné, il ne sera pas exécuté.

C’est pourquoi, je vous en supplie, ne nous demandez pas d’employer la violence pour tout détruire, nous ne pouvons pas accomplir cette mission. Bien plus, nous aiderons ceux qui auront été expulsés à revenir chez eux.

Je termine en précisant que je suis non religieux, fier et heureux que, dans notre pays, il y ait des Juifs qui ont du bon sens. Pour eux, cela vaut la peine de se battre pour protéger notre pays.

Ceux qui pensent comme moi sont très nombreux ; ils ne se sont pas encore exprimés mais ils le feront lorsque le moment d’exécuter l’ordre sera venu.

Le cœur déchiré et les yeux en pleurs, je dis à tous que nous sommes frères et que, comme tels, nous ne devons pas nous quereller.

A bientôt à Goush Katif.

Heureux le soldat qui ne le peut pas, qui reste encore un homme, avec un cœur juif qu’on n’est pas arrivé – et qu’on n’arrivera pas – à détruire ; heureuse l’armée qui ne renonce pas à la dignité d’homme, qui ne réduit pas ses soldats en pièces, qui ne leur pose pas de dilemmes insolubles, qui ne demande pas de frapper un frère ou une mère et ses enfants. Au plus fort de la guerre contre les Etats-Unis, les Coréens faisaient subir aux prisonniers américains l’abominable « lavage de cerveau » qu’ils furent les premiers à imaginer, pour les retourner contre leurs frères. Heureuse l’armée qui n’emploie pas ces méthodes, tout comme celle qui ne dépense pas des milliards pour expulser des Juifs et mettre en péril les habitants du nord du Néguev et d’autres régions d’Israël, armée qui n’est pas devenue « l’Armée de Défense du Chef de l’Etat » contre les tribunaux qui veulent le déférer en justice, l’armée qui n’a pas oublié le sens de la fraternité.

Lorsqu’elle ne le pourra pas, lorsqu’elle éprouvera, peut-être, un certain sentiment de gêne, nous la consolerons en lui disant qu’elle possède, certaines Qualités divines puisque certaines choses lui sont impossibles, à l’instar de l’Eternel, pour ainsi dire, comme le mentionne Maïmonide, relativement à Son pouvoir de créer des êtres qui remettraient en question Sa transcendance, Son unité et Son caractère d’immatérialité (cf. Maïmonide, « Guide des Egarés », II, 13). Ajoutons, quant à nous, que Dieu ne peut pas commettre un acte amoral et illogique, impossibilité qui, loin d’être un manque, fait partie de Ses Attributs.

Ces considérations valent aussi pour « Tsahal ». Elle peut protéger notre pays et enrayer le terrorisme, comme elle le fait de facto, mais aussi, ce qui n’est pas moins important, ne peut pas résister à ce petit reproche : « Mon frère, tu me chasses de chez moi » ?! Rappelons à nouveau qu’il ne s’agit pas d’un cas de désobéissance, d’insubordination, d’une manipulation politique ou d’une forme déguisée de menace, mais d’une situation objective que, moralement et humainement parlant, le soldat ne peut pas affronter. Mentionnant en passant que tant qu’on ne se sent pas directement concerné par l’ordre d’expulsion, on peut plaider avec enthousiasme la cause de l’obéissance ; mais lorsqu’on est soi-même appelé à l’exécuter, alors on peut éclater en sanglot, à en croire le témoignage de soldats (es) qui ont déjà été désignés pour l’exécuter.

Effectivement, la solidarité, voilà le cœur de l’armée israélienne. L’armée et la police, nous les aimons tellement ! Et le consensus général est si profond que, lorsqu’elles ne le pourront pas, nous les aimerons tellement plus ! Nous qui, tous ensemble, ne formons qu’un seul peuple.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodesh, hébreu/français)