N° 605 Paracha « Térouma » – 6 adar 5767 –ב »ה
RAV SHLOMO AVINER
SUPERCHERIES ET FOI
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Question : Il y a quelques semaines, vous avez écrit un article sur les forces pseudo surnaturelles. Or la Thora ne parle-t-elle pas de ces forces !? Ne faut-il pas croire au mysticisme ?
Réponse – Nous croyons à la Thora et aux miracles mais ne désavouons pas cependant l’esprit scientifique. D’emblée, ne décidons pas que ce que nous ne comprenons pas relève du miracle ou du surnaturel, résurgence de la mentalité magique primitive qui, au lieu d’expliquer rationnellement les phénomènes naturels, a recours aux forces, démons, fées et comportements mystérieux. Mais, depuis, deux mille ans se sont écoulés et nous avons beaucoup progressé. Si, jadis, vous aviez allumé une lampe de poche, vous auriez été brûlé pour sorcellerie. A présent, dans les écoles, on traite généralement de choses sérieuses, certainement pas de prestidigitation.
Comme nous le mentionnions dans l’article auquel vous faites allusion, ceux qui se targuent de faire des prodiges ou de posséder des dons parapsychologiques ont appris leur art dans des écoles de prestidigitation. Plutôt que de songer à les fréquenter, étudiez, par exemple, les Commentaires de Rachi sur la Thora. De nombreux tours de prestidigitation sont maintenant du domaine public ou dans les magasins de farces et attrapes ; que ne peut faire celui qui a les mains agiles et qui est astucieux, surtout lorsque la caméra ne le filme pas au ralenti ?!
« Eh bien ! Monsieur le Rabbin, vous ne croyez donc pas au mysticisme ?! » – J’y crois bel et bien et souhaiterais qu’il en soit de même pour tous, car ce domaine est le plus important puisqu’il concerne la foi en Dieu, la prophétie et la Providence Divine. Mais je crains qu’à cause des vaines superstitions, on en vienne à mépriser le mysticisme authentique, ce qui serait une catastrophe.
Durant ces derniers siècles, la pensée scientifique et critique se sont considérablement répandues ; aujourd’hui, nombreux sont ceux qui dénigrent les superstitions. Si l’on identifie celles-ci à la Thora et à la foi, on en viendra à ce que les gens sérieux qui réfléchissent refuseront tout en bloc dans un même syncrétisme.
Dès lors, comment différencier la vérité de la supercherie ? – Rien n’est plus simple. Est vrai ce que la Thora dit tel. Elle nous enseigne que, parfois, certaines éminentes personnalités font des miracles, certainement pas le commun des mortels ni les « magiciens » (cf. « Tiféret Israël » sur Traité « Sanhédrin », 17, §7 ; « Boaz », 3). Aussi doit-on s’en remettre aux analyses scientifiques sagement conduites, quitte à consulter également un prestidigitateur.
Dans le sens de notre propos, notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, expliquait en substance qu’ici comme ailleurs, on doit choisir le juste milieu, ne pas tomber dans la crédulité ni dans la critique excessives. On doit aussi interdire catégoriquement la vulgarisation du mysticisme ; il doit rester le privilège d’une élite car « les connaissances en la matière portent préjudice à l’état psychologique, moral et religieux des masses » (« Si’hot Harav Tzvi Yéhouda »Béréshit », 311).
Puissions-nous avoir le privilège de marcher vers la Lumière.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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