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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Haiyé Sarah »

 

N° 591 Paracha « Haiyé Sarah » – 27 marheshvan 5767 – ב« ה


RAV SHLOMO AVINER


N’ACCORDEZ PAS FOI A LA MEDISANCE


En aucun cas, de qui que ce soit, n’accordez foi à la médisance. Et si vous l’avez déjà ouïe dire, n’y adhérez pas. Elle est si répandue, et si diversifiée !


Sur le Rav Kook on a répandu le bruit qu’il était un chrétien qui se cachait ; sur Rabbi ‘Haïm Luzzato, qu’il était un faux prophète ; sur Maïmonide, qu’il s’était converti à l’Islam ; sur le prophète Jérémie, qu’il avait eu commerce avec une prostituée et quant à Moïse, avec 600 000 femmes !


Ne croyez pas même ce que vous voyez car, peut-être, certaines données vous échappent. « Jugez en donnant du crédit » (Maximes des Pères I, 6). L’émotion éblouit ; or la vérité est une clarification et une saisie globale, à l’inverse du regard, ponctuel.


Un jour, le rabbin Arié Levin vit un homme acheter un pot de fleurs au beau milieu d’un enterrement, ce qui le surprit beaucoup. Après recherches, il apprit que le défunt avait succombé à une maladie extrêmement contagieuse et que l’hôpital avait décidé de brûler tous ses effets personnels, ses téfilin compris, à moins de les apporter directement au cimetière. C’est pourquoi l’homme acheta un pot de fleurs pour les y enterrer.


Un jour, une femme mangeait des gaufrettes. Attendant le moment de monter dans l’avion lorsqu’elle fut soudain appelée pour complément d’informations. Revenue à sa place, elle vit un ultra religieux –à en croire son aspect extérieur- qui, sans se gêner mangeait ses gaufrettes. Comme elle ne voulait pas lui faire honte, elle se mit à en manger aussi pour lui faire implicitement comprendre que c’était les siennes, mais en vain, il continuait à manger avec elle jusqu’à la fin du paquet. Mais lorsqu’elle s’installa dans l’avion, elle le retrouva dans son sac et se souvint qu’elle l’avait rentré au moment de se présenter au comptoir. Tout d’un coup, l’histoire prenait un nouvel éclairage.


Arrivé à Safed, le Ari « zal » fut nommé membre du comité chargé de s’occuper des infractions contre la Thora. Un matin, de très bonne heure, alors qu’il ouvrait sa fenêtre et se préparait à prier « à la manière des Vatikkim » (le moment le plus tôt autorisé pour la prière), un homme vit une femme mariée qui sortait de sa maison et entrait dans une cour où habitait un homme connu pour sa légèreté, il en fut stupéfait. Après la prière, il demanda la réunion du comité et fit son terrible témoignage.


« Tais-toi, lui dit le Ari, comment oses-tu parler d’une femme vertueuse d’Israël ?! Dans cette cour loge aussi un homme venu de l’étranger avec de l’argent et une lettre confidentielle que le mari envoyait à cette femme, et il lui avait enjoint de la lui remettre en main propre. Aussi, par pudeur, elle décida de sortir de bon matin pour ne pas attirer les regards.

  • Pardon, Rabbi, pardon Rabbi !

  • Ce n’est pas à moi que tu dois le dire mais à cette femme, juste et pudique, que tu as soupçonnée. »


Un jour, des rabbins tinrent une grande assemblée pour débattre des problèmes du moment puis, ensemble, prirent part à un banquet. Au milieu du repas, le président se leva et déclara aux autres rabbins qu’il avait quelque chose d’extraordinaire à leur montrer. De sa poche, il sortit une pièce de monnaie de l’époque du roi David qu’il utilisait pour procéder au « rachat du premier-né » et autres occasions de ce genre. La pièce passa de main en main et émut profondément les rabbins. A un certain moment, elle disparut. On chercha, mais en vain, sur la table et par terre.


Une atmosphère désagréable s’instaura. Peut-être, dit le président, par inadvertance, l’un d’entre vous l’aura mise dans sa poche ?! Eh bien ! Que chacun se mette à chercher ! » Quelque peu outragés, ils se mirent à chercher, mais en vain. L’atmosphère s’était alourdie. « Peut-être, par erreur, reprit le président, elle sera tombée dans la poche de l’un d’entre vous ?! Ce ne sont pas les poches qui manquent dans l’habit d’un rabbin, et l’on peut en oublier ! Je suggère donc que chacun examine les poches de son voisin de droite. » Les rabbins se sentaient fort mal à l’aise mais s’exécutèrent par respect pour le président, peine perdue ! Soudain, avec véhémence un érudit en Thora d’un âge avancé, protesta : « On ne fouillera pas mes vêtements !

  • Pourquoi ? »

Il blêmit, rougit mais ne céda pas. « On ne fouillera pas mes poches ».

  • Alors, avez-vous autre chose à proposer ? Reprit le président ?

  • Non, rien !


On se tut, l’atmosphère était devenue extrêmement pénible et un silence pesant régna dans la salle. Dix minutes, interminables, s’écoulèrent. Soudain, le serveur fit éruption, la pièce de monnaie à la main. Par erreur, il l’avait posée sur le plateau en ramassant les assiettes. Des soupirs de soulagement se firent entendre. Honteux, on regarda le vieil érudit en Thora qu’on avait soupçonné et on lui demanda la raison de son refus. Il sortit de sa poche une pièce de même apparence et dit : « Moi aussi, j’en ai apporté une, identique, pour la montrer à l’assistance ; mais lorsque j’ai vu que le président m’avait devancé, je ne voyais pas de raison de rivaliser avec lui. En pareille circonstance, qui m’aurait cru si j’avais dit que j’avais apporté la même pièce ?! »


Honteux et la tête basse on dit : « Rien que pour cela, ça valait la peine d’être venu ! »


Comprenez-vous maintenant ? Quand il s’agit de médisance, ne tenez aucun mot pour argent comptant, pas même ce que vous avez vu de vos propres yeux.