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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – « Soukot »

 

N° 585 « Soukot » – 15 tichri 5767 – ב« ה


RAV DOV BIGON


CECI ETANT


PAR TOI, ISRAEL SE REJOUIRA, LUI QUI SANCTIFIE TON NOM


(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)


La prière mentionne les trois fêtes comme « temps » particulier : « Temps de notre libération », « Temps du Don de notre Thora » et « Temps de notre joie ». Ils s’insèrent dans un tout structurel qui commence à « Pessa’h », « Temps de notre libération ». Alors, Israël est né comme peuple, passant des ténèbres à la lumière, de la servitude à la liberté, à l’instar du bébé qui sort du sein de sa mère ; ensuite, « Shavouot », « Temps du Don de notre Thora ». Mais l’accès à la liberté au sens étatique ne suffit pas, on doit passer au troisième stade, le bébé doit dévoiler son potentiel spirituel par une éducation adéquate et par l’étude de la Thora ; on doit passer de la libération matérielle à la libération spirituelle. Expliquons.


A « Shavouot », « Don de la Thora », on a reçu de Dieu les Dix Commandements ». 40 jours plus tard, Il les a gravés sur les Tables de l’Alliance. Dans ce contexte il est dit : « Les Tables étaient gravées (« ‘harout ») » (Nom XXXII, 16) ; ou : « Les Tables étaient libération (« ‘hérout »), suivant la vocalisation.


Qu’après avoir passé les stades de la libération matérielle et spirituelle, puissions-nous assister à l’aboutissement du processus historique divin ! Vivre en toute sérénité sous la « Souka de Paix », ce que nous faisons déjà avec une intensité toute particulière lorsque au « temps de notre joie », nous allons y habiter avec, à l’esprit, le souvenir, la connaissance et l’intention que « J’ai fait vivre les Israélites dans des « soukot » (huttes) lorsque Je les ai fait sortir d’Egypte » (Lev. XXIII, 41). Les « soukot » en question, explique Rachi par un raisonnement exégétique d’induction, étaient les « Nuées de la Gloire » Divine sous lesquelles notre peuple recevait les bienfaits de l’Immanence.


Ceci étant : Actuellement, nous assistons à la réactualisation des deux premiers stades : la création de l’Etat et le passage de l’exil –deux fois millénaire- à la libération nationale, à l’instar de la Sortie d’Egypte, « Temps de notre libération » ; ainsi qu’au retour à la Thora et à la Tradition juive, manifeste ou caché, qui touche des dizaines de milliers de personnes, à l’instar du « Temps du Don de notre Thora ». Au plus vite, nous assisterons aussi à l’achèvement du processus, la Délivrance, l’arrivée du Messie et la reconstruction du Temple.


De la sorte, les promesses constamment rappelées dans nos prières se seront réalisées. « Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où Tu nous as affligés, que les années où nous avons connu le malheur » (Ps. XC, 1). Dans la joie et dans l’allégresse, l’Eternel nous aura donné en héritage perpétuel les temps de témoignage assignés au Dévoilement de Ton Nom, et, par Toi, en sanctifiant Ton Nom, Israël sera dans la joie (d’après « Amida des Fêtes »).


Joyeuse Fête de « Soukot » !


Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.





RAV SHLOMO AVINER


QUI TROP EMBRASSE MAL ETREINT !


Qu’on ne s’y méprenne pas, on ne peut pas tout faire. Celui qui pense le contraire ne fait rien.


On ne peut pas à la fois aider les pauvres, soulager les miséreux, assumer toutes les tâches et être partout à la fois. On doit agir selon ses forces, et du mieux possible. « Les pauvres de ta ville ont la priorité sur les autres » (« Baba Métsia » 71 a) et la famille passe avant eux car, en ce qui la concerne, l’obligation est d’ordre personnel et non pas collectif.


Dans cet esprit, notre Maître, le Rav Kook, écrivait en substance : nos Sages nous enseignent : « On n’est pas tenu de tout faire » (« Maximes des Pères » 2, §16). Constamment, cette maxime a suivi ceux qui ont grandement contribué au bien de l’humanité. S’ils ne l’avaient pas pressentie, ils n’auraient pas été à même de se concentrer sur les tâches qui les concernaient en propre (« Orot Haréiya », « Shalom Am »).


Contempler tout ce qu’on doit faire est la meilleure façon d’être frustré. Au contraire, on doit considérer avec sérénité la « Symphonie Inachevée ». On ne doit ni composer avec la réalité présente ni, non plus, la dédaigner. On n’est pas seul au monde, et les générations à venir achèveront ce qu’on n’aura pas mené à bien, même si « on n’est pas libre de s’en dispenser » (c’est-à-dire remplir ses obligations) (« Maximes des Pères », ibid.).


Loin de se disperser, on doit au contraire se concentrer sur ce que l’on fait, en ayant à l’esprit le fait que Dieu est associé aux actions bonnes, comme l’expliquait notre Maître dans son article, « Dans toutes Ses Voies, connais-Le » (« Moussar Avikha »).


Lorsqu’on accomplit une telle action, on ne doit pas avoir la tête ailleurs. Si l’on décide d’accomplir la mitsva de visiter un malade à l’hôpital, on ne saurait être, en esprit, dans la salle d’étude, car on doit « se restreindre » (au sens étymologique et fort de ce mot) au malade, voila le secret du « Tsimsoum » (concept cabaliste ; dans ce contexte : « se restreindre » pour laisser place à l’action).


Un homme, dit-on, rencontra un ami qu’il n’avait pas vu depuis de nombreuses années et l’invita à déjeuner.


  • « Comment va ton oncle ?

  • Il est mort.

  • Et ta tante ?

  • Elle aussi !

  • Les orphelins, les pauvres, sans parents ! »


A la fin du repas, il lui demanda :

-« Ou travailles-tu ?

– Chez mon oncle.

– Ne m’as-tu pas dit qu’il était mort ?!

– Lorsque je mange, tout le monde est mort ! »


Certes, le repas ne se définit pas comme l’accomplissement d’une mitsva mais comme celui d’un besoin naturel nécessaire. En conséquence, « Laisse-moi manger tranquille ! » Là encore, exagérer est une erreur.


Un jour, on posa à un éducateur une question perfide : « D’entre tous vos enfants, quel est celui que vous préférez ?

  • Celui avec lequel je me trouve présentement car, alors, il devient tout mon univers. »


On doit considérer comme inexistant tout problème qu’on n’est pas à même de résoudre et, de même, ceux de sa génération ; ils appartiennent aux générations futures. « A chaque jour suffit sa peine » et « il y a un temps pour chaque chose ».