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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Ki Tsétsé »

 

N° 580 Paracha « Ki Tsétsé » – 9 éloul 5766 – ב« ה


RAV DOV BIGON


« DIEU SERA EN GUERRE CONTRE AMALEK

POUR TOUTES LES GENERATIONS »


(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)


Se souvenir de ce que nous a fait Amalek (l’ennemi juré d’Israël) est un commandement de la Thora : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek lors de votre sortie d’Egypte, lorsqu’ils (les Amalécites) te rencontrèrent sur la route. Alors que tu étais fatigué et exténué, ils firent disparaître ceux qui restaient en arrière sans craindre Dieu (Deut. XXV, 17-18). Et Rachi d’expliquer : « Lorsqu’ils te rencontrèrent (« kouf-resh », racine hébraïque qui contient également l’idée de refroidir, de mitiger ; ici, les enthousiasmes) sur la route… Alors que tous les peuples nous redoutaient, ils ont été les premiers à nous faire la guerre. Par-là, ils montraient à tous que cela était possible. Pour prendre une parabole : celle d’une baignoire bouillante dans laquelle personne ne pouvait se tremper. Soudain, un pervers vint s’y jeter. Certes, il s’est ébouillanté mais il l’a refroidie pour les autres, Amalek ne craignant pas de te (notre peuple) porter préjudice. »

La guerre contre Amalek eut lieu à Réphidim (idée de « se relâcher » ; ici, relatif à la confiance en Dieu). Moïse nomma Josué chef d’état-major et lui prescrivit : « Choisis-nous des hommes, et prépare-toi à te battre contre Amalek » (Ex. XVII, 9). Rachi explique : « Des hommes » – Courageux et craignant Dieu dont le mérite soit pour eux une aide.  » Moïse, Aaron et ‘Hour, chefs spirituels et politiques, monteront au sommet de la colline. « Lorsque Moïse levait les mains, Israël avait le dessus… Ses mains restèrent fermes (ou (authentifiant la) « foi ») jusqu’au coucher du soleil » (cf. Ex. XVII in extenso).

Effectivement, Josué l’emporta : « Josué put alors briser les officiers d’Amalek et son peuple par l’épée » (ibid. 13). « Les mains de Moïse », interrogent les Sages, « faisaient-elles et défaisaient-elles les guerres ? – Non ; mais, par-là, la Thora voulait nous enseigner que lorsque (les enfants d’) Israël dirigeaient leur regard vers le (très-)Haut et soumettaient leur cœur à leur Père Céleste, ils avaient le dessus ; sinon ils fléchissaient » (Traité « Rosh Hashana » 29 a). Les mains ainsi tendues vers le ciel symbolisaient le don de soi pour sanctifier par la guerre le Nom de l’Eternel auquel ils sont associés. Lorsqu’ils étaient conscients de cette réalité, ils avaient le dessus (cf. « Néfesh Ha’haïm » partie II, Chapitre XI).


Ceci étant – En nous faisant la guerre, le « ‘hisballa » recherche le même objectif qu’Amalek, montrer aux nations –et, en particulier, à celles qui nous haïssent- qu’on peut faire la guerre à notre peuple considéré jusque-là comme invincible. Par-là, il veut briser l’image de marque qu’ont de nous les nations qui contemplent avec étonnement notre renaissance nationale, concrétisation des promesses prophétiques et preuve de notre caractère d’éternité.


Ce mouvement fanatique est soutenu par les dirigeants de l’Iran, et autres, qui ont pour but déclaré d’exterminer notre Etat, tout comme Hamman, originaire du même pays (la Perse), il y a quelque 2500 ans, lui-même descendant d’Amalek.


Face à ces ennemis, on doit se choisir un chef politique et spirituel animé d’une foi authentiquement ferme, à l’instar de Moïse, capable d’orienter le cœur de notre peuple vers l’Eternel, lui enseigner que la guerre sanctifie Son Nom, perpétue le « caractère d’éternité d’Israël », qu’elle a pour objet l’entité « Amalek » et qu’elle incarne le combat de la Lumière contre les Ténèbres.


N’oublions pas ce qu’a fait l’Amalek d’Allemagne à notre époque, et que « Dieu sera en guerre contre Amalek pour toutes les générations » (Ex. XVII, 16).


Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.



RAV SHLOMO AVINER


UN JOUR BEN GOURION NOUS AURAIT DIT :

OU ETES-VOUS, LES RELIGIEUX,

DANS LES CIMETIERES MILITAIRES ?


Cette, douloureuse, question a toujours été controversée. C’est un fait mais nous –qui sommes idéalistes- aspirons à encore plus de sacrifice de soi. A juste titre, en général, on associe cette valeur à l’étude de la Thora et à la pratique des « mitsvot » notre raison d’être ici-bas : « Heureux celui qui arrive ici (au Monde futur) en ayant avec lui son étude ; mais il y a plus haut que lui : ceux qui ont été tués par le pouvoir (non juif sur Israël), personne ne peut demeurer en leur présence (tant leur mérite est grand ; il s’agit de) « ceux qui étaient de Lod » (Traité « Pessa’him » 51 a), deux frères qui n’étaient pas des érudits en Thora mais qui ont donné leur vie pour sauver notre peuple (cf. Rachi ad loc.).


Depuis lors, bien des événements se sont passés. Avec émotion, dans chaque section du « Béné Akiva » (mouvement de jeunesse religieux-national) resplendit une plaque commémorative où sont consignés les noms des membres de ce mouvement tombés au combat, chacun consolidant sans cesse davantage notre alliance de sang scellée avec notre Terre.


Mais le don de soi et, de façon générale, le Culte rendu à l’Eternel impliquent une condition de la première importance, ne pas s’enorgueillir et ne pas mépriser les autres, se garder de dire : « Les combattants, l’élite, c’est nous ». La guerre, nous ne l’avons pas faite seule, elle est l’œuvre du peuple tout entier ; ensemble, nous recouvrons notre force d’antan.


Quant à moi, ancien membre de kibboutz et qui de cœur et d’esprit, le suis resté, j’ai toujours aimé et admiré le « kibboutz religieux » et le kibboutz en général, et éprouve de la peine lorsque j’entends des propos du genre : « Avant, le kibboutz était idéaliste ; maintenant, il n’est qu’ambitieux. » Or durant cette « dernière guerre » (qui n’a pas encore de nom), le pourcentage de religieux et de membres des kibboutzim tombés au combat était particulièrement élevé. C’est pourquoi j’invite vivement ceux qui critiquent les membres de cette institution à aller au cimetière militaire du Mont Herzl pour s’excuser sur leurs tombes. Une fois pour toute, on doit apprendre à ne pas se croire supérieur et à ne pas critiquer autrui car, outre les religieux et les membres des kibboutz, nombreux sont les idéalistes à avoir combattu dans cette « dernière guerre » dans un esprit de sacrifice, religieux on non, de gauche ou de droite.


Dans ce contexte, on m’a fait le récit suivant : un chef de peloton d’un certain âge qui appartenait à une unité d’élite entendit que la sienne entrait au Liban. Sans y réfléchir à deux fois, il décida de la rallier.


– Que fais-tu là ? Nous sommes des soldats du contingent et non pas des réservistes ?!

  • Qu’importe, maintenant je suis là !

  • Mais tu n’es pas assuré !

  • Ca m’est égal, je seconderai le chef de peloton.


Il s’obstina tant et bien qu’il resta dans son unité. Comme l’officier ne fut plus en mesure de commander, il prit sa place, lui qui, dans la vie civile, dirige un bistro.


Pour reprendre une expression du Zohar, le Rav Kook disait de sa génération qu’elle « est bonne intérieurement, mauvaise extérieurement » (Lettre 555). Quant à moi, pour conclure le récit, je dirais : « directeur d’un bistro, extérieurement, bon, intérieurement. »


Après la Guerre de Kippour » parut une caricature célèbre, un Israélien vivant qui tendait les mains à un autre, dans l’au-delà. Désormais, cette situation vaut aussi pour les religieux et les membres des kibboutzim de l’au-delà.


Aussi, ici-bas, le temps est-il arrivé de tendre sincèrement la main à nos frères de par le monde et à notre Etat.