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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Réé »

 

N° 578 Paracha « Réé » – 25 av 5766 – –ב« ה


(L’article du Rav Dov Bigon ne nous est pas parvenu à temps, nous en sommes désolés)


RAV CHLOMO AVINER


Religieux-nationaux , NON, ON NE VOUS HAIT POINT


(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)


Question – On haït les nationaux-religieux, les habitants des implantations, en particulier, cela ne fait aucun doute. A preuve, ils ont décidé de nous liquider en détruisant Goush Katif, le nord de la Samarie, en enrôlant des jeunes filles dans l’armée, en cherchant à porter atteinte aux « Yéshivot Hesders » (académies religieuses dans le cadre de l’Armée) etc., attitude qui ne date pas d’hier. Le gouvernement est perverti, il faut lutter contre lui, le temps des embrassades est révolu. Ayant perdu pied avec le Sionisme, il cherche à nous anéantir. C’est pourquoi –pour paraphraser un enseignement de nos Sages- devance celui qui te menace et anéantis-le. N’ayez crainte du sang versé et ne brandissez pas le spectre d’une guerre fratricide, puisqu’ils ne sont plus nos frères et qu’ils nous haïssent !


Réponse – Du calme ! Surmontez votre complexe de persécution. Assurément, ceux qui ne partagent pas vos conceptions sont bien souvent à l’origine de terribles désastres ; cependant, le problème que vous soulevez n’est pas d’ordre personnel mais général et résulte d’un état de faiblesse.


Le gouvernement et une grande partie du peuple qui partage sa conception relativement à la Judée Samarie ne trahissent pas le Sionisme car les arguments qu’ils avancent s’inspirent de ce mouvement. Ils craignent de voir le Moyen Orient s’embraser et, pour l’éviter, ils sont prêts à payer le prix fort, conception certes erronée mais qu’ils prônent au nom du Sionisme.


  1. Ils redoutent le « problème démographique », cinq millions d’Arabes ; deux millions en Judée Samarie, un million et demi à Gaza et le même nombre à l’intérieur de la ligne verte.

  2. Ils ne sont pas à même de faire face à la situation politique « d’occupants » qui ne jouissent pas de la reconnaissance internationale. A présent, ils recherchent l’appui des États-Unis parce qu’ils redoutent l’Iran qui, par démence, développe la bombe atomique, sans craindre de recevoir en boumerang la mort de centaines de milliers de personnes, car les dirigeants spirituels de ce pays exaltent, comme valeur suprême, la mort en martyr. Ils voient dans ce bas-monde l’expression de la vanité et, dans l’autre, celle de la félicité. Dans cet esprit, lors de la guerre contre l’Irak, ils envoyaient des adolescents de 12-14 ans se faire tuer sur des champs de mines pour ouvrir un passage à l’armée. Suivant cette conception du monde, mourir en martyr c’est se donner la possibilité de voir se dévoiler le 12ème Imam, Sauveur mystérieux, mort il y a plusieurs centaines d’années mais qui, à leurs dires, est toujours vivant, le Messie. Les Iraniens voudraient sauver cinq millions de Juifs par la mort de 50 000, le centième, équation tragique mais, estiment-ils, nécessaire.


Bientôt, vous direz que Herzl n’était pas sioniste parce que, redoutant le risque de l’extermination, il envisageait un moment de créer notre Etat en Ouganda ! Peut-être arguerez-vous aussi que l’armée ne l’est pas non plus puisqu’elle a démantelé Goush Katif. Ces comportements, répétons-le, ont pour origine la peur et des conceptions erronées.


Ne l’oubliez pas, Israël –avec toutes ses connotations positives- reste votre Etat même si, actuellement, il traverse des difficultés. Vous n’êtes pas un petit enfant gâté et capricieux, je le sais. C’est pourquoi, continuez à combattre avec nous, la victoire est à notre portée, l’Esprit prime la force. Nous sommes influents et pouvons inverser le courant. Aussi, continuez à lutter afin que ce qui fut ne soit pas à nouveau (inspiré de Ec. I, 9). Se percevoir comme « minorité persécutée » est très grave, ressaisissez-vous.


Ne subordonnez pas votre foi à la réussite ou à l’échec. Prenez à votre compte ce que disaient ‘Hanania, Mishaël et Azaria à Nabuchodonosor qui, sous peine de mort, voulait les contraindre à se prosterner devant son idole : « Si notre Dieu que nous honorons est capable de nous sauver, Il nous sauvera bien de la fournaise ardente ainsi que de ta main, ô roi ! » (Dan. III, 18). Par leur détermination, explique Rachi, ces trois Justes mettaient en pratique le commandement d’être « sanctifié parmi les enfants d’Israël » (Lev. XXII, 32).


On nous aime, nous recherche et tenons à notre existence. Sous leurs diverses tendances, les religieux- nationaux sont une force immense et peuvent modifier la situation. Mais à cela il faut du temps. Aussi, cessez de vous replier sur vous-mêmes, d’être morbide et de vous lamenter. La clef du présent et de l’avenir c’est chez nous qu’elle se trouve. Nous le disons humblement du sein du peuple où nous vivons (cf. pour contexte, Commentaires sur Roi II, IV, 13).


Trois courants traversent la nation, expliquait le Rav Kook (« Orot », « Orot Haté’hiya », 18) : religieux, national et humaniste. Or nous sommes au confluent des trois. C’est pourquoi nous sommes appelés à diriger. Assurément, il y a plus religieux, plus nationaux et plus humanistes que nous. Mais le pouvoir de synthétiser c’est encore chez nous qu’il se trouve car « j’ai tout » (Gen. XXXIII, 11 ; relativement à Jacob qui synthétise les deux Modalités opposées, celle d’Abraham, la Générosité, et celle d’Isaac, la maîtrise de soi).


Réjouissons-nous d’être ce que nous sommes, choisis par Dieu pour guider notre peuple. Quant à nos petites différences, ne les laissons pas nous diviser. Répétons-le, le peuple nous apprécie. A nouveau, ne sombrez ni dans le morbide ni dans l’extrémisme si, réellement, vous voulez servir votre cause.


Puisons à ce que notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, appelait « la trame de ce qu’il y a de fort et de sain dans la Nation. » De la sorte, nous lui insufflerons foi, détermination, vaillance et joie, l’Eternel gratifiant de ces qualités ceux qui y aspirent.