N° 634 Paracha « Hazzinou » – 3 tichri 5768 – בס »א ובס »ד
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
« SONNE DU GRAND SHOFAR POUR NOTRE LIBERATION »
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Comme son nom l’indique, « Rosh Hashana », « début » (mot à mot : « tête » de l’Année, influe sur toute l’année à venir, à l’instar de la « tête » qui influe sur l’organisme tout entier, au niveau matériel comme spirituel. C’est pourquoi on a pour usage de la commencer en souhaitant une heureuse année et, lors du repas de fête, de prononcer sur les aliments des bénédictions qui visent à commencer l’année d’un bon pas ; comme manger une pomme sur laquelle on a mis du miel, en demandant à l’Eternel « Que l’année nouvelle soit douce comme lui ». Il ne faut pas prendre cet usage à la légère car il renvoie à des considérations de la première importance, un peu dans le sens où nos Sages mettent en garde : « Ne prends pas à la légère la bénédiction d’un homme du commun ».
En particulier, on doit écouter attentivement les sonneries du shofar (corne, généralement de bélier) qui, elles aussi, renvoient à des contenus de significations d’une profondeur insondable. Bornons-nous, ici, à rappeler les plus répandues.
De par sa nature, le son du « shofar » nous pénètre, nous réveille de notre torpeur, nous incite à « améliorer » (même racine –shin-pé-resh- que « shofar ») nos actes et nos qualités. De plus, il nous rapproche de l’Eternel et insuffle en nous la foi que « L’Eternel, Dieu d’Israël, est le Roi (par excellence) et qu’Il règne sur toute chose » (Prière de « Rosh Hashana »). Expliquons.
Comme on sait, l’enchaînement des « fréquences » du shofar » qui revient le plus souvent est la suivante : « Téki.a » (son prolongé) ; « Shévarim » (trois sons assez longs) ; « Téroua » (série de sons brefs) ; « Tékia », enfin (durant la prière, les sonneries sont ordonnées suivant d’autres « fréquences » qui font l’objet de d’une étude, à tous les niveaux). Une « grande téki’a » termine ces sonneries.
Au niveau du « péshat » (premier niveau d’exégèse), nos Sages expliquent ainsi les différentes « sonneries ».
La « Téki’a » : son simple (au sens où ce mot s’oppose à « sophistiqué »). Il renvoie à la modalité de la « Générosité ».
Les « Shévarim » et les « Térouot » : ces sons qui ressemblent aux sanglots, aux gémissements et aux plaintes, renvoient à la Modalité inverse, celle de la Rigueur.
Ces sonneries d’essence divine nous enseignent, nous rappellent et renforcent notre conviction que l’Eternel dirige Son monde et le nôtre suivant la Modalité de la Générosité et « qu’elle s’étend sur toutes Ses créatures » (Ps. CXlv, 9). Quant à nous, « Croyants descendants de croyants » (Sources, passim), nous restons fidèles à notre foi même lorsque « L’Eternel voile Sa Face » (Bible et Sources, passim ; que la Providence nous semble être occultée) et que nous vivons des situations qui inspirent en nous les sanglots, les soupirs et les gémissements. Même alors, nous savons avec évidence que tout a le bien pour finalité ; c’est pourquoi nous terminons chaque « fréquence » par une « Téki’a, son simple et prolongé, qui renvoie –rappelons-le- aux Modalités de la Générosité et de la Miséricorde qui s’étendent en permanence, en tout temps et en toute circonstance, et qui se dévoilent comme le soleil à son lever, après une nuit de ténèbres.
Ceci étant – Les sonneries du « shofar » ne renvoient pas seulement à la dimension personnelle et individuelle mais aussi à la dimension collective d’Israël et à celle de l’humanité. La « grande téki’a » qui les termine renvoie à celle du « grand shofar » que fera entendre le Messie, espérance que nous exprimons chaque jour dans notre prière : « Fais entendre le grand shofar pour nous délivrer ; opère un miracle pour regrouper nos dispersés et réunis-nous en un tout, des quatre coins de la terre, sur notre pays » (« Amida »).
Nous avons bien de quoi nous réjouir d’assister à l’accomplissement de cette prière, l’une des grandes promesses prophétiques.
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
Bonne et heureuse année !
RAV SHLOMO AVINER
Directeur de la « Yéshiva » « Atéret Yéroushalaïm »
NE VOUS LAISSEZ PAS ABUSER PAR VOTRE PENCHANT AU MAL
Question – Mon penchant au mal est bien plus puissant que celui de mes amis. Plus je lutte, plus je chute. Sincèrement, j’aspire à me rapprocher de l’Eternel mais en vain ; d’ailleurs, j’y ai renoncé.
Réponse – Mensonge éhonté ! Votre penchant au mal vous induit en erreur, c’est sa manière d’agir. Il fait flèches de tout bois et utilise des méthodes psychologiques pour engendrer le désespoir. Je connais bien celles de ce « roi, vieillard qui se croit intelligent » (Prov. XIV, 13).
Vous n’avez pas un penchant au mal hors du commun mais, comme nous tous, vous ne connaissez pas tous les mystères de la vie. Chacun pense que le sien est inégalable. Là encore, on est abusé par ses sentiments. Et s’il est vraiment comme vous le dites, il est compensé par votre penchant au bien qui se fortifie d’autant, c’est une loi de la Providence, « Dieu faisant correspondre l’un à l’autre » (ibid. VII, 14), veillant constamment à maintenir l’équilibre.
Dans le « Dérekh Hashem », Rabbi ‘Haïm Luzzato s’étend longuement sur ce point. L’Eternel, explique-t-il, a créé ces deux tendances inverses en veillant constamment à leur équilibre pour donner à l’homme la dimension du libre-arbitre. Prétexter qu’on ne peut pas maîtriser son penchant au mal c’est accuser l’Eternel de commettre la terrible injustice d’avoir tout conclu d’avance, qu’Il fait chuter Ses créatures et qu’ensuite Il le leur reproche.
Non. Vous avez de grandes ressources et si, comme vous l’affirmez, vous avez un penchant au mal particulièrement fort, vous n’êtes pas moins fort que lui. C’est un fait, « Plus on est grand plus son penchant au mal l’est aussi » (Traité « Souka » 52 a).
Ces pulsions qui vous tourmentent dévoilent en filigrane l’existence d’aspirations à la sainteté élevées, latentes, qui ne demandent qu’à s’extérioriser. C’est pourquoi ne prêtez pas attention à ces arguments qui émergent de votre conscience, affabulations qui vous usent et qui ne vous procurent qu’un sentiment de satisfaction illusoire, pièges que trame le penchant au mal. Soyez vaillant, allez sans peur au combat, vous en sortirez vainqueur.
Le « Ba’al Shem Tov » utilisait des paraboles pour illustrer ces considérations ; celle, par exemple, d’un homme qui se languissait de son roi. Il prit la route pour le voir. Arrivé devant le palais, il vit une haute muraille, décida de rebrousser chemin mais, s’étant ressaisi, la franchit. Arrivé de l’autre côté, il se retourna, la muraille avait disparu. Continuant sa route, il vit un abîme ouvert devant lui. Sans peur, il s’y jeta mais celui-ci s’aplanit aussitôt. Reprenant sa marche, il rencontra une armée puissante qui lui barrait le chemin. Il rassembla toutes ses forces pour lutter contre elle, elle venait de se dissiper. Voilà le genre d’entraves qu’emploie le penchant au mal pour faire trébucher la personne. On croit l’obstacle insurmontable mais lorsqu’on a confiance en soi et qu’on veut l’affronter avec vaillance, on le voit disparaître comme par enchantement. En revanche, lorsqu’on se convainc qu’on ne réussira pas, on concrétise la parole de ce faux prophète, fourbe et rusé.
Un jour, pour citer une autre parabole du grand Maître, un roi voulait savoir si ses sujets lui étaient fidèles. Pour ce faire, il confia cette tâche à son premier ministre. Pareil à un provocateur, il sillonnait le pays en incitant le peuple à se révolter contre le roi et à faire ce que bon lui semble. Certains abondaient en son sens. Avec amertume, il consignait leur nom dans son carnet ; d’autres, au contraires, s’insurgeaient contre lui avec véhémence ; avec satisfaction, il consignait également leur nom. La révolte s’amplifiait de jour en jour jusqu’à ce qu’un vieillard qui se trouvait dans la foule s’écria : « Cette homme qui pousse à la révolte, je le connais, c’est le premier ministre du roi qui vous met à l’épreuve ». Immédiatement, la foule se dispersa.
Ainsi, si le penchant au mal vous provoque, détournez-vous de lui sans retard, ce n’est qu’un messager de Dieu que vous pouvez maîtriser.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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