N° 633 Paracha « Nitsavim-Vayélekh » – 25 éloul 5767 – ב »ה
RAV SHLOMO AVINER
QUELQUES CONSIDERATIONS SUR LES RAISONS DU CELIBAT
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
En Israël, le célibat est très répandu, phénomène hautement déplorable. Pour essayer d’y mettre un terme, il faut s’efforcer d’en rechercher les raisons, au moins la principale.
On tend à devenir de plus en plus individualiste, à penser constamment à soi et à s’aimer exagérément. Certes, la Thora prescrit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lev. XIX, 18), car le don de vivre est inappréciable, à condition d’en avoir encore pour l’Eternel et pour son prochain.
Le mariage repose sur l’amour d’autrui, immense, mais qui ne va pas jusqu’à annihiler sa propre personne au profit de l’autre ni, à l’inverse, considérer ce dernier comme un instrument de satisfaction.
Dans son essai, « Journal d’un Séducteur », le philosophe existentialiste danois Soren Kierkegaard décrivait le comportement d’un homme qui, de fait, n’aimait pas sa compagne mais qui voyait en elle le moyen de rechercher la jouissance et les expériences.
Celui qui prône cette attitude ne se mariera pas ou sera très malheureux car, pour employer un euphémisme, sa compagne ne répondra pas à toutes ses attentes et le temps émoussera les passions.
Par définition, l’individualiste est bien plus enclin à recevoir de son conjoint qu’à lui donner, et n’éprouve guère la joie que donne l’exercice d’un commandement (cf. Maïmonide, « Hilkhot Souka Véloulave » fin). Son amour n’est pas motivé par des considérations d’ordre moral qui devraient le pousser violemment à aspirer au bien de l’autre, mais uniquement par des considérations qui relèvent du plaisir. Bien entendu, la Thora reconnaît ce sentiment tant qu’il reste « kasher » (dans le cadre de la Thora et de la loi rabbinique), donner et recevoir à part égale. Par-là, le couple sera heureux parce qu’il respectera l’équilibre entre plaisir et don. Mais si l’individualisme est exacerbé, il incite à commettre des abjections, l’homosexualité, par exemple, et fait dire à celui qui s’y livre qu’il est heureux comme cela et qu’on doit l’accepter tel qu’il est ; ou, pour parodier le verset : « Je fixe constamment mes regards sur moi, et sur ma jouissance » (cf. Ps. XVII, 8 : « Je fixe constamment mes regards sur l’Eternel »).
Cette conception du monde a pour origine la culture occidentale qui l’a reçue de la culture grecque qui, elle-même, l’a reçue du paganisme ; elles ont en commun de prôner l’assouvissement des plaisirs.
En disciples spirituels de Moïse, notre Maître, nous voyons dans le monde le lieu d’exigences morales à remplir (« Sentier de Rectitude », Chapitre I), source de la joie authentique. Néanmoins, on ne saurait commettre l’erreur de faire le bien pour être heureux, mais uniquement le faire parce qu’il est tel (Maïmonide, « Hilkhot Téshouva » 10 ; « Maguide Mishné », « Hilkhot Loulave » fin) ; ainsi, on sera heureux.
L’individualisme poussé à l’extrême empoisonne la vie morale, entrave gravement la vie familiale et même l’existence. En revanche, par le mariage, on transcende son « moi », les plaisirs, les expériences, son univers mesquin et l’étroitesse d’esprit qui incite à prendre soin de sa petite personne.
Ainsi, grâce à lui, on échappe au danger d’hypertrophier l’ego et on reçoit deux bienfaits, son conjoint et l’affranchissement de l’égoïsme.
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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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