N° 575 Paracha « Dévarim » – 4 Ména’hem av 5766 – ב« ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
« SOIS FORT, SOYONS FORTS »
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Actuellement, nous sommes engagés dans une « mil’hémet mitsva » (« guerre obligatoire », commandement de la Thora), comme l’explique Maïmonide. « On entend par « mil’hémet mitsva »… une guerre visant à libérer Israël d’un oppresseur » (Maïmonide, « Hilkhot Méla’him », 1).
En temps de guerre, on doit renforcer le moral du peuple. C’est pourquoi la Thora prescrit de nommer un « Cohen » appelé « méshoua’h milkhama » (« oint pour la guerre ») qui se tient en un lieu élevé d’où il voit tout le champ de bataille. En hébreu, il dit au peuple : « Ecoute, Israël. Aujourd’hui vous vous préparez à livrer bataille à vos ennemis. Ne perdez pas courage, n’ayez pas peur, ne vous alarmez pas et ne vous relâchez pas devant eux » (Maïmonide sur Deut. XX, 3). « Une fois engagé dans le combat, on mettra sa confiance en Celui qui soutient Israël et le délivre en période d’adversité. On comprendra qu’on combat pour l’Unité (du Nom de) Dieu. On se montrera vaillant et on ne craindra rien… Au combat, celui qui se met à méditer et à susciter en lui la peur enfreint un commandement restrictif de la Thora… Bien plus, il est responsable d’avoir fait couler le sang d’Israël. S’il ne s’est pas maîtrisé et qu’il n’a pas combattu du plus profond de son être, il est tenu responsable de tout le sang versé, comme il est dit : « Que sa lâcheté ne démoralise pas ses frères » (ibid. ibid. 8).. En revanche, celui qui combat de tout son être, sans peur, avec, à l’esprit, la seule intention de sanctifier l’Eternel, celui-là peut être assuré qu’il ne lui arrivera rien de mal, qu’il fondera une famille solidement établie et que lui et ses descendants auront perpétuellement droit au monde futur. »
Ceci étant – Nous sommes à la période de l’année dite de « Bèn Hamétsarim » (« d’entre les détresses », qui commence au 17 tamouz et s’achève au 9 av), où l’on se souvient de la destruction des deux Temples. Nous devons aussi nous tourner vers l’avenir, apprendre, comprendre et reconnaître que nous entrons dans la période de la construction du troisième Temple, période qui commence par le retour des dispersés et la création d’une entité étatique (Israël). Les Prophètes et les Sages s’accordent à dire que la construction du troisième Temple se fera dans la guerre. « A la 7ème année, (il y aura) des guerres. A l’issue de cette année arrivera le descendant de David (le Messie) » (Traité « Sanhédrin » 97 a).
Les Nations n’ont pas encore composé avec notre renaissance nationale et, de toutes leurs forces, ils essaient d’éteindre la « flamme d’Israël » qui se remet à briller. Aussi nos guerres actuelles sont-elles dictées par la Thora. Constamment, durant ces dernières années, les dirigeants de l’Etat voulaient nous faire comprendre que la paix véritable ne passerait que par des concessions territoriales, « Accords d’Oslo, « Séparation » ou autres chimères que vient effacer la cruelle réalité de cette guerre. Nos ennemis interprètent ces « plans » comme des expressions de faiblesse et de défaitisme. Ils émoussent la puissance de l’armée et démoralisent les soldats. Ils résultent d’une erreur d’appréciation de la réalité.
Actuellement, il faut prier et dire à la Nation et à ses dirigeants d’ouvrir les yeux, de comprendre une fois pour toutes qui sont nos ennemis, et de mener contre eux une guerre sans pitié. De la sorte, nous sanctifierons le Nom de l’Eternel aux yeux du monde entier. « Sois fort, soyons forts, pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu » (Sam. II X, 12).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
CELUI QUI A DETRUIT GOUSH KATIF LE RECONSTRUIRA
Sous le dais nuptial, on a l’usage de déposer de la cendre sur la tête du fiancé en souvenir de la destruction du Temple. Moi, je dépose du sable de Goush Katif, ce qui, un jour, fit pleurer une jeune fiancée, moi aussi, intérieurement.
« Croyants descendants de croyants » (passim), nous répétons : « Non, nous n’avons rien oublié, nous reviendrons ». Mais pour guérir cette terrible blessure, nous devons analyser les raisons, attitude d’esprit prônée, entre autres, par Maïmonide. « Est dit sage celui qui connaît telle chose par relation de causalité » ; ou, pour reprendre l’enseignement bien connu, « celui qui voit par anticipation » (Traité « Tamid », 32 a). En fait, les deux enseignements se ressemblent car si l’on connaît les causes, on peut planifier l’avenir. Le problème est d’identifier les causes authentiques. Dans le cas présent, elles sont si nombreuses et se rattachent à des domaines si diversifiés qu’elles semblent presque aléatoires et nous plongent dans la perplexité. Aussi doit-on remonter à la « Cause de la causalité » (Zohar passim), l’Eternel.
Les processus historiques sont régis par des lois mais Dieu est au-dessus des lois, bien qu’Il les utilise pour agir. La destruction de Goush Katif et du nord de la Samarie sont la conséquence d’un décret divin, ce qui pose la grande question métaphysique : comment Dieu, Bon par essence, peut-Il vouloir le mal ? Un verset biblique authentifie « l’étonnement » : « Je forme la lumière et crée les ténèbres, J’établis le bien et suis l’Auteur du mal. Moi l’Eternel je fais tout cela (Is. XLV 7). Ainsi, Tout vient de Lui, le bien comme le mal. Sur celui-ci, on prononce la bénédiction : « …Lui qui est Bon et fait le bien » ; sur celui-là : « …Juge de la Vérité », jugement bien sévère mais vrai, néanmoins. « Les œuvres du Tout-puissant sont parfaites, car toutes Ses voies sont justes. Il est un Dieu digne de confiance, jamais inique, Juste et Moral » (Deut. XXXII, 4).
Aussi, lorsqu’une chose nous semble mauvaise, on doit savoir qu’elle est telle pour notre bien, que présentement nous la percevons ainsi mais que plus tard nous la considérerons bonne, même si au moment présent, nous n’en comprenons pas les raisons. Dieu aime Son peuple, Israël, d’un amour éternel (inspiré de la bénédiction adjacente à la lecture du « Chéma » du « matin.
Ces considérations ne réfutent en rien la notion de responsabilité, de ceux qui font le mal, en particulier, qui auront sur cela des comptes à rendre, car ils ont le libre-arbitre, principe moral fondamental qui vaut pour les Juifs comme pour les non Juifs. Le remettre en question c’est remettre en question la Thora comme praxis. (cf. Maïmonide, « Hilkhot Téchouva » 5). Je suis libre et, pourtant, Dieu supervise jusqu’à mon comportement, contradiction, pour l’entendement, limité par essence (cf. ibid. ibid. fin ; « Orot Hatéchouva » 16 a 1).
Nos Sages on énoncé un grand principe inhérent à la Providence Divine : « Dieu punit par ceux qui doivent l’être et récompense par ceux qui doivent l’être » (Traité « Shabbat » 32 a). C’est pourquoi Il châtiera « Ashour » (exemple à valeur allégorique ; cf. Is. X, 5) et voit en Nabuchodonosor (qui a exilé notre peuple en Babylonie et a détruit le premier Temple) « Mon serviteur » (Jér. XXVII, 7).
Dieu est la Cause première, Il agit médiatisé par la causalité. Lorsqu’on décide de se mettre au service du mal, on est poursuivi par lui.
Ainsi, croire et savoir que la Providence divine agit sur tout ne conduit nullement au fatalisme puisque, comme ci-dessus mentionné, bien qu’étant les instruments de Sa Volonté, nous pouvons choisir de mettre en pratique l’une ou l’autre des deux modalités opposées, suivant notre mérite ou notre manque de mérite. On doit donc aspirer à être cause, médiateur du Bien.
Tout ce que nous avons fait pour Goush Katif et pour le nord de la Samarie avait pour motivation le bien et le Nom de l’Eternel, même si nous avons échoué. Nous avons fait ce que nous pouvions ; le reste dépendait de Lui qui, de même, a décidé de frapper d’une maladie le chef de l’Etat après –et non pas avant- l’expulsion.
Mais nous ne désespérons pas et ne voulons tenir personne pour responsable des événements passés. Plus que jamais, de tout notre être, nous aspirons à aller de l’avant, sachant que, « Eternel, par le feu Tu l’as détruite (Jérusalem) et (que), par le feu tu la reconstruiras » (« MéNa’hem », prière dite au neuf av), par l’intermédiaire de tes envoyés fidèles, Ton peuple, Israël.