N° 559 Paracha « Tsav » – 10 sivan 5766 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
« LE RECIT DE LA SORTIE D’EGYPTE, UNE HISTOIRE D’AMOUR
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
La fête de « Pessa’h » (Pques) s’appelle ainsi parce qu’elle évoque la mansuétude et l’immense amour de Dieu à l’égard de Son peuple, « Lui qui a épargné (mot-à-mot- : « Qui est passé sur ») vous lorsqu’Il a frappé les premiers-nés d’Egypte. » Le fléau ne vous atteindra pas lorsque Je frapperai l’Egypte… Vos enfants vous demanderont peut-être alors : « Quel est ce rite pour vous ? » Vous répondrez : « C’est le rite de Pessa’h pour Dieu qui épargna les maisons des Israélites en Egypte quand Il frappa les Egyptiens ». Le peuple inclina la tête et se prosterna » (ibid. XII).
Ces actes (incliner la tête et se prosterner), explique Rachi, avaient eu pour origine l’annonce de la délivrance, du don d’Eretz Israël et de la grande postérité qu’il laisserait derrière lui (cf. Rachi ad loc.). Son amour, sa foi et sa confiance en l’Amour divin étaient si grands qu’il voulut Lui témoigner ainsi ses marques de reconnaissance, bien qu’il fût encore asservi à l’Egypte, tel celui qui continue à aimer malgré la détresse et les malheurs qui l’accablent (cf. « Sentier de Rectitude », « Ha’hassidout »).
De fait, le récit de la Sortie d’Egypte est l’histoire du grand amour entre nous et « Lui qui choisit Son peuple, Israël, par amour », témoignage quotidiennement proclamé dans la « Bénédiction adjacente à la lecture du Chéma » (ci-dessus mentionnée) et par celle du « Chéma » proprement dit. « Tu aimeras l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme et de tous tes moyens » (Deut. VI, 5), verset qui contient, certes, un commandement, mais aussi une promesse, comme le savent les érudits en
Thora.
Dans le même esprit, on a pour usage de terminer le « Séder de Pessa’h » par la lecture du « Cantique des Cantiques », poème d’amour sublime écrit par le roi Salomon pour célébrer l’amour unissant la « Knesset Israël » (l’Ame d’Israël à l’état ontologique) à l’Eternel.
Ceci étant – Par le récit de la « Hagada » en cette nuit de fête, de génération en génération, en peuple libéré, nous retransmettons de père en fils cet immense témoignage d’amour. De fait, nous l’avons toujours proclamé, même durant les pires périodes de notre histoire, celle de l’Espagne de l’Inquisition, de l’Europe nazie et autres. Constamment, dans la clandestinité, les Juifs ont lu la « Hagada », dévoilant par-là l’authenticité de leur amour pour l’Eternel, désintéressé et inaltéré, même dans l’adversité.
La « Hagada » commence par « nous étions esclaves de Pharaon en Egypte », pour se terminer par « L’an prochain à Jérusalem, reconstruite », histoire d’amour plusieurs fois millénaire.
Nous avons de quoi nous réjouir d’être en Eretz Israël, à Jérusalem, et d’assister à la réalisation des promesses faites à nos ancêtres en Egypte. « C’est pourquoi nous devons remercier, louer… et célébrer Celui qui a fait ces miracles, pour nos ancêtres et pour nous… Qu’en Sa présence, nous disions un cantique nouveau » (« Nichmat kol ‘haï » lu, entre autres, le Shabbat à la « Prière du Matin »).
Joyeuse fête de Pessah !
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
COMPROMIS ET PRINCIPES
Question – Ne devrions-nous pas, peut-être, faire des concessions territoriales plutôt que de risquer de tout perdre, même si nous sommes dans notre droit ? Au lieu de nous mettre contre le gouvernement, ne devrions-nous pas, plutôt, entamer le dialogue avec lui ?
Réponse – Non, c’est un principe de la foi. Il y a plusieurs siècles, en Allemagne, vivait un sage éminent, Rabbi Amnon, auteur du « Nétoné Tokef » (poème liturgique lu à « Rosh Hashana ») qui occupait un poste important à la cour du roi. Un jour, celui-ci décida de le convertir de force au Christianisme. Pour gagner du temps, le sage lui demanda trois jours de réflexion. Immédiatement, il se rendit compte de la portée de ses paroles et se repentit sur le champ, il y a des questions sur lesquelles on ne transige pas, renier sa foi ou brader une partie de son pays, par exemple.
Si l’on kidnappait votre femme, entameriez-vous des négociations avec les ravisseurs pour qu’ils vous la rendent dans quelques jours plutôt que de la perdre définitivement ? « Si des non Juifs vous demandent : « Donnez-nous l’une de vos femmes sinon nous les souillons toutes », qu’ils mettent leur menace à exécution mais que nous ne livrions pas un membre d’Israël. De même, s’ils vous demandent : « Donnez-nous l’un des vôtres pour le tuer sinon nous vous tuons tous » (Maïmonide « Hilkhot Yessodé Hatorah » (5, §5). Le paradoxe n’est qu’apparent. S’ils les prennent de force, c’est assurément un terrible malheur mais nous ne commettons pas de faute. En revanche, si nous leur cédons ne serait-ce qu’un d’entre nous, nous en commettons une, extrêmement grave.
Lors de la première tentative d’implantation à Elon Moré, le gouvernement de l’époque était prêt à faire une concession, l’autoriser à l’intérieur d’un camp militaire. Cependant, notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, s’y opposa formellement : « L’endroit où nous sommes fait-il oui ou non partie d’Eretz Israël ?! » La tentative échoua et des dirigeants de « Goush Emounim » critiquèrent le Rav qui, à leurs dires, manquait de souplesse politique ; la prochaine fois, ils ne le prendraient pas avec eux. En réalité, le grand Maître avait eu raison et le combat donna à l’implantation juive en Judée Samarie un souffle si grand qu’elle compte à présent plus de 250 000 habitants. Certes, on avait perdu un combat mais on avait gagné la guerre.
En affaire ou dans certains jeux, l’art est de perdre un peu pour gagner beaucoup. Dans le cas présent, l’enjeu concerne la vie et les idéaux spirituels, questions qui ne sont pas négociables (sur ce point, cf. « Orot » page 114). Tout compromis en la matière n’émane que de la tristesse et du désespoir ; or nous ne nous laissons pas aller à ce genre de sentiments, nous qui sommes, au contraire, pleins de force, de vaillance et de confiance en l’avenir malgré les difficultés. D’ailleurs, il y en a toujours eu, l’important est de les surmonter, aujourd’hui ou demain, peu importe. Là encore, la patience est une forme de sagesse. En attendant, on doit combattre et convaincre.
En passant –digression qui n’en est pas une- je voudrais ici dénoncer une injustice : décrier la « Moétsèt Yésha » (les dirigeants de la Judée Samarie). Les propos malveillants tenus contre elle ne sont que calomnies, mensonges et ingratitudes. Ses membres donnent leur vie pour Eretz Israël et luttent pour elle de toutes leurs forces. La critique est positive tant qu’elle reste amicale et respectueuse. Ne sommes-nous pas frères ? Ne serait-il pas plus agréable de vivre dans l’harmonie ?!
Unissons-nous, réconcilions-nous, emplissons-nous de forces et d’espoir. Par-là, nous atteindrons la félicité.
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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