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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Ki Tissa »

N° 556 Paracha « Ki Tissa » 5766– ב »ה

RAV DOV BIGON

L’IMPERATIF DE L’HEURE? REDIGER UNE CHARTEN A L’INTENTION DE NOTRE PEUPLE

(Traduit par Maïmon Retbi)


Au début du deuxième Temple, ceux qui étaient revenus de Babylonie ont traversé une crise, externe et interne.

Interne – Ils avaient pratiquement oublié la Thora, s’étaient dégradés moralement et contractaient des mariages mixes.

Externe – Ceux qui se trouvaient alors dans le pays ne cessaient de les attaquer dans le but de détruire le Temple qui venait tout juste d’être construit, et d’annuler l’autonomie restreinte que Cyrus avait octroyée aux Juifs.

Ezra et Néhémie oeuvrèrent pour renforcer et refaire l’unité du peuple. Entre autres, ils décidèrent de rédiger une charte qu’ils firent signer aux dirigeants de la nation. « A la suite de tout cela, nous conclûmes un pacte que nous mîmes par écrit et qui fut signé par nos chefs, nos lévites et nos prêtres (Néh. X, 1). Par cette charte, ils s’engageaient à croire en l’Eternel, à mettre en Lui toute leur confiance et à suivre la Thora (Cf. Rachi ad loc.), initiative qui répondit aux attentes. Par-là, notre peuple trouvait la force et la vaillance de s’opposer aux mauvais desseins de nos ennemis.

Dans un esprit diamétralement opposé, Haman, le pervers, rédigea lui aussi une charte avec, pour but, « de détruire, exterminer et anéantir tous les Juifs » (Es. III, 13) qu’il fit signer par Assuérus, menace qui plana sur nous jusque ce que la reine Esther parvînt à remplacer l’édit du grand persécuteur par un autre, à nous favorable. « Eh bien ! Ecrivez vous-mêmes au nom du roi en faveur des Juifs, comme vous le jugerez bon » (ibid. VIII, 8).

Ceci étant – A notre époque, on a aussi rédigé des chartes et autres protocoles de ce genre visant à exterminer le peuple juif : les innombrables déclarations nazies, la Charte Palestinienne et celle du « Hammas » qui appellent à la Guerre Sainte et à l’extermination de l’Etat juif. « Les Musulmans feront la guerre aux Juifs et les tueront jusqu’à ce qu’ils aillent se cacher derrière les rochers et les arbres et que ces derniers se mettent à dire : « Oh Musulmans ! Oh serviteurs d’Allah ! Un Juif est derrière moi, venez le tuer » (Charte du ‘Hammas », d’après la traduction du « Merkaz Lémoréshet Hamodiim »).

Devant ces déclarations d’intention, on doit s’inspirer de l’initiative de Néhémie ci-dessus mentionnée. Certes, à la création de l’Etat, les dirigeants de l’époque signèrent la « Méguilat Haasmaout », ratification du consensus national de l’époque après deux mille ans d’exil. Mais, actuellement, alors que la nation traverse une crise spirituelle et morale, que notre unité laisse apparaître des failles, que le gouvernement et l’appareil judiciaire perdent le crédit et la confiance dont ils jouissaient jusque là, nous devons nous réorganiser et ne plus nous contenter de ce texte, c’est un impératif de l’heure.

Nous devons établir une nouvelle convention, signée par les représentants des principaux courants de la nation, fondée sur le consensus actuel. Elle déterminera et dévoilera à tous l’aspect, l’identité, la spécificité, l’objectif véritable et la finalité de notre nation, ainsi que sa position et sa relation vis-à-vis des autres.

Par elle, nous comprendrons mieux le genre d’éducation et de culture qui permettront à notre peuple d’œuvrer dans le sens de sa destination historique.

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.




RAV SHLOMO AVINER

QUE GAGNONS-NOUS A ETRE UN PEUPLE ?


Question – Notre peuple renaît à la vie, ce dont on se réjouit. Mais on ne saurait se cacher que, le
monde civilisé tend à s’unifier, les peuples européens, par exemple. Pourquoi l’humanité ne formerait-elle pas une seule famille, pourquoi s’obstiner à défendre l’identité nationale, attitude qui fait couler tant de sang ?

Réponse – La question est légitime. Les deux positions antagonistes se retrouvent déjà chez nos premiers Maîtres. Illustrons-les par deux citations :

« L’homme est cher, lui qui a été créé à Son image (suivant la représentation que Dieu avait de lui avant de le créer). « Israël est cher, lui qui est appelé « fils du « Makom », (l’un des Noms de Dieu) (Maximes des Pères III, 18).

En réalité, ces enseignements ne sont pas contradictoires car ils proviennent d’un même Maître, le très éminent « Rabbi Akiva.

Assurément, l’humanité ne forme qu’une famille puisqu’elle descend d’Adam ; cependant, chaque peuple a sa spécificité, sa psychologie collective et son génie particulier, son « Ange » « Ame collective de la nation », comme disent nos Sages car elle a aussi une âme.

On doit renforcer l’harmonie entre les peuples mais aussi veiller à ne pas se laisser engloutir par la « mondialisation ».

L’idéologie n’est pas responsable du sang versé mais bien ceux qui la prône, lorsqu’ils sont fanatiques, qu’ils n’ont pas de qualités morales, qu’ils pensent être les seuls à détenir la vérité et la justice et qu’ils ne tolèrent pas les différences.. Voilà l’origine des guerres.

Mais plus on s’affine, moins on éprouve le besoin de faire la guerre car « nationalisme » et « moralité » sont contradictoires.

Le nationalisme est un égoïsme collectif, une nécessité aussi, « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Ensuite, seulement, on pensera aux autres peuples, sans trop exagérer, néanmoins, de crainte d’en subir préjudice ou même de se suicider comme peuple.

Mais il en est autrement du nôtre. Sa raison d’être n’est pas l’égoïsme mais la diffusion de la bénédiction de Dieu au sein de l’humanité tout entière, comme Il l’a annoncé à notre ancêtre Abraham, fondateur de notre nation : « Je te ferai devenir une grande nation… Tu deviendras une bénédiction… Toutes les familles de la terre seront bénies par toi. » (Gen. XII, 2-3). En ce sens, le grand Patriarche s’est aussi occupé de l’Homme. Il l’accueille chez lui avec enthousiasme, quelle que soit son origine, et prie même pour les gens de Sodome. C’est pourquoi la Thora l’appelle « Père de la multitude des nations » (ibid. XVII, 4), père du genre humain, considérations qui renforcent d’autant plus votre question.

En réalité, à l’instar de l’organisme, l’humanité a un « cœur », le peuple d’Israël, pour reprendre la parabole de Rabbi Yéhouda Halévi (« Kouzari » II, 36). Ce « cœur » n’est ni dissocié, ni orgueilleux, ni congelé, mais bien vivant. Diffusant la vie dans les autres organes, notre peuple est donc le cœur de l’amour universel ; aspirer à se renforcer c’est renforcer l’humanité. Loin d’être égoïste, cet amour est universaliste, source de bénédictions qui s’intensifie avec notre renaissance nationale.

Durant les affres de l’exil, nous n’avons pas cessé de prier pour la prospérité des nations qui, pourtant, nous faisaient souffrir, et terminions les trois prières quotidiennes par le « Alénou Léchabéa’h » qui dévoile pleinement notre vocation universaliste et bénéfique.

Notre amour à l’égard de l’Homme est encore plus profond à l’égard de notre peuple, mais nous devons le fortifier davantage, et lorsque nous aurons achevé cette tâche, nous pourrons promouvoir la paix universelle.