N° 552 Paracha « Yitro » – 20 shvat 5766 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
ELIRE DES HOMMES VERTUEUX, CRAIGNANT DIEU,
DES HOMMES DE VERITE QUI HAISSENT L’ARGENT
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)
Yitro conseille à Moïse de nommer des juges moraux et possédant de bonnes qualités. Par-là, explique-t-il, ils seront à même de juger et de gouverner Israël : « Tu choisiras des hommes vertueux, craignant Dieu, des hommes de vérité qui haïssent la corruption » (Ex. XXVIII, 21). Et Rachi d’expliquer : « Des hommes vertueux » : riches, qui n’aient pas besoin de flatter ou de faire du favoritisme. « Des hommes de vérités » : qui tiennent leurs promesses, en qui on a tout intérêt à faire confiance, si bien qu’on acceptera leurs décisions. « Qui haïssent l’argent » : « Le leur ; entendu par-là, qui s’acquittent de leurs dettes sans être contraints par le tribunal ».
Rachi explique ainsi la manière de choisir ces hommes intègres, doués des plus grandes qualités morales : « Tu choisiras (mot à mot : « Tu verras ») : par le sens prophétique qui t’auréole, idée que contient (le verbe « voir ») ».
Il faut bien connaître les candidats, les qualités morales et les valeurs qu’ils possèdent avant d’en faire des juges et des dirigeants. Mais ceux qui les désignent doivent avoir eux aussi ces nobles qualités. En effet, la nomination de juges ne concerne pas seulement l’obligation de « faire justice » mais aussi la puissance et la vitalité de la nation : « Poursuis la justice parfaite, afin que tu vives et que tu possèdes le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne » (ibid. XVI, 20), car, explique Rachi (ad loc.) le choix de juges honnêtes vivifie Israël et lui fait prendre possession de son pays ; ou, pour citer le prophète, « Sion sera délivrée par la justice » (Is. I, 27).
Ceci étant – L’exigence d’une intégrité parfaite ne vaut pas seulement pour les juges mais aussi pour les dirigeants politiques. Par leur comportement, leur moralité, leur relation au collectif et au particulier, ils doivent pouvoir servir d’exemples. S’ils sont corrompus, ils ne peuvent plus voir la vérité « car la corruption aveugle les clairvoyants et fausse la parole des justes » (Deut. XVII, 19), aveuglement qui peut leur faire commettre des fautes graves et dangereuses dans les domaines de la politique, de la sécurité, de l’économie et de la société, comme on le voit actuellement.
Aussi, avant d’élire nos futurs dirigeants politiques, on s’assurera tout d’abord de leur intégrité, de crainte de réactualiser une situation que déplorait le prophète : « Tes chefs sont dissolus, se font complices de voleurs, tous aiment les dons corrupteurs et courent après les gains illicites » (Is. I, 23).
En élisant des hommes doués des qualités mentionnées par Yitro, nous verrons se réaliser la promesse prophétique : « Je restaurerai tes juges comme autrefois, tes conseillers comme à l’origine. Ensuite on t’appellera « Ville de justice », « Cité fidèle » (ibid. ibid. 26).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
MARIE POUR LA TROISIEME FOIS
Je m’appelle Dr Johns et suis conseiller pour les questions matrimoniales. Bien étonnant, penserez-vous, d’un homme qui exerce cette profession ! Effectivement. Dans ma vie de couple, j’en ai beaucoup vu, et je vous dois des explications.
Lorsque je me suis marié pour la première fois, ma jeune épouse était charmante et j’étais aux anges avec elle. Mais, après vingt ans, son charme s’est évanoui. Soudain, je m’apercevais que je ne vivais plus avec la même femme, d’où une crise. Néanmoins, je l’ai surmontée et j’ai su apprécier de nouveau mon épouse.
A nouveau, je me suis marié avec elle et, de nouveau, j’ai connu le bonheur. Agée de quarante ans, elle avait des qualités que je ne lui connaissais pas lorsqu’elle avait vingt ans. Avec elle, j’avais des discussions intéressantes et apprenais beaucoup de sa sensibilité, de son sérieux et de ses relations avec les enfants. Moins timide, elle restait fidèle à ses positions, me connaissait mieux et me permettait de mieux me connaître et de mieux m’apprécier. Je retrouvais en moi ses qualités. Alors, je saisissais les aspects intérieurs de son être. A présent, sa beauté profonde empreinte de sérénité, de sagesse, de féminité, de maternité et d’amour pour autrui et de patience, qualité qu’elle a su m’inculquer, une épouse modèle !
Vingt autres années se sont écoulées. Mon épouse avait passablement vieilli, ce qui me déçut. Cependant, marié de nouveau avec elle, je l’ai redécouverte. Les traits un peu flétris de son visage ne me cachaient pas sa spiritualité, et je comprenais qu’à cent ans, Sarah, notre ancêtre, semblait avoir sept ans (d’après Rachi sur Gen. XXIII, 1). Après avoir travaillé sur moi, je redécouvrais mon épouse.
M’étant marié trois fois avec la même femme, je puis parler librement de mon métier sans subir le reproche d’être en contradiction avec moi-même. J’ai su le mener à bien tout cela parce que j’ai respecté mon engagement –pris lorsque nous faisions connaissance- d’assumer mes responsabilités, m’investir, en tout premier lieu. De fait, nous passons notre vie à nous investir.
Non, notre vie en commun n’a pas été de tout repos. Presque chaque jour, nous passions notre temps à nous disputer car nous avons chacun notre tempérament. Cependant, nous n’avons jamais renoncé à discuter et ne nous endormions qu’après avoir élucidé tous les problèmes. Ce n’était pas chose facile mais nous étions prêts à cet effort.
Mon Rav a su m’enseigner « qu’on ne lui imposera (au nouveau marié) aucune corvée. Il doit rester libre pour son épouse pendant un an », (Deut. XXIV, 5)., la première, durant laquelle il doit être constamment avec elle, un investissement pour l’avenir.
Nous investissons sur tout ce qui nous est cher. En ce qui me concerne, la psychologie, la Thora, Eretz Israël et, bien entendu, mon épouse.
Oui, je l’avoue, malgré toutes les bonnes décisions, les querelles nous ont terrassés. « Qui trop embrasse mal étreint », me suis-je dit, limitons nos efforts à l’essentiel. Ensemble, nous avons décidé de ce que nous exigions de l’autre.
Comment un psychologue peut-il être si lent à comprendre ? M’objecterez-vous peut-être. En réalité, se changer –et non pas comprendre- c’est cela qui est difficile. On ne change pas son caractère en un jour. Il faut beaucoup de temps pour trouver le juste milieu et déterminer avec précision ce sur quoi on doit rester ferme et ce à quoi on peut renoncer. Dans un couple, on accède au bonheur par cet équilibre. Si on ne le trouve pas, c’est le divorce –ou tout au moins, celui des sentiments. Avec sagesse, nous avons su conserver une part de ce romantisme propre au début du mariage mais -on ne le répétera jamais assez- l’essentiel est de corriger ses qualités morales. La perfection n’est pas de ce monde et, en cours de route, on peut toujours les corriger. On ne se met pas à voyager sans un minimum de provisions.
Je puis m’enorgueillir d’avoir modifié mon caractère dans de nombreux domaines. C’est pourquoi j’ai pu me marier pour la troisième fois. Chaque jour, je me remarie, mais cela ne se fait pas sans un travail sur soi !
Maazel tov !
Shiur Video
Rabbi Feuillet hebdomadaire
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