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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha ‘Chémot »

N° 548 Paracha ‘Chémot » – 14 tévet 5766 – ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

L’EGYPTE, MATRICE D’ISRAEL


L’engendrement du peuple d’Israël s’est fait en Egypte, Jacob et les soixante-dix membres de sa famille étant venus s’y installer.

Pharaon a été le premier à nous avoir identifiés comme « peuple », ce qu’il annonce publiquement : « Les Israélites deviennent plus nombreux et plus puissants que nous » (Ex. I, 9). Il nous haïssait parce qu’il avait décelé la spécificité de notre Ame collective et qu’il voyait en nous un danger pour lui et pour l’Egypte, plongés au plus profond de l’impureté, compréhension qu’il exprime aussi publiquement : « Nous devons user d’intelligence avec eux. Sinon, ils pourraient tant s’accroître que, s’il survenait une guerre, ils se joindraient à nos ennemis et nous combattraient, [nous] renvoyant ainsi du pays. » (ibid. ibid. 10).

Au début, Israël ignorait sa singularité ; rien d’étonnant à cela, l’enfant qui vient de naître l’ignore aussi. Seul, pour continuer la parabole, un regard extérieur peut apprécier son grand potentiel. Plus tard, lorsqu’il devient adolescent, il prend conscience de ses talents et les extériorise.

Dans un premier temps, de façon négative, nous avons appris notre essence, notre valeur et notre mission par un chemin pénible, la haine de Pharaon à notre égard, concrétisée en acte par l’esclavage et les travaux forcés ; puis, dans un deuxième temps, par la voie royale, les « dix Plaies », la Sortie d’Egypte, la Traversée de la Mer Rouge et le Don de la Thora. Par-là, nous avons aussi appris l’amour et le choix de l’Eternel pour nous, et notre vocation de « royaume de prêtres et (de) peuple saint », chargés de répandre la lumière et le bien dans le monde.

Ceci étant – Notre génération, celle du retour et de la renaissance nationale, a aussi repris conscience de sa spécificité ; là encore, de la pire manière, par les souffrances inimaginables que, par haine insondable, les Nazis nous infligèrent, uniquement parce que nous étions juifs. Actuellement aussi, souvent malgré nous, cette haine –du simple particulier et de « l’état juif- nous oblige à reconnaître notre singularité. Néanmoins, comme lors de la Sortie d’Egypte, nous devons en prendre conscience de manière positive, par l’étude de la Thora et par la connaissance de notre vocation historique, cosmopolitique et bénéfique pour l’humanité, singularité qui est à l’origine de la haine et de la volonté des nations d’éteindre la flamme d’Israël qui grandit chaque jour davantage.

Paradoxalement, en apparence, lorsque nous reconnaîtrons notre identité spécifique, nos valeurs et notre mission, et que nous lutterons avec force et vaillance pour notre existence, notre indépendance et notre terre, intimement convaincus que nous combattons non seulement pour nos idéaux mais aussi pour l’humanité, menacée par le terrorisme à outrance, alors nous aurons la paix véritable car « l’Eternel donnera la puissance à Son peuple et le bénira par la paix » (« Amida fin ; passim).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.



RAV SHLOMO AVINER

NE SOYEZ PLUS DESESPERES,
A GOUSH KATIF VOUS REVIENDREZ


Question – Je sombre dans le désespoir, qu’adviendra-t-il de nous ?

Réponse – La question s’impose. La pire des choses, c’est bien le désespoir. Le « ‘Hozé de Lublin » enseignait : essentiellement, le Satan (l’Acte déviateur, nom commun, d’émanation divine ; les Chrétiens en ont fait un nom propre) ne vise pas à nous faire fauter mais à susciter le désespoir en nous faisant commettre la même faute, ce qui engendre le désespoir, avec toutes ses incidences pernicieuses sur la qualité du Culte rendu à l’Eternel, en particulier, ce qui est pire que la faute proprement dite.

Dans le même esprit, le Rav Tzvi Yéhouda enseignait : de même que « penser à transgresser est plus grave que transgresser (en acte) », (Traité « Yoma » 29, a), ainsi le sentiment de panique et les traumatismes qu’ils créent dans le psychisme sont pires que les désastres et les souffrances (propos tenus dans le contexte de l’Holocauste ; cf. « Lintivot Israël » 1, §63).

On peut être fier de notre jeunesse et de son optimisme. A « ‘Hanouka » » dernier, des jeunes ont créé 22 nouveaux points d’implantation. Pourtant, à « Soukot », à peine quelques mois avant, alors qu’ils chantaient et dansaient dans le calme, ils ont été assaillis d’insultes et, pire encore, humiliés et tabassés avec la plus grande cruauté, traitement que les jeunes filles ont également subies. Pourtant, tout cela n’a pas empêché à un jeune de proclamer fièrement : « Nous reviendrons ! »

Tout ne va pas toujours comme on le voudrait car on n’a pas tous la même conception du monde. Ainsi, à cause du terrible événement de « la Concubine de la Vallée » où les habitants d’une ville de la tribu de Benjamin ont violenté une femme durant toute une nuit, les autres tribus d’Israël, 400 000 soldats, ont décidé d’exterminer celle de Benjamin. La victoire ne devait pas faire de doute. Pourtant, elles consultèrent l’Eternel qui les assura de la victoire ; elles essuyèrent une cinglante défaite. A nouveau, elles consultèrent l’Eternel, avec la même conséquence. A la troisième fois, seulement, l’assurance de l’Eternel se concrétisa (cf. Juges, XX).

D’emblée, la question s’impose. Par deux fois, l’Eternel se serait-Il trompé ? – Rabbi Yonathan Eiivshitz explique ainsi l’étonnement : chaque combat affaiblissait l’ennemi toujours un peu plus ; en réalité, il ne s’agissait que d’une seule guerre faite de plusieurs batailles. On peut très bien perdre une bataille mais gagner la guerre (cf. « Yaarot Dévase », « Daroush » 4). On ne doit pas se laisser abattre par l’échec mais le comprendre à l’intérieur d’une perspective globale.

La fatigue du corps, la lassitude de l’esprit, c’est l’Eternel qui les dissipe, comme on l’atteste chaque jour, « Lui qui redonne force au fatigué » (Is. XL, 29, repris dans « Bénédictions du Matin »).

Il y a toujours eu des jeunes abattus par le désespoir et des vieux vivifiés par la foi (cf. ibid. XL). Lorsqu’on ne la possède pas ou qu’on ne la proclame pas suffisamment fort, on risque de laisser passer de grandes occasions, différer la venue du Messie de plus de deux mille six cents ans –pour citer un exemple paroxysmal- parce qu’on n’a pas dit le « Hallel » après la victoire miraculeuse d’Ezéchias sur San’hériv, roi de Babylone, qui voulait s’emparer de Jérusalem (cf. Traité « Sanhédrin », 94 a).

Tragédie, assurément, de portée historique universelle. Pourtant, là encore, il ne s’agissait que d’un report, avec toujours le même message, Aller vaillamment de l’avant, impératif constant de la Providence divine qui guide Son peuple, Israël.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)