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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha »Vaiychla’h »

N° 543 Paracha »Vaiychla’h » – 16 kislev 5766 – ב »ה –

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

« TON NOM NE SERA PLUS SEULEMENT « JACOB »
MAIS AUSSI « ISRAEL »

Jacob avait aussi pour nom « Israël ».

Jacob – «  »Sa main tenait le talon (« Ekev » ; le nom « Yakov » est formé sur cette racine) d’Esaü. [Isaac] le nomma Jacob » (Gen XXV, 26) ; selon certains, nom donné par Dieu ; selon d’autres, par son père, suite à l’acte ci-dessus mentionné (Rachi ad loc.). Esaü a donné à ce nom une nouvelle connotation. « Ne s’appelle-t-il pas à juste titre Jacob (Yaacov) ! Il est venu derrière mon dos (akav) deux fois. Il a d’abord pris mon droit d’aînesse, et à présent, il a pris ma bénédiction !? » (Ibid. XXVII, 26).

Israël – « L’Ange d’Esaü » (l’incarnation de la nation issue d’Esaü) a lui aussi ajouté au nom une autre connotation lors du célèbre combat de Jacob avec lui « Ton nom ne sera plus énoncé Jacob, mais Israël (« Yisra’ël » car Tu es devenu important (sar) devant Dieu et les hommes. Tu as gagné » (ibid. XXXII, 1). En substance, Rachi explique ainsi le passage de l’identité « Jacob » à l’identité « Israël ». Désormais, on ne dira plus que Jacob a reçu les bénédictions de façon détournée (de la même racine que « Yakov ») et fourbe, mais droite (racine contenue dans le mot « Israël ») et tangible pour tous. D’ailleurs, à Beth El, Dieu confirme le changement de nom : « Dieu lui dit : « Ton nom ne sera pas seulement Jacob ; ton nom sera aussi Israël » (ibid. XXXV, 10), le mot « Israël » renvoyant à l’idée de « prince » (« sar ») et « d’importance » (comme ci-dessus mentionné).

Comme peuple, nous avons aussi vécu ces deux identités. Celle de « Jacob », dans les ténèbres et les vicissitudes de l’exil, et celle « d’Israël », au temps du retour sur notre terre et de la création de l’état qui porte précisément ce nom, identité qui, suivant l’enseignement de nos Sages, n’est pas réversible : « Le nom « Jacob » ne disparaîtra pas mais « Israël » sera le nom principal et « Jacob » le nom subordonné » (Traité « Bérakhot » 12 b). D’ailleurs, la prière a exprimé notre espoir dans le passage à l’identité « Israël ». « Communauté de Jacob, Ton fils aîné, à qui, par amour et joie pour lui, Tu as (ensuite) appelé « Israël » et « Yéshouroun » (Prière du Matin début).

Ceci étant – A notre époque, la promesse divine ci-dessus mentionnée du passage à l’identité « Israël » se réalise sous nos yeux en l’Etat d’Israël. Par lui, le « Règne de Dieu sur terre » se dévoilera sans cesse davantage et deviendra une réalité tangible pour tous. Mais le passage de « Jacob » (peuple juif en Diaspora) à « Israël (sur sa T%erre, dans toute sa plénitude) ne se fait pas sans peine. Actuellement, deux conceptions antagonistes se confrontent sur le sens à donner à notre état. Celle qui voit en lui un « état comme les autres », qui doit faire siens les systèmes culturels, politiques et judiciaires des états modernes, conception qui a pour effet de retirer au nôtre son caractère juif en l’écartant de l’Eternel et de ses sources. Conséquemment, elle remet en question le caractère impératif de la morale, d’où l’image d’une dégradation éthique qu’il donne au monde, « pays non identifié », pour ainsi dire. Sans vision sur le futur, on hypothèque son avenir.

L’autre conception, qui a de tout temps existée, qui considère notre peuple comme ayant sa spécificité et la vocation universaliste d’éclairer l’humanité, Saint, et choisi par Dieu à cet effet. Partant, elle ne voit pas dans l’Etat un simple refuge qui abriterait les Juifs persécutés mais un flambeau destiné à illuminer l’humanité, vocation bénéfique que Dieu avait déjà dévoilée à Abraham. « Toutes les familles de la terre seront bénies par toi » (ibid. XII, 3).

Nous sommes intimement convaincus que cette conception finira par l’emporter, ainsi que nous le proclamons chaque jour dans la prière : « Voici quel est Mon pacte avec toi : Mon inspiration qui repose sur toi et les paroles que J’ai mises en ta bouche, ne s’écarteront pas de ta bouche, ni de celle de tes enfants ni de celle des enfants de tes enfants, depuis à présent jusqu’à jamais » (is. IxL, 21) car « le caractère d’éternité d’Israël ne sera jamais pris en défaut » (Sam I XV, 20 ; traduction possible dictée par le contexte).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.




RAV SHLOMO AVINER

lA PROBLEMATIQUE DE L’INSULTE


La réaction à l’insulte n’est pas univoque. Elle ne dépend pas tant de l’insulte que de l’individu insulté. Ci-dessous, quelques comportements types.

Rendre coup pour coup, sous prétexte que la Loi rabbinique le permet (Ch. ‘A. Ho. M. 421 §13), en veillant néanmoins à ne pas être trop violent.

Ne pas pouvoir s’empêcher de répondre (Responsa du « Ribash », 216), comme si on avait perdu le contrôle de soi (« Yam shel Shlomo » sur « Baba Kama », Chapitre « Hamani’h »), même si on sait que d’autres peuvent se contenir et intérioriser l’offense. Pour sa défense, on arguera que, dans ce cas, la Thora ne prône pas l’inertie (« Séfer Ha’hinoukh », 338). Comment pourrait-on se comporter contre sa nature (‘Hafets ‘Haïm », « Péti’ha lalavïn », 9) ? De bonne foi, on soutiendra qu’on n’agit pas par vengeance (ce qu’interdit la Thora) mais par impulsion.

Ne pas réagir, même si ce n’est pas chose facile, sachant que, par-là, on fait la Volonté de Dieu (Maïmonide, « Mamrim 6-7).

Ne pas s’abaisser à répondre, pour préserver sa dignité et ses qualités morales (« Lettre de Maïmonide à Rabbi Yossef Iben Akïn » ; « Séfer Hayachar », 6). On comprend qu’ici la défaite c’est la victoire (« Haméïri », « ‘Hibour Hatéchouva », « Méchiv Néfech », « Maamar » I, Chapitre V), et que laver l’affront c’est se salir (« Gaon de Vilna » sur « Proverbes », « Nosafot », Chapitre XXX). Signalons en passant qu’il n’est pas nécessaire d’être érudit en matière de législation rabbinique pour comprendre que, bien souvent, salir c’est se salir.

Se situer, d’emblée, dans les mondes supérieurs. Partant, on demeure insensible à l’affront. « Lorsqu’on se raccorde au monde d’en haut, on reste toujours insensible à l’insulte » (« Réchit ‘Hokhma », « Anava », 3).

En disciple du Rav Tzvi Yéhouda, on estimera que la Thora ne réprime pas les émotions ; sinon, nos Sages auraient enseigné qu’on ne doit pas se laisser affecter par l’affront et donc qu’il n’y a pas lieu d’y répondre (d’après Traité « Yoma » 23 a et passim). Or ils enseignent qu’on doit ne pas y répondre bien qu’on ait été affecté par lui. Ils ne prescrivent donc pas l’indifférence à son égard mais la maîtrise de soi. D’ailleurs, enseigne le Rav Kook, l’amour dû à autrui transcende le ressentiment causé par l’affront (cf. « Aiya », « Shabbat Chapitre IX, §83), conception que prônait également le « ‘Hazon Ish » (« Emouna Oubita’hon » I, §11).

Ou bien encore considérer, avec le ‘Hassidisme, que l’affront est, pour ainsi dire, une thérapeutique de l’âme, une manière d’effacer les fautes par l’humilité et le mépris de soi poussés à l’extrême. L’affront est alors saisi comme émanant de Dieu avec valeur de « réparation » (au nom d’un disciple du « Baal Shem Tov », rapporté par le « Séfer Erekh Efraïm », III, §3). Bien entendu, l’adepte de cette conception ne recherchera pas l’affront mais, s’il doit y faire face, il le vivra en tant que valeur divine positive, curative et protectrice (cf. Traité « Guitïn », 6 ; « Lékouté Moharan » 6).

S’inspirer, enfin, de l’attitude prise par Dieu devant l’affront qu’on Lui fait, en « Roi humilié ».
Commentant l’expression (attribuée aux anges), le « Ramak » explique que, constamment, Dieu prodigue Ses bienfaits à l’homme, même lorsque celui-ci faute et qu’il utilise –pour ainsi dire- la faute pour L’humilier. Et le grand Maître d’expliquer qu’on doit prendre à son compte cette expression insigne de l’humilité divine pour accepter les affronts avec sérénité (« Tomer Dévora », Chapitre I).

« De ceux qui sont offensés mais n’offensent pas, qui écoutent l’offense (qu’ils subissent) sans répondre, qui font (ce qu’ils doivent faire) avec amour, heureux des souffrances (qu’ils endurent), de ceux-là il est dit : « Tes amis (ceux de l’Eternel) rayonneront comme le soleil dans sa puissance maîtrisée »  (Traités « Yoma » 23 a ; « Shabbat 88 b ; « Guitïn » 36 sur Juges. V, 31), maîtrise de soi qui est une demande constante de la prière. « Mon dieu, préserve ma langue du mal et, mes lèvres, de la tromperie. Puissé-je être comme la poussière face à toute chose… Ouvre mon cœur à Ta Thora » (« Amida » fin).

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)