N° 538 Paracha « Lekh-Lekh » -10 mar’hechvan 5736 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
LE MESSIE VIENDRA A L’ISSUE DE LA SEPTIEME ANNEE
La première Guerre mondiale mentionnée par la Thora a eu lieu à l’époque d’Amrafel (Nimrod) (cf. Rachi sur Gen. XIV, 1). Deux coalitions se confrontaient, dirigées par des rois pervers. La première, forte de cinq rois, et la deuxième, de quatre, étaient respectivement dirigées par Nimrod et le roi d’Edom. Dans un premier temps, celle-là l’a emporté sur celle-ci mais, dans un deuxième, décisif, la coalition des cinq rois a été victorieuse grâce à l’intervention armée d’Abraham : « Il divisa [ses forces] contre eux [et attaqua] cette nuit-là, lui et ses serviteurs. Il attaqua et poursuivit [les quatre rois] et les rejoignit à ‘Hovah, qui est à gauche de Damas » (Gen. XIV, 15). Conséquemment, les rois et les dirigeants de cette génération lui témoignèrent les plus hautes marques d’honneur car ils voyaient en lui l’artisan de la victoire : « Après être revenu de sa victoire sur Kédorlaomer et ses rois alliés, le roi de Sodome vint à sa rencontre dans la Vallée Egale (à présent la vallée du Roi) » (ibid. ibid. 18) et, d’un commun accord, les Nations nommèrent Abraham « Prince de Dieu et chef ».
Ceci étant : « Les actes des Patriarches sont des signes (à valeur d’anticipation) pour leurs descendants » (passim). Plus de 3 700 ans après ce grand événement historique, notre peuple, descendant d’Abraham, renaît à la vie sur sa Terre, processus de résurrection qui passe par les guerres, comme l’avaient prévu nos Sages : « La septième année (du cycle de la jachère) (sera marquée par) des guerres. A l’issue de cette année, le descendant de David (le Messie) fera son apparition » (Traité « Sanhédrin » J97 a).
Directement et indirectement, les deux Guerres Mondiales sont liées à ce processus. Ensuite, directement, les nôtres, celle de l’Indépendance et celles qui l’ont suivie, jusqu’à présent. Elles concernent l’exercice de notre domination sur notre Terre. Suivant les prophètes Zacharie (XIV) et Ezéchiel (XXXVIII-XXXIX), elles atteindront leur paroxysme avec celle de « Gog et Magog » (les deux super-puissances, ennemies, coalisées contre nous pour la circonstance). Elle aura pour but, à Dieu ne plaise, la conquête de Jérusalem, aspiration commune à la Chrétienté et à l’Islam. Explicitement, d’après Rachi, le Psalmiste avait prévu l’événement : « Les rois de la terre se soulèvent, les princes se liguent ensemble contre l’Eternel et Son oint » (Ps. II, 1). Mais, comme il l’ajoute, ils subiront une cuisante défaite : « Tu (l’Eternel) les briseras avec un sceptre de fer, Tu les broieras comme un vase de potier » (ps. II, 9).
A l’instar d’Abraham lors de la guerre contre les quatre rois, nous sanctifierons le Nom de l’Eternel et « Je me montrerai Grand et Saint. Je me manifesterai aux yeux de nations nombreuses et elles reconnaîtront que Je suis l’Eternel » (Ez. XXXVIII, 23).
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
NOUS SOMMES SUR LA BONNE VOIE
Nous traversons une période bien difficile mais, comme le soulignait l’auteur du « Sentier de Rectitude » (Chapitre XIX), ces moments-là tiennent lieu d’épreuve. Si l’on flanche c’est qu’on aime l’Eternel d’un amour conditionnel, constatation qui vaut également pour les crises en général (ibid. Chapitre I, début). Or comme elles ne manquent pas, explique le grand moraliste, on ne doit pas les redouter. On entend par « crise » un phénomène qui s’oppose à la volonté. Ils ne manquent pas non plus mais on doit aller de l’avant. Néanmoins, les échecs (au sens large du mot) sont parfois une invite à ne pas persévérer. Ainsi, mieux vaut acheter un autre stylo de quelques shekels que de s’acharner à réparer celui qui vient de se casser. En revanche, d’autres « phénomènes » (rappelons-le, à valeur d’épreuves), sont, par nature, sujets à l’échec mais doivent cependant être dominés. Il s’agit là d’un impératif. « Quatre (valeurs » requièrent un effort tout particulier : (l’étude de) la Thora, les bonnes actions, la prière et le savoir-vivre » » (Traité « Bérakhot », 32 b).
a)L’étude de la Thora – Assurément, difficile. On oublie et ne comprend pas toujours. Malgré tout, on doit constamment avoir l’espoir de devenir érudit en la matière et persévérer dans cette aspiration.
b) La prière – Souvent, on se force à prier et l’on n’est jamais sûr que notre prière soit exaucée. Là encore, on doit faire des efforts.
c) Les bonnes actions – Souvent, lorsqu’on aide, on reçoit des affronts en guise de remerciements. Peu importe, on ne doit pas se décourager.
d) Le savoir-vivre – Littéralement, la voie, la manière, de (se référer à) la terre (cf. suite), comme il est dit : « sois fort, soyons forts, pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu » (Sam. II X, 12). Et Rachi d’expliquer – « -le savoir-vivre : (en faire preuve) si l’on est artisan, dans son art ; commerçant : dans les transactions ; guerrier : dans la guerre ».
Ainsi, les quatre « valeurs » ci-dessus mentionnées sont subordonnées à l’effort. De plus –comme mentionné allusivement ci-dessus- par le verset cité (Sam. II X, 12), par « savoir-vivre »
(« le chemin de la terre »), nos Sages incluent le « chemin », la manière, bonne, d’accéder à la Terre d’Israël, s’obstiner même si la route est difficile et que la réussite semble problématique.
A titre d’exemple, avant de prendre les armes contre les Hellènes (les Grecs, comme on le dit à tort), les soldats ont demandé à Yéhouda Makabi s’ils avaient des chances de l’emporter. La réponse étant positive, ils demandèrent si la victoire était certaine. « Non », répondit le grand stratège. « Nous faisons ce qu’Il nous a ordonné, Il fera ce qu’Il estime bon. Ce héros de la foi avait appris cette approche de Yoav, fils de Tsérouya, général en chef, se fondant sur le verset déjà cité qui se termine par; « Et que l’Eternel agisse suivant Sa Volonté » (ibid.). On n’est donc jamais certain de réussir.
Après l’expulsion des Juifs de Goush Katif et du nord de la Samarie, d’aucuns ont argué que cet échec remettait en question la justesse de notre cause. En aucune manière ; régresser ne signifie pas faire fausse route.
Le général De Gaulle fut profondément affecté par la cinglante défaite de 1940. Néanmoins, il sut dire : « Nous avons perdu une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre ». De même, relativement à nos idéaux sionistes, matériels et spirituels, nous sommes sur la bonne voie. Bien qu’elle soit longue et semée d’embûches, on ne doit pas pour autant désespérer.
Le premier crime de l’humanité, fratricide, était une tragédie pour Adam et Eve. Pourtant, ils se sont ressaisis et ont donné naissance à Shet, notre lointain ancêtre. L’un des fils d’Abraham (Ismaël) n’est-il pas devenu arabe ?! Pourtant, le grand Patriarche a donné naissance à Isaac.
Après la chute, on doit savoir se relever avec la certitude d’avoir, un jour, « une grande richesse » (Gen. XV, 14) ; comme Dieu l’avait promis à Abraham). Souffrir de la chute c’est faire montre de sensibilité, mais il faut aussi comprendre qu’elle a des aspects positifs et qu’elle ne signifie pas qu’on s’était égaré.
D’autres argueront que, désormais, on doit refuser de s’enrôler dans l’Armée. Serait-elle devenue inutile ?! Sans elle, nos ennemis nous extermineraient sur-le-champ : trois cents millions d’Arabes, des centaines d’autres millions d’ennemis supplémentaires soutenus par les plus grandes puissances. S’engager dans l’Armée est donc un devoir de la première importance puisque, par-là, on préserve notre survie et la sainteté de notre Terre. L’assassinat d’un Juif est un blasphème ; le sauvetage de l’un d’entre eux par ses frères, unis par millions, sanctifie le Nom de l’Eternel.
Comme on l’a souvent déploré dans nos articles, tout est loin d’être parfait dans l’Armée mais, en fin de compte, elle sanctifie hautement le Nom de Dieu. David avait eu maille à partir avec Yoav, général en chef passablement problématique. Pourtant, pour lutter contre des ennemis bien plus puissants que nous, il lui était indispensable et David n’avait d’autre choix que de composer avec lui (cf. Responsa du « Rarchba, 5, §238).
La grande perversion ne réside pas dans l’Armée mais chez ceux qui ont conçu le Plan de Séparation, réduire en ruines l’une des plus belles réalisations sionistes et rester indifférent au sort de ceux qui, du jour au lendemain, se retrouvaient sans maison, sans travail, sans vie communautaire et sans école, autant d’expressions d’une méchanceté insondable. Alors, arguera-t-on aussi, les choses étant ainsi, on doit s’opposer à l’Etat. – Pour être sous domination turque, anglaise, arabe, peut-être ? En réalité, grâce à l’Etat, nous ne sommes plus sous la botte des non Juifs. Nous accédons à la dimension nationale et mettons en pratique le commandement d’occuper tout le pays (Nom. LIII, 33), commandement que Nahmanide explique ainsi : « Ne l’abandonner (Eretz Israël) à aucune autre nation » (Nahmanid, Marginalia, Commandement 4, sur Maïmonide, « Séfer Hamitsvot »). L’Etat est un patrimoine inestimable qu’on ne saurait dédaigner du fait de comportements stupides, ce qui vaut aussi bien pour l’Armée qui doit subir un processus de purification et recouvrer sa destination véritable.
A nouveau, précisons-le, nos idéaux sionistes n’ont pas changé, ils restent tout aussi valables. Le mot « remarquable » s’applique toujours aux réalisations de Goush Katif même après le désastre. Les livres du Talmud sont toujours vénérés même après avoir été brûlé=s par milliers par les Croisés, car la Vérité n’est pas sujette aux contingences.
L’Esprit de Goush Katif et du nord de la Samarie n’a rien perdu de son authenticité, nous oeuvrerons pour qu’il imprègne la nation tout entière. Puissions-nous en être témoins !
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)
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