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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha « Vaiyélekh »

N° 533 Paracha « Vaiyélekh » – 5 tichri 5766 – ב »ה וב »ט –

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

BENIR SON PEUPLE ISRAEL AVEC AMOUR


Avant de bénir le peuple à la synagogue, le Cohen dit : « Tu es la Source de la Bénédiction, Eternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous as (littéralement : « a ») sanctifiés de par la sainteté d’Aaron et nous a ordonné de bénir son peuple avec amour ». Le « Zohar » explique ainsi l’importance de l’expression « avec amour » : « Si tel Cohen n’aime pas le peuple ou inversement, il ne le bénira pas » (repris par le Ch. ‘A. Or. ‘H. 128 §11, « Béer Hétev » 20). Le pouvoir du Cohen de bénir émane de l’amour. Il sait pertinemment que Dieu aime Son peuple, ce qu’on déclare quotidiennement : « Lui qui choisit Son peuple Israël par amour » (« Bénédictions du Chema »). Fidèle à sa vocation, le Cohen doit diffuser cet amour au peuple par l’intermédiaire de ses bénédictions.

Comme son nom l’indique, Kippour est le jour du pardon et de la purification : « Car, alors, on expiera tous vos péchés pour vous purifier. Devant Dieu, vous serez purifiés de tous vos péchés » (Lev. XVI, 30). La prière qui décrit le culte rendu ce jour-là par le grand Prêtre dans le Saint des Saints est le point culminant de la fête. Alors (au sens spatio-temporel), Aaron, le grand Prêtre, dévoilait pleinement son âme, bonne et aimante, qualités que met en exergue la célèbre « Maxime des Pères » (I, 12) : « Lui qui aime la paix et la poursuit, qui aime les personnes et les rapproche de la Thora ». L’obligation d’aimer et d’être aimé concerne non seulement les Cohanim mais aussi l’ensemble de notre peuple, dans son Ame collective, désigné par Dieu pour être « Royaume de Cohanim (prêtres) et peuple sain » (Nom. XIX, 9).

Ceci étant : ainsi, Kippour est le jour du repentir, du pardon et de la purification, pour l’individu comme pour le collectif. Constamment, on doit réactualiser ces qualités divines exaltées par ce grand jour, en héritier spirituel d’Aaron, le grand Prêtre, aimer les personnes et les rapprocher de la Thora.

Le Rav Kook signalait cette exigence. Il expliquait en substance qu’il fallait précisément témoigner cet amour en période de chute spirituelle collective, lorsque les valeurs les plus sacrées sont foulées au pied car, malgré les apparences, la nation reste intimement liée à l’Eternel, l’Etincelle de l’Ame juive étant constamment vivace, dans l’individu comme dans le collectif (Cf. « Orot », 148).

Par l’amour d’Israël nous verrons comment, pour Son Nom et par amour, Dieu fera venir le Sauveur.

Bonne et heureuse année !

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.


RAV SHLOMO AVINER

LE TEST DE VERITE EST ARRIVE


Comme on le sait, la haine gratuite a été la raison de notre ruine ; l’amour gratuit est celle de notre renaissance présente, ce qui prouve éminemment qu’on a passablement recouvré cette qualité. Autre preuve, le comportement de ceux qui ont pris part aux tragiques événements de Goush Katif et du nord de la Samarie. Certains affirment que la catastrophe a eu pour origine l’amour gratuit. En réalité, l’analyse de la situation révèle que la haine gratuite poussée à son paroxysme n’aurait rien changé non plus.

Cette expression du mauvais penchant existe en permanence. Ayant échoué dans sa maléfique besogne, il s’en prend maintenant au public que nous incarnons sous prétexte de « rechercher les coupables », de forcer à un « examen de conscience ». En réalité, il omet un détail important, que l’examen en question doit s’appliquer à soi-même et non pas à autrui. C’est pourquoi, au « vidouï » (aveu de ses fautes devant Dieu) on emploie la 1ère personne du pluriel, « nous sommes coupables », et non pas la 2ème ou la 3ème (« vous êtes coupables », « ils sont coupables »). La « sitra A’hraa » (les Forces du Mal) cherche à s’insinuer dans chaque tendance. Ainsi, elle fera dire aux adeptes du refus : « Vous êtes coupables parce que vous n’avez pas refusé d’obéir aux ordres ». A ceux du combat à outrance : « Vous avez sapé le moral, la seule force qui aurait pu nous sauver ». Aux adeptes de la foi : « Pensez bien, tout ira bien ; n’ayant pas suivi ce principe, vous avez entraîné le mal » etc.

Au Maréchal Foch –l’artisan de la victoire de la France sur l’Allemagne à la fin de la première Guerre mondiale- un journaliste venimeux demanda : « Qu’auriez-vous à répondre à ceux qui ne vous attribuent pas l’honneur de la victoire ? » « Une chose est sûre », répondit-il, « si nous avions perdu la guerre, on m’en aurait tenu responsable, cela ne fait aucun doute ». Quoi qu’il en soit, la chasse aux coupables ne nous rendra pas les régions perdues et ne fera que nous diviser davantage.

Hannibal –qui dirigeait Carthage- réduit en pièces l’armée romaine. Il commit la fatale erreur de différer la prise de la capitale où régnait le chaos à l’annonce de la défaite ; il l’aurait conquise en un clin d’œil. Profitant du répit, le Sénat sut préserver l’unité du peuple, reconstruit son armée en mobilisant toute la population, y compris les jeunes de dix-sept ans et plus, et en libérant les esclaves pour qu’ils prennent aussi part au combat. Lorsque le responsable de la défaite se présenta devant le Sénat, il fut reçu avec les plus grands honneurs parce qu’il n’avait pas désespéré de Sauver la nation.

Mais pourquoi chercher si loin ? Les adeptes du Mouvement « ‘Habad » sont en proie à une grande controverse de principe, le dernier Rabbi était-il le Messie ? Est-il encore vivant ? Pourtant, ils sont en parfaite harmonie les uns avec les autres et ne connaissent pas la médisance. Ils auraient beaucoup à nous apprendre.

Après la Guerre de Kippour, le chef de l’Etat de l’époque, Mme Golda Méïr, avait dit : « Nous sommes tous coupables ». J’aurais préféré l’expression : « Personne n’est coupable » ou, plus exactement –relativement à la catastrophe présente- le chef de l’Etat est coupable, lui et sa clique ». Nous ne saurions leur pardonner tout le mal qu’ils ont fait. S’ils demandent pardon, par indulgence, on pourra peut-être le leur accorder (cf. Traité « Yoma » 22 b). Quoi qu’il en soit, les querelles intestines sont superflues. Plus que jamais, c’est à présent l’union qui s’impose.

A titre d’illustration, un « Midrash » (enseignement de la Thora orale à valeur historique, morale ou cabalistique) bien connu rapporte : « Ar’hav (roi d’Israël particulièrement puissant) et sa génération étaient idolâtres ; (pourtant) ils gagnaient les guerres car il ne s’y trouvait pas de dénonciateurs. Au contraire, celle de Saül en comptait un grand nombre ; c’est pourquoi ils (les soldats) tombaient au combat » (« Dévarim Rabba » 5, §6). « La paix », dit l’Eternel, « est (une valeur) si grande que, pour ainsi dire, Je peux (encore) avoir une emprise sur eux, même lorsqu’ils se livrent à l’idolâtrie, pourvu qu’ils vivent en paix les uns avec les autres », (Béréshit Rabba 38, §6).

Or l’idolâtrie n’est-elle pas l’une des fautes les plus graves ?! Puisqu’elle exprime la division, la haine et les querelles. Cependant, s’ils vivent en paix les uns avec les autres, c’est qu’ils ne s’y livrent pas vraiment, en apparence, seulement. Inversement, la foi en l’Eternel implique l’unité et à la paix. Si les croyants sont en proie aux querelles, à la haine et à la médisance, c’est qu’ils ne croient pas vraiment. Dans cet esprit, notre Maître, le Rav Kook a enseigné : l’idolâtrie qui régnait à l’époque du premier Temple s’est métamorphosée en haine gratuite au deuxième (« Orot Israël, VI, 4).

Constamment, nous savions que l’amour était une nécessité, mais notre connaissance n’était que livresque. A présent, le test de vérité est arrivé. Si, réellement, cette grande valeur existe, nous devons désormais l’assumer.

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)