N° 531 – Paracha « Ki Tavo » – 13 éloul 5765 – ב »ה
RAV DOV BIGON
CECI ETANT
SE RETROUVER PAR AMOUR GRACE A LA TECHOUVA
« Celui qui fait les trois Repas du Shabbat échappe à trois désastres : les souffrances inhérentes à la venue du Messie, la peine de l’Enfer et la guerre de Gog et Magog (les deux superpuissances ennemies, réconciliées pour combattre Israël) » (Traité « Shabbat » 118 A).
Rachi explique : « les souffrances inhérentes à la venue du Messie » : à cette génération, on critiquera les érudits en Thora », comme on ne le voit que trop. Or nos Sages nous mettent expressément en garde contre ce travers : « Jérusalem n’a été détruite que parce qu’on méprisait les érudits, comme il est dit : « Ils raillaient les messagers de Dieu, dédaignaient Ses paroles et tournaient en dérision Ses prophètes, jusqu’à ce que le courroux de l’Eternel s’accrut contre Son peuple de façon irrémédiable » (Chr. II XXXVI, 16). Il s’agit donc d’un comportement à proprement parlé impardonnable que dénonçait aussi le roi David : « Ne touchez pas à Mes Messies, ne faites pas de mal à Mes Prophètes ! » (Ps. CV, 10, verset que nos Sages expliquent ainsi : « Ne touchez pas à Mes Messies » : « Les petits enfants des « Talmudé Thora » (écoles primaires Thoraniques) ; « Ne faites pas de mal à Mes Prophètes » : « Les érudits en Thora (« Traité « Shabbat » 119, b).
A propos de ceux d’entre eux qui se laissent bafouer, nos Sages précisent : « Ceux qu’on insulte et qui ne répondent pas aux insultes, intériorisent les affronts (qu’ils subissent), agissent avec amour et sont heureux de leurs souffrances. C’est à eux que fait allusion la parabole biblique : « Tes amis rayonneront comme le soleil dans la gloire » (Jug. V, 31). Rachi explique que le mépris qu’on leur témoigne émane de l’insolence sans limites de la génération annonciatrice du Messie.
Ceci étant –cette période –d’après le désastre de Goush Katif et du nord de la Samarie et d’avant les « grandes Fêtes » et de « Kippour » est celle des examens de conscience, de l’union, de la bienveillance et de la « téchouva » (repentir) par amour.
Heureuse Année !
Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
CHANGEMENT D’ORIENTATION
Question : Je ne crois pas aux rationalisations du genre : « Nous avons perdu la « Goush Katif » matérielle mais avons gagné la « Goush Katif spirituelle ». Le temps n’est plus à la prière mais à la lutte à outrance (hormis la violence, bien entendu). Avant tout, on doit se couper de l’Etat, sous sa forme actuelle, on a suffisamment été berné ; qu’ils sortent sans nous le chariot de l’ornière et qu’une fois remis sur le droit chemin, qu’ils nous y invitent. J’ai beaucoup d’estime pour les ultra religieux mais je n’accepte pas leur désengagement. Je me sens comme cette femme que son mari aurait trompée. Nous avions contracté une alliance avec le Sionisme non religieux. Puisqu’il nous a trahis, je divorce, quitte à ce qu’il vienne plus tard me redemander ma main.
Réponse – On peut évaluer la situation présente suivant deux méthodes d’approche différentes :
a)Le Sionisme non religieux a essuyé une cinglante défaite ; le Sionisme religieux a, lui aussi, été passablement meurtri, mais il ne faut pas exagérer et on doit continuer à aller de l’avant.
b)On ne peut pas continuer comme si de rien n’était quand des lignes rouges ont été franchies. On doit donc changer de méthode, option qui me semble préférable.
Dans ce cadre, trois positions sont envisageables :
Se venger ? Nous ne saurions tomber si bas. Néanmoins, pour ce qui est de Sharon et de sa clique, on ne leur pardonnera jamais tout le mal qu’ils ont fait. Bien entendu, l’idée de vengeance ne vaut ni pour eux ni, a fortiori, pour la partie du peuple qui les a soutenus.
Se désengager à l’égard de l’Etat ? Moyen terme entre les deux options ci-dessus mentionnées, nous ne l’acceptons pas non plus parce qu’elle sent la faiblesse d’esprit, le désespoir, l’abandon et qu’elle tient un peu du « jugement de Salomon » (cf. « Orot », « Orot Haté’hia » 1, où le grand Maître explique son opposition au désengagement du mouvement ultra religieux de « L’Agoudat Israël »). On ne doit pas entériner la défaite présente mais assurer de nouveau ses positions et aller de l’avant.
Loin de se renfermer sur soi et de sombrer dans le désespoir, on doit rendre coup pour coup et savoir que les gens à plaindre sont ceux qui ont adhéré à cette ignominie. On doit donc partir en guerre, entendu par-là reconquérir nos positions puis progresser, au lieu d’abandonner le terrain à nos adversaires idéologiques.
Nous devons dépasser le sectarisme qui nous caractérise et viser à incarner la nation tout entière, puisque le Sionisme non religieux est dans une impasse et que Sharon conduit l’Etat à sa perte, sortir maintenant de notre naïveté, ne plus tenir compte de ce que vont penser de nous les Sionistes non religieux mais, au contraire, les considérer comme ceux qui ont enfreint la Loi mais à qui nous permettons néanmoins de se joindre à nous pour la Prière de Kippour (cf. « Iguérot Haréiya » 2, 172). Par-là, nous renforcerons notre sentiment de responsabilité vis-à-vis de l’Etat.
Nous devons avoir une conscience aiguë de nos qualités, la motivation, l’esprit d’initiative, la persévérance et la faculté de médiatiser, en particulier. Nous devons aussi élaborer un plan d’action précis échelonné dans le temps. Pour cela, nous devons remplacer nos dirigeants actuels pour lesquels nous avons d’ailleurs le plus grand respect. Il faut cesser nos querelles intestines et refaire l’unité au sein de notre mouvement. En particulier, les rabbins des différentes tendances doivent se réconcilier, mettre un terme à une situation qui relève du blasphème et, « dans un esprit d’amitié, assumer le joug en commun » (Maxime des Pères », VI, 6). Ils doivent recouvrer leur place au sein du public, de la jeunesse, en particulier, qui ne leur fait plus confiance. L’effort de réunification n’est pas tant motivé par des considérations empiriques que par l’idéal de l’unité en soi.
Aussi déclarons-nous la guerre culturelle contre les autorités en place au nom de nos frères en détresse. Nous devons conquérir quatre place fortes : l’armée, les médias, l’appareil judiciaire, l’appareil politique.
a)L’armée – Grâce à Dieu, notre présence dans l’armée va en s’intensifiant bien que d’aucuns s’emploient à la freiner.
b) Les médias – Moyen d’éducation puissant, ils ne doivent pas nous échapper. Pénétrer dans le système existant ou créer le nôtre, cette question ne concerne pas notre présent propos. Bien entendu, il ne saurait s’agir d’une information partisane, destinée à notre consommation personnelle, mais d’une information qui doit atteindre la dimension nationale.
c) L’appareil judiciaire – Pur blasphème ! Comme dans le cas des médias, nous ne parlerons pas ici de la tactique à employer pour le modifier. Bien entendu, il faudra consulter les sommités rabbiniques les plus éminentes pour savoir à quelles conditions nous pouvons participer à cette institution qui, suivant la Loi rabbinique, a le statut de « tribunal non juif » (puisque, le plus souvent la justice qu’elle est censée incarnée s’inspire du droit turc ou anglais). Peut-être, serait-il préférable de renforcer les instances rabbiniques existantes.
d) Le système politique – Là encore, nous devons refaire notre unité. Depuis longtemps le public que nous incarnons ne fait plus confiance aux partis Nationaux Religieux. Unifier ces partis politiques n’est pas seulement une question de tactique électorale mais un impératif si l’on veut diriger. Ils doivent donc dépasser leurs mesquineries s’ils veulent se rallier le public.
Regrouper des partis marginaux pour continuer à être marginal ne suffit pas puisque, répétons-le, nous visons à une représentation nationale. Or nous ne serons influents que si nous devenons un grand parti. Idéaliste et hautement doué, notre public représente maintenant une force politique. Quant à notre jeunesse, elle a montré qu’elle savait faire preuve de discernement et de vaillance face aux problèmes complexes auxquels elle est confrontée. En s’unifiant, les Nationaux Religieux ne formeraient qu’un parti d’une dizaine de membres, nombre insignifiant. Pourtant, forts de ce potentiel, nous devons aspirer au pouvoir, d’où l’obligation de compter au moins quarante membres. L’idée n’est pas utopique. En s’unissant (y compris dans les domaines qui relèvent de la culture, de la sécurité et autres), les deux grands partis au pouvoir ont conduit l’Etat au bord de l’abîme et ont déçu le peuple. Nous sommes loin d’avoir un candidat au poste de chef d’état ; néanmoins, nous devons établir les structures qui le permettront. Pour ce faire, nous ne devons plus nous cantonner dans notre public des « kipas tricotées » mais nous tourner aussi vers les « kipot noires » (tendance ultra orthodoxe) et vers ceux qui ne couvrent la tête qu’au « Kiddouch ». L’élargissement en question sera douloureux puisqu’il se fera au détriment de nos idéaux, mais mieux vaut être au pouvoir comme parti puissant en restant proches de nos idéaux que d’être « purs et durs » et marginaux. Nous pouvons créer une plateforme électorale fondée sur le patrimoine juif qui fait l’objet d’un consensus au sein du peuple. De la sorte, certaines tendances du mouvement « Chas » (ultra religieux séfarade) ou du « Likoud » pourront se rallier à nous pour des raisons d’ordre national. Par « compromis », nous entendons « patience » et non pas « concessions ». A l’intérieur de ce grand parti, les différentes factions garderont leur spécificité.
Nous n’aspirons pas à un état à la « Khomeiny » mais voulons seulement que la spiritualité qui nous anime se répande au sein de notre nation qui, actuellement, en a tant besoin ! L’Esprit de Goush Katif éternel, doit la vivifier tout entière. Nous devons donc galvaniser le moral de celle-ci en répandant et en magnifiant davantage encore la Thora.
Des millions de Juifs souffrent de « déspiritualisation », avec toutes les conséquences morales et autres que cela implique. Or, ils sont nos frères, ne l’oublions pas. Goush Katif et Goush Dan (région de Tel Aviv, symbole de l’américanisation) ne sont pas antagonistes mais forment un tout.
Aussi doit-on diffuser partout la Lumière de l’Esprit et redonner du crédit à notre peuple.
(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français)
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