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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Béhar »

N° 513 – Paracha « Béhar » – 12 yar 5765 – ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

L’EMANCIPATION DES ESCLAVES DANS LE PAYS

« Tu compteras sept années sabbatiques, sept fois sept ans. La période de sept cycles sabbatiques sera donc de quarante-neuf ans. Puis, le dixième jour du septième mois, tu feras une proclamation par le « chofar (corne, généralement de bélier). On fera donc au jour de Kippour cette proclamation par le chofar. Vous sanctifierez la cinquantième année, en déclarant l’émancipation [des esclaves] dans le pays. C’est pour vous l’année du jubilé, où chaque homme retournera à sa propriété héréditaire et à sa famille (Lev. XXV, 8-10).

Il y a un parallélisme entre le compte des cinquante années du jubilé et celui de l’Omer, depuis Pessa’h jusqu’à Chavouot. Durant cette période, on s’élève progressivement, passant de l’esclavage (Sortie d’Egypte) à la libération (Don de la Thora). De même, durant le compte du jubilé, nous accédons par sept stades successifs à « l’émancipation [des esclaves] (« Déror ») dans le pays. », entendu par « Déror », explique Rachi (ad loc.), « qui habite où il veut et n’est sous la dépendance de personne ». Comme le suggère le verset, il y a une relation directe entre l’année du Jubilé et le chofar car, implicitement, celui-ci dévoile bien intrinsèque à cette année-là, comme l’exprime la racine du mot « chofar » (chin-Pé-resh : idée de « beau », de « bien », de « bon »).

Le monde a pour finalité le dévoilement du Bien, processus qui s’accomplit par différents cycles : celui de la semaine, clôturé par le Shabbat appelé « (jour de) délice » (Is. LVIII, 13) ; celui de l’année, par la supputation de l’Omer, qui s’achève par le Don de la Thora, « or n’est dit (essentiellement) Bien que la Thora » (passim) ; le cycle de sept ans, relatif à la terre, qui se termine par le « repos » de celle-ci ; les cinquante années jusqu’au jubilé, mot qui, par essence, renvoie au « bien » inhérent au monde, valeur que dévoile le peuple juif, par l’intermédiaire de ces différents cycles.

Ceci étant – Notre sort est bien enviable, nous qui assistons au retour de notre peuple sur sa terre et à la réalisation de notre prière sans cesse répétée : « Ramène-nous vers Toi, Ô Eternel !, nous voulons Te revenir, renouvelle pour nous les jours d’autrefois (Lamentations V, 21). Néanmoins, le retour en question ne s’opère pas sans peine et les menaces de la « Carte de Route » et de la « Séparation » planent sur lui. Mais nous sommes convaincus qu’elles sont passagères et que nous continuerons à progresser sur le chemin sinueux qui mène à la libération et à la délivrance. De même qu’au Jubilé les esclaves étaient libérés, ainsi nous nous affranchissons de l’état de dépendance politique et culturelle à l’égard des nations en vivant « l’émancipation des esclaves dans le pays (Lev. XXV, 10).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.



RAV SHLOMO AVINER

GOUSH KATIF, UNE REGION SITUEE AU-DELA DU DESESPOIR

Question – Pourquoi ne vous préparez-vous pas à l’inévitable, au lieu de répéter inlassablement que, avec l’aide de Dieu, le mauvais décret sur Goush Katif sera abrogé ? Vous avez développé un mécanisme de dénégation mais lorsque, de facto, l’expulsion aura lieu, bien des gens seront brisés. Etes-vous prophètes ? Pourquoi refusez-vous un traitement psychologique préventif et vivez dans le fantasme que tout s’arrangera ?

Réponse – Votre faiblesse et votre désespoir sont des fautes, vous devez vous en repentir. Loin d’être à l’agonie, comme vous voulez le laisser croire, les habitants de Goush Katif sont les plus sains de tout le pays, vous devriez apprendre de leur courage !

Ce bas monde ne manque pas de malheurs, on le sait, mais on ne peut pas constamment vivre à leur ombre. D’ailleurs, Maïmonide met constamment l’héroïsme en valeur : « Y a-t-il parmi vous un homme qui ait peur ou qui manque de courage ? » (Deut. XX, 8) : « Qu’il n’aie peur et qu’il ne craigne rien ». « Car, en temps de guerre, celui qui commence à se laisser aller à ses pensées et suscite en lui la frayeur, celui-là transgresse un commandement restrictif, comme il est dit : « Ne perdez pas courage, n’ayez pas peur, ne vous alarmez pas et ne vous relâchez pas devant eux » (ibid. ibid. 3) (« Hilkhot Mélakhim » VII 15).

Assurément, l’ennemi est bien là mais vous, êtes-vous poltron ou vaillant ? Les Explorateurs étaient poltrons : « Nous nous sommes sentis comme de minuscules sauterelles ! C’est tout ce que nous étions à leurs yeux » (Nom. XIII, 33), appréciation que contestèrent Josué et Calev en disant : « Ne craignez pas le peuple de ce pays ! Ils ont perdu leur protection et deviendront notre proie ! Dieu est avec nous » (ibid. XIV, 9).

La psychologie, ce n’est pas tout, les idéaux, le don de soi et la foi sont aussi des réalités. Nous ne fuyons pas, nous prônons l’héroïsme. A Goush Katif, les traumatismes chez les enfants et les tensions dans les couples sont des faits par suite de l’incertitude qui prévaut présentement, mais à nous de décider que faire de nos sentiments, croire ou désespérer.

« Le désespoir n’existe pas », disait Rabbi Nahman. Le « 50ème degré d’impureté » celui du désespoir, est le pire, le plus cruel de tous ; il mine la personne de l’intérieur. Aussi, au lieu de tenir de vains propos sur les éventuels malheurs à venir, occupons-nous du présent. « Si seulement aujourd’hui encore vous écoutiez Sa voix (Ps. XCV, 7) ! »

Et si, à Dieu ne plaise, le malheur devez nous frapper, – la vie n’en manque pas -, nous saurions vaillamment y faire face, comme nous l’avons su tout au long de notre histoire, tous ensemble, en aidant, par amour, ceux qui défaillent, qui sont dans l’incertitude ou dans la détresse, à titre individuel, car le collectif comme tel est vaillant par essence.

Nous ne sommes pas descendants de prophètes mais croyants descendants de croyants, croyant dans la justesse de notre cause et dans la Providence. La véritable question n’est pas « que faire si cela arrive » mais « comment agir pour que cela n’arrive pas », non pas prophétiser mais créer l’avenir. « Le sage est préférable au prophète » (passim). On ne doit pas seulement prévoir l’avenir mais bien le créer. On peut croire aux miracles sans forcément compter sur eux. Il y a des gens et des régions qu’ils touchent plus spécialement, le sacrifice de soi les suscite (cf. Traité « Bérakhot » 1 a), c’est un fait, même si la relation n’est pas mathématique.

Au juste, savez-vous de qui vous parlez ?! – De gens que Dieu a sauvés de 5 000 obus de mortier, de gens que Dieu aime parce qu’ils s’aiment et s’entraident, qu’ils vivent dans l’harmonie, qu’ils mettent en pratique « le produit de ton travail, tu le mangeras, tu seras heureux, le bien sera ton partage (Ps. CXXVIII, 2), que « le bonheur et la grâce les accompagnent leur vie durant » (inspiré de Ps. XXIII, 6), qu’ils ne médisent pas les uns des autres et qu’ils aiment même ceux qui viennent leur faire du mal, qui savent être unis par delà leurs opinions, leurs convictions religieuses, leur communauté et les occupations de chacun. Les trois partis religieux devraient s’inspirer de leur exemple pour s’unir.

Une fois pour toute, croyez-vous en Dieu ? Mettez-vous vraiment votre espoir en Lui ?

« Soyez forts, ayez le cœur ferme, vous tous qui espérez en l’Eternel » (Ps. XXXI, 25).


(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).