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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « Emor »

N° 512 – Paracha « Emor » – 5 yar 5765 – ב »ה

RAV DOV BIGON

INDEPENDANCE ET ESSENCE


« Puis vous compterez sept semaines entières après le jour qui suit la fête [de Pâques], où vous avez apporté le Omer en offrande balancée » (Lev. XXIII, 15). Ces cinquante jours sont, pour ainsi dire, une échelle que nous gravissons chaque année, depuis la Sortie d’Egypte (Pessa’h) jusqu’au Don de la Thora « Chavouot », ce processus historique se dévoilant chaque année sous une forme spirituelle. Ces deux moments délimitent une période de « réparation » et d’élévation spirituelle incarnée, entre autres, par les sacrifices spécifiques apportés à ces deux moments.

Au 1er jour, lorsque le Temple existait, on apportait « le Omer en offrande balancée » qui provenait de l’orge. Au 50ème, Fête de Chavouot, l’offrande apportée provenait du blé.

Le Rav Kook explique ainsi cette différence : l’orge, nourriture animale, symbolise les tendances émotionnelles naturelles inhérentes au peuple juif, « croyants descendants de croyants » (passim). Au 50ème jour, Don de la Thora, se dévoile la valeur spirituelle de l’Etude, symbolisée par l’offrande de blé, nourriture humaine par excellence. Ainsi, pendant la période de l’Omer, la sensibilité inspirée par la foi, d’une part, l’intelligence, l’Etude et la sainteté, de l’autre, se fondent en un tout harmonieux, valeurs qui subliment la nation et scellent son unité transcendante (cf. « Orot, 167).

Ceci étant – Ainsi, à la période de l’Omer, on passe de l’esclavage à la liberté. La Sortie d’Egypte marque le passage à la libération nationale. A Chavouot, on s’est dégagé des « 50 degrés de l’impureté » pour passer à la libération spirituelle, valeur incarnée par les dix Commandements « gravés » sur les Tables de l’Alliance, le mot « gravé » « חרות » pouvant se lire « libération » selon la manière de le vocaliser (d’après Maximes des Pères, VI, 2).

Périodiquement, tout comme alors, nous passons progressivement d’un niveau à l’autre, comme nous l’implorons constamment : « Achemine-nous vers la libération, à ses deux niveaux (lecture exégétique du mot ) »קוממיות »-, vers notre Terre » (« Birkat Hamazone »). Le premier niveau : l’indépendance nationale avec la création de l’Etat, il y a 57 ans. Le 2ème : le retour aux Sources, à la Thora et à la Tradition juive qui dévoilent notre essence, « Royaume de prêtres et peuple saint » (Ex. XIX, 6).

L’état d’Israël n’a pas pour but de nous permettre d’être comme les Nations mais d’être Lumière des Nations, vocation qui deviendra sans cesse plus manifeste avec le dévoilement de notre essence. Alors nous vivrons la prophétie : « Proclamez, parmi les peuples, Sa Gloire, parmi toutes les nations Ses merveilles » (Ps. XCVI, 3).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.

RAV SHLOMO AVINER

LE PEUPLE EST AVEC GOUSH KATIF

Pour nos frères, dans la détresse, de la région de Gaza et du nord de la Samarie, nous ne cesserons la contestation que lorsque vous daignerez enfin nous entendre.

Vous n’avez pas été élu pour brader une partie de notre pays, acte qu’il vous est interdit de commettre pour deux raisons, au moins, chacune d’elles étant suffisante.

a) Dans l’histoire, on n’a jamais vu qu’un peuple consentait librement à céder une partie de son pays à un autre en y expulsant ses citoyens. C’est un acte qui dépasse les compétences morales du gouvernement et de la Knesset. Dans cet esprit, le philosophe politique anglais John Locke écrivait : « Les citoyens renoncent à leur liberté naturelle pour accepter des lois permanentes mais pas pour rester oisifs dans la gueule du lion », entendu par-là, lorsque le gouvernement dépasse ses prérogatives, que, par exemple, tel point de la loi soit ambigu et que le chef du gouvernement abuse de la situation. Dans ce cas, le peuple peut lui retirer le pouvoir qu’il lui avait confié. Les considérations de Mr. Locke, disait en substance Rousseau, témoignent d’une grande sagesse – qui devrait inspirer notre président -.

b) Ce dernier a été élu pour conserver la région de Gaza. Si, avant les élections, il avait dévoilé ses véritables intentions, il n’aurait pas été élu. Il a donc volé les voix de ses électeurs.

A l’époque contemporaine, des chefs d’Etat ont été confrontés à des situations comparables mais, pour ne pas être en position d’ambiguïté, ils ont eu recours au référendum (relativement à l’indépendance de l’Algérie avec De Gaulle ; à celle du Québec, au Canada ; à l’adhésion à l’Europe Unie etc.), autant de leçons que notre président devrait méditer.

C’est pourquoi, avec mon peuple, par centaines de milliers, je participerai à cette marche. S’ils bloquent les autobus, nous continuerons à pied ; si des policiers et des soldats nous interpellent, nous ne nous querellerons pas avec eux, nous ne les humilierons pas et ne les insulterons pas non plus mais nous les embrasserons, ne sont-ils pas nos frères ?

Nous sommes infiniment respectueux des lois, on le sait, c’est tout à notre honneur. Nous espérons sincèrement qu’à Dieu ne plaise nous ne recevrons pas de coups ; en l’occurrence, nous les recevrions avec amour. On doit réprimander son prochain même au risque de s’exposer à en recevoir (Ch. A. Or. H. 608, §2, Annotation), mais on ne devrait pas en arriver là, c’est une manifestation de protestation populaire qui a pour slogan : « Laissez le peuple décider », car l’Etat est au service du peuple et non pas l’inverse.

Pour nous, l’amour de notre peuple et de notre Terre que nous inculquons à nos enfants n’est pas lettre morte mais un engagement effectif. C’est pourquoi nous serons tous présents, hommes, femmes et enfants, dans le respect de la pudeur et dans la modération. Si on me le permet, je marcherai au premier rang. Et si – ce qui peut arriver – certains d’entre nous devaient être arrêtés, nous leur dirons : « Ton sort est bien enviable, toi qui as été arrêté pour des actes qui relèvent de la Thora » (inspiré de Traité « Bérakhot » 61 b ; relativement à Rabbi Akiva qui venait d’être incarcéré pour avoir enfreint l’interdiction des autorités romaines d’enseigner la Thora).

Bien entendu, nous restons ouverts au dialogue et ne désespérons pas de notre peuple, au contraire. Nous croyons aux échanges directs d’opinions, même avec les représentants de la Knesset. Patiemment, nous leur expliquerons qu’ils ne doivent pas se laisser acheter par de l’argent et qu’une décision historique aussi importante ne dépend pas d’une voix de majorité ou de manipulations politiques. Nous expliquerons à qui veut l’entendre que nous allons marcher vers nos frères assiégés en hommes dignes et non pas en pestiférés, que nos intentions sont désintéressées, que nous sommes contre la violence et que nous venons nous unir à eux sans arme à la main, les bras ouverts.

Enfin, que nous venons visiter des amis, admirables de vaillance, et qu’un même sentiment de confiance nous unit à eux, par-delà les différences d’opinions, au nom de l’amour qui nous attache à notre Terre. « En croyant à Celui qui vit éternellement, on sème » (inspiré de Traité de Jérusalem, « Introduction à Tos. Chabbat » 331 a ; allusion au paysan, confiant que par l’acte de foi de semer, il obtiendra du blé).

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi, spécialisé dans les sujets kodech, hébreu/français. Portable : 0545913772).