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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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Paracha « Ki Tissa »

RAV DOV BIGON CECI ETANT Pourquoi ce titre, « ceci étant ? » Traduit et adapté par Maïmon Retbi Un lecteur de « Béahava Ouvéémouna » m’a posé la question suivante : « Je ne comprends pas très bien pourquoi l’article d’introduction au numéro de « Béahava Ouvéémouna » a pour titre « Ceci étant » en hébreu 🙂 »נכון לעכשיו » ma traduction veut restituer l’antagonisme apparent de « l’être » et du « devoir être » par « ceci » (« le devoir être »), « étant » (« l’être réparer ») alors qu’essentiellement ils traitent de sujets ayant trait à la Thora qui transcendent le temps ? » Réponse : Comme on m’a déjà posé cette question, j’ai jugé bon de faire paraître cette lettre ouverte. Cher Monsieur A, Je vous remercie de m’avoir posé cette question qui me permet d’expliquer un grand principe de la foi juive. Nous sommes venus dans ce bas monde pour le « réparer » en y instaurant le « Royaume de Dieu », comme il est dit : « L’homme est né pour l’effort (de « réparation » (Yo. V, 7). Dans son état présent, ce monde, éminemment complexe, est par essence imparfait, c’est à l’homme de le « réparer », comme la Thora l’enseigne implicitement : « Dieu prit Adam et l’établit dans le Jardin d’Eden pour le cultiver et le garder (l’effort en question, potentiel des 613 mitsvot) » (Gen. II, 15), entendu par-là, pour le « réparer ». Or, le mot « Nakhon » (traduit par « étant » donne l’idée de « réparer » : « Yossef disait : « La raison pour laquelle Pharaon fit deux fois le même rêve est que la chose est déjà engagée par Dieu (« Nakhon », « dans son être » et que Dieu se hâte de l’accomplir » (ibid. XLI, 32), ce que corrobore le « Targoum » (Traduction en araméen à valeur exégétique ; cf. op. cit. ad loc.). Ceci étant :- A notre génération, le bien et la lumière sont largement répandus mais le mal et les ténèbres ne manquent pas non plus, ces deux catégories travaillant en jeux d’ombres et de lumières comme à l’aube. Actuellement, le monde est en constant changement, d’autant plus qu’on le reçoit au travers des medias, avec leurs informations qui passent sans relâche et qui troublent et même désespèrent celui dont le regard ne voit pas la lumière et le bien, « le retour de Dieu avec Ses captifs » (passim). Notre Maître, le Rav Tzvi Yéhouda, nous a appris ce « regard », le regard des Prophètes, celui de nos Sages et de la Thora sur la réalité dans laquelle nous vivons. Dans cette rubrique (« Ceci Etant »), je m’efforce de suivre cette orientation que Dieu nous a prescrite et que nous formulons constamment dans la prière : « Roi qui aide, qui sauve et qui protège » (« Amida », début), autant d’actions qu’à notre tour= nous devons assumer à l’égard d’Israël. Partant, nous verrons se réaliser les paroles du roi Salamon : « Et comme la lumière du matin dont l’éclat va croissant jusqu’en plein jour (Nakhon=, le jour dans son être) » (Prov. Iv, 18), suivant la précision d’exégèse de l’auteur des « Métsoudot » : « Jusqu’en plein jour » : Entendu par-là, la manière de comprendre de la Thora ; que cette compréhension éclairera la vie de tous comme la lumière du jour. Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière. RAV SHLOMO AVINER A LA VUE D’UN SOLDAT Soldat puis soldat de réserve, j’ai porté l’uniforme durant de nombreuses années. J’en éprouvais de l’orgueil, orgueil national, pur, en sentant que mon être personnel se fondait dans le collectif, dans mon peuple, avec tout ce qu’il a de gigantesque, orgueil éminemment légitime. Plus les galons s’ajoutaient sur mon uniforme, plus je me sentais petit et faisait encore plus un tout avec ma nation. Et plus je me sentais devenir humble. Lorsque je vois un soldat, je vois la Lumière, nouvelle, resplendir sur Sion et me vient l’envie de l’étreindre. A sa vue, je songe à ce que nous étions en Diaspora, de petits animaux effarouchés par leur ombre courant en tout sens. A présent, nous sommes libres sur notre terre et la foulons aux pieds comme des lions. Lorsqu’on comprend pleinement ce qu’écrivait le « Natsiv » de Vologine sur l’importance extrême d’obéir à un ordre de l’armée (cf. son Commentaire sur les Responsa de Rabbi A’haï Gaon, on ne peut plus désobéir à un ordre ; on ne le peut plus du tout après avoir lu ce que disait le Rav Kook sur l’armée israélienne, « les Armées de Dieu. Si, à dieu ne plaise, vous recevez l’ordre d’évacuer des Juifs de leur terre, vous en sortirez blessé au plus profond de votre être mais vous vous en remettrez grâce à l’irrésistible amour qui vous attire vers votre nation. Qu’on n’aille pas s’imaginer qu’on puisse pouvoir mettre la grande « mitsva » (commandement, bonne action) de lutter pour notre terre en commettant la faute de porter préjudice à l’Armée. Nous sommes intimement convaincus que le Bien dont parle la Thora finira par triompher des Ténèbres. Assurément, l’affectation de l’Armée à des tâches étrangères engendre une profonde controverse de par l’immoralité de cet acte. Néanmoins, si on se met à la « chambouler », on n’a plus qu’à « fermer boutique ». Vouloir s’en exempter, ne pas avoir la force d’assumer une tâche si répugnante, c’est encore rester dans les normes ; mais prôner le refus, même en obéissant, est extrêmement destructif. Qui suis-je auprès des grands Rabbins de ce monde ?! Pourtant, je proclame à haute voix : ne refusez pas d’accomplir un ordre, ne vous livrez pas à la violence, n’humiliez pas, ne haïssez pas, autant de comportements qui nuisent à la cause d’Eretz Israël et de la nation. D’aucuns, peut-être, objecter=ont que je suis seul à faire entendre ma voix. Qu’importe d’être seul contre un million si c’est la vérité ; et si c’est une erreur, elle reste telle, même si un million de personnes pensent comme moi, mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs, lorsqu’on établit une loi rabbinique, on doit toujours avoir à l’esprit deux principes : savoir reconnaître, savoir apprécier la réalité. Souvent, telle décision rabbinique sera exacte mais pas dans la situation présente. Ainsi, de grand=sRav ont parlé violemment en faveur du refus d’exécuter l’ordre d’évacuer les implantations juives de Goush Katif ; mais après quelques conversations avec de hauts officiers religieux de l’Armée qui leur ont expliqué la situation, ils sont revenus sur leur position et, avec humilité, ils ont désormais remplacé le mot « refus » par « répulsion ». Comme on dit, « la nature a horreur du vide ». Si vous n’êtes pas « à l’intérieur » vous êtes « à l’extérieur » et, partant, privé de toute influence. Or, on veut que vous en ayez une, mais sans avoir recours à la force ou à l’insoumission. Vous ne faites peur à personne, on vous accusera de double allégeance et l’on aura à votre égard le comportement ad hoc. Préserver l’unité de l’armée et celle du peuple est un impératif du moment. En « ‘hidouche » (enseignement perdu puis retrouvé), le Rav Kook signalait qu’à notre époque nous passons du stade individuel au stade collectif (cf. « Orot Hathora », Chapitre XIII). Expliquons. On peut très bien appliquer tel « mitsva » même si autrui ne l’accomplit pas, étudier la Thora, allumer les bougies de Chabbat, vivre en Eretz Israël etc. même si on n’est pas suivi par les autres. Mais tout cela ne vaut que lorsque la « mitsva » peut être accomplie par un individu particulier ; mais cela ne vaut plus lorsqu’elle doit l’être par la collectivité, conquérir Eretz Israël, s’y établir etc., « Mitsvot » qui ne peuvent s’effectuer que collectivement. Même si le Gouvernement et la Knesset se montrent irresponsables, on ne doit pas porter préjudice à ce qui fait l’Etat, l’armée, la police, la police des frontières etc. Si le père est irresponsable, que la mère, au moins, n’abdique pas. Qu’on ait toujours à l’esprit « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lév. XIX, 18) qu’au lieu de croire que c’est la fin, comprenons que c’est le commencement et que nous vivons une grande période. A choisir entre obéir à l’ordre d’un officier ou à celui d’un Rav, on obéira toujours à ce dernier ; mais il s’agit d’un faux dilemme car le Rav dira de suivre l’opinion de l’officier, de sorte qu’il n’y a pas lieu de se démettre. Quant à celui qui détruit, qu’il reconstruise. Je le déclare tout net, j’aime la Judée Samarie et la région de Gaza mais, plus que tout, j’aime mon peuple, ce qui n’est pas contradictoire, bien au contraire. On peut obéir à un ordre tout en disant à sa femme et à ses enfants d’aller manifester contre lui, il y a souvent des contradictions dans la vie. Le processus de la Délivrance nationale est long et difficile ; c’est pourquoi nos sages ont dit : « Qu’il vienne (le Messie) mais que je ne le vois pas (à causes des souffrances qu’on endurera à cette époque). Rave Yossef (disait) : »Qu’il vienne et que je demeure à l’ombre des excréments de son âne » (Traité Sanhédrin » 98 b). Et bien ! Nous sommes en plein dedans, ce qui est hautement encourageant ; cela montre qu’il y a un âne et, sur lui, le Messie. Nous ne renonçons à rien, nous nous armons de patience et, ensemble, nous oeuvrons pour l’éternité. L’armée, c’est l’unité ; lorsque nous serons unis, tout le monde se battra d’un cœur vaillant. Rappelons-le, celui de gauche met sa vie en péril en Judée Samarie et à Gaza ; pourtant, il accomplit une mission qu’il estime être un désastre. Il appartient à un peuple qui ne laisse personne sur le terrain et qui sait qu’on ne se protège des aléas de la vie que par l’unité, dans toute la force existentielle de ce mot, unité d’un peuple qui renaît à la vie par-delà les clivages et les extrémismes, unité de la fraternité.