Shiur Video

Rabbi Feuillet hebdomadaire
https://vimeo.com/NULL

F – Paracha « Béha’alotékha »

N° 671 bis Paracha « Béha’alotékha » – 11 sivan 5768 ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

LEVE-TOI, Ô DIEU ! QUE CEUX QUI TE HAISSENT
FUIENT DEVANT TOI !

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)

« Les Nombres » est le « Livre du Voyage », de l’Egypte à Jérusalem.

La Thora nous enseigne comment se comporter « en voyage » ou « chez soi », ce que nous témoignons constamment en lisant le « Shéma » : « Ces paroles que Je t’ordonne aujourd’hui doivent rester sur ton cœur. Enseigne-les à tes enfants et parles-en lorsque tu es chez toi ». (Deut. VI, 6-7).

Le « chez soi » exprime le permanent et le stable : « Heureux ceux qui sont dans Ta Maison » (Ps. CXLIV, 15) ; mais, parfois aussi, l’inverse, l’éparpillement, la complexité et le manque de stabilité. Alors, nous sommes comme la feuille au vent, « en voyage », avec ses dangers, ses difficultés et ses épreuves. Néanmoins, quelle que soit la situation, nous devons nous comporter suivant la Parole de Dieu : « Ainsi, les Israélites avançaient sur l’ordre de Dieu, et c’est sur l’ordre de Dieu qu’ils campaient » (Nom. IX, 18 ; cf. la « Causerie du Rav Tzvi Yéhouda sur notre « Paracha »).

Les deux situations opposées se retrouvent aussi au niveau national, guerre et paix.

Lorsque l’Arche partait, Moïse disait : « Lève-toi, ô Dieu, et disperse tes ennemis ! Que ceux qui te haïssent fuient devant Toi ! Lorsqu’elle faisait halte, il disait : « Retourne, ô Dieu, [vers] les myriades des milliers d’Israël » (Nom. X, 35-36), situations que scandaient les trompettes ; en temps de guerre : « Quand vous ferez retentir les « térou’ot » (sons brefs), les camps … se mettront en marche… Quand vous partirez en guerre contre l’ennemi qui vous attaque dans votre pays, vous ferez retentir les « térou’ot » des trompettes. Vous vous recommanderez ainsi au souvenir de l’Eternel, votre Dieu, et vous serez sauvés de vos ennemis » (cf. ibid. X) ; en temps de paix : « Mais pour rassembler la communauté, vous ferez retentir des « téki’ot » (sons prolongés) et non pas les « térou’ot ») (sons brefs)… Et aux jours de vos réjouissances, durant vos fêtes et à l’occasion de vos célébrations de la néoménie, vous sonnerez, par les trompettes, des « téki’ot » (sons prolongés) pour accompagner vos holocaustes et vos offrandes de paix » (ibid.). Ainsi, en guerre, les trompettes faisaient retentir des « térou’ot » ; en paix, des « téki’ot ».

Ceci étant – Notre génération voit la fin du long itinéraire dans le désert, deux fois millénaire, jonché d’obstacles et d’épreuves, et la concrétisation de la promesse : « Retourne, ô Dieu, [vers] les myriades des milliers d’Israël ». Cependant, nous ne sommes pas au bout du « voyage », étant, certes, plus que jamais, « en guerre, mais à même d’être sauvés par l’invocation des « térou’ot ».

Mais cela ne suffit pas. Nous devons nous ressaisir, nous renforcer et, avant tout, faire un contre nos ennemis. L’appel lancé à Dieu par Moïse, « Que ceux qui te haïssent fuient devant Toi » doit être explicité. Qui sont, au juste, « Ceux qui Te haïssent » ? « Ceux qui haïssent Israël », explique Rashi, qui ajoute : « Ceux qui haïssent Israël haïssent Celui Qui, par Sa Parole, a créé le monde » (Rashi ad loc.).

Nos dirigeants, l’armée et, pour tout dire, notre peuple, doivent comprendre une fois pour toute le sens du combat engagé contre nous, essayer d’éteindre la Lumière de Dieu que dévoile notre renaissance nationale, ce que le roi David avait vu par anticipation : « Pourquoi les peuples se démènent-ils et les nations agitent-elles de vains projets ? Les rois de la terre se soulèvent, les princes se liguent ensemble contre l’Eternel et Son oint » (Ps. II, 12). En réalité, « Celui qui réside dans les cieux en rit, l’Eternel se raille d’eux » (ibid. ibid. 4), nous donnant, finalement sur eux, une victoire éclatante : « Tu les briseras avec un sceptre de fer, Tu les broieras comme un vase de potier » (ibid. 9).

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER

L’ETUDE DE LA « MISHNA », CELA NE S’IMPROVISE PAS

Ces derniers temps, on a créé plusieurs méthodes pour enseigner la « Mishna » (première mise par écrit de la loi rabbinique à usage public) à l’intention des enfants : « Bonaïkh », « Révadim », « Véshinantam Védibarta Bam ». Non, l’étude de la « Mishna », cela ne s’improvise pas.

D’aucuns se demandent comment étudier la « Mishna » pour bien la comprendre et la rendre attrayante pour tous. Question pour le moins étonnante quand on sait qu’elle a été rédigée il y a près de deux mille ans et que, de tout temps, la « Guémara » a été la manière normale de l’étudier ! Commentaire de la « Mishna », elle en approfondit le sens. Certes, elle n’est pas à la portée des petits enfants et même de beaucoup d’adultes. C’est pourquoi d’éminents Rabbins l’ont mise à la portée de tous en se fondant, pour l’expliquer, sur les enseignements de la « Guémara » ; Rabénou Ovadia de Barténora », le « Tosséfet Yom Tov », qui s’inspirent respectivement de la méthode d’approche de Rashi et de celle des Tocephtistes, « Tiféret Israël » et, de nos jours, le célèbre commentaire du Kéhati, etc.

La méthode dite des « Révadim » (des « Différents niveaux d’Etude » est incompatible avec l’étude des grands commentateurs ci-dessus mentionnés car elle borne la compréhension de la « Mishna » à celle de l’auteur de la méthode et met de côté celle des plus grands Maîtres de tous les temps.

Ces approches modernes posent de nombreux problèmes, exégétiques et autres. Citons quelques uns d’entre eux :

La méthode dite des « Révadim » met l’accent sur les structures et les ajouts successifs au détriment du contenu proprement dit. Le « commentaire » se perd en questions de tout genre sur l’apparition de nouveaux « révadim », leur interaction, ce qu’on peut déduire d’eux, leur justification etc., autant de considérations intéressantes, peut-être, mais qui, dans la « Guémara », n’apparaissent que très rarement.

L’existence de « révadim », de « niveaux d’approfondissement » est une évidence qui concerne aussi bien notre peuple, Eretz-Israël que l’étude de la Thora, orale et écrite. En réalité, elle émane d’une unité transcendante.

A chaque génération, les exégètes de la « Mishna » et de la « Guémara » ont cherché à faire ressortir le dénominateur commun, les « niveaux » qui caractérisent l’unité intrinsèque, entendu par « dénominateur commun » le sens et la logique qui traversent les générations en filigrane, qui donnent à l’étude sa saveur et qui sont pour l’enfant le véritable remède aux difficultés de l’étude. L’essentiel, nous en sommes persuadés, c’est la recherche du sens : « La récompense (de l’étude) c’est la compréhension » (Traité « Bérakhot » 6 b) ; entendu par-là, explique Rashi, « Le laborieux effort intellectuel qu’on se donne pour expliciter le sens ».

Dans cet esprit, la « Guémara » enseigne : « si on a étudié la Bible, et la « Mishna » sans s’être mis au service des Sages, on (n’) est (encore qu’) un ignorant » (Traité « Bérakhot » 47 c). Malgré l’érudition, explique Rashi, il manque le contact avec la « Guémara », c’est-à-dire avec les discussions des Amoraens pour mettre à jour la vérité (et cf. Rashi sur Traité « Méguila » page 28 b « ‘Erouvin » page 54 b ; « ‘Avoda Zara » 19 a etc.). Aussi, nous ne saurions adhérer à des méthodes d’approches qui mettent entre parenthèses les grands exégètes de toujours et continuerons à approfondir la « Mishna » avec nos élèves en leur faisant partager le goût, elle qui est l’âme de la Thora orale.

J’ai réduit ces considérations au minimum. Pour plus amples informations sur la méthode dite des « Révadim », veuillez vous référer au chapitre consacré à cette question dans notre ouvrage « ‘Haiyé ‘Olam » pages 171-227).

A vrai dire, il ne s’agit que d’une prise de position personnelle qui n’engage pas outre mesure. Qui suis-je pour déterminer le caractère d’authenticité d’un sujet si important ? Je confie cette tâche aux Sages de notre génération et des générations à venir. Quoi qu’il en soit, toute nouveauté en matière de service divin –au sens large de l’expression- doit faire instamment ses preuves. Nous ne sommes pas contre les « nouveautés » au contraire, nous les respectons hautement. Mais elles doivent être solidement enracinées dans « l’ancien », bien connu, qui a survécu à l’épreuve du temps et qui a reçu l’aval des Sages de toutes les générations. L’exigence est d’autant plus grande qu’il s’agit d’une nouvelle méthode d’enseignement de la Thora à l’intention des enfants. A en croire ceux qui la prônent, de nombreux Sages éminents sont en sa faveur. Néanmoins, nous ne saurions nous contenter d’une simple affirmation anonyme sur une question si importante. Il faut publier la liste de ces éminentes personnalités, leurs écrits et leurs arguments pour en débattre sérieusement. En revanche, de nombreux sages ont fait savoir leur désapprobation (d’après la revue « Mithoratékha lo Natiti » : le Grand Rabbin Shélomo Moshé Amar, le Grand Rabbin Tséfania Drori, le Grand Rabbin Bakshi Doron, le Grand Rabbin Mordéchaï Eliyahou, le Grand Rabbin Shlomo Fisher, le Grand Rabbin Dov Lior, le grand Rabbin Abraham Dov Oibakh, le Grand Rabbin Ovadia Yossef, le Grand Rabbin Yaakov Yossef, pour ne citer que quelques uns d’entre eux (par ordre alphabétique).

Ainsi, nous restons fidèles à la tradition vivace héritée de nos ancêtres. A l’écart de cette querelle, nous continuerons à étudier la « Mishna » à la lumière de la « Guémara », notre Credo et la source de notre joie.

Pour tout renseignement supplémentaire sur cette question, veuillez consulter le site Internet www.havabooks.co.il