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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – Paracha « A’haré Mot

N° 664 Paracha « A’haré Mot – 14 nissan 5768 – ב »ה

RAV DOV BIGON

CECI ETANT

NES EN EGYPTE,
NOUS DEVENONS ADULTES A JERUSALEM

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)

Au « séder », des dizaines de familles juives se réunissent pour faire, dans la joie, le récit de la Sortie d’Egypte, naissance et distinction d’Israël des autres nations, récit qui dévoile une infime partie de l’immense amour que témoigne l’Eternel à l’égard de notre peuple, Son « premier-né », Lui qui nous a fait sortir des souffrances de l’Egypte, nous a délivrés de l’esclavage, nous a sauvés en dévoilant quelques expressions de sa Toute-Puissance et a fait de nous Son peuple.

De nos jours, nous pouvons raconter à nos invités qu’à nouveau, Il nous a reconduits vers la terre qu’Il a juré à nos ancêtres, Abraham, Isaac et à Jacob de nous donner en héritage perpétuel. Il ne nous a pas seulement témoigné Son amour lors de la Sortie d’Egypte mais à toutes les générations, constamment, avec amour, Il nous choisit pour être Son peuple (d’après les bénédictions adjacentes au « Shéma »).

En naissant, le bébé apporte avec lui une âme nouvelle, bonne et d’essence divine. Mais les heureux parents tournent leur regard vers l’avenir. Lorsque leur enfant grandira, saura-t-il conserver cette âme dans toute sa pureté ?

Nous ne nous contentons pas de « mettre au monde ». Tout comme en Egypte, nous sommes tournés vers l’avenir, vers notre Délivrance, celle, aussi, de l’humanité, vers laquelle nous nous acheminons avec foi et assurance.

Ceci étant – Depuis la Sortie d’Egypte, nous avons parcouru un très long chemin. A présent, grâce à Dieu, nous sommes arrivés à Jérusalem. Notre âme singulière, nous l’avons reçue en Egypte, mais c’est à Jérusalem, « Lumière du Monde », que nous la dévoilons à tous.

Actuellement, à Dieu ne plaise, certains de nos dirigeants visent à donner à nos ennemis différentes parties de notre ville sainte, intention « ‘hametse » (totalement prohibée), si l’on peut dire, que nous devons extirper de leur cœur et du nôtre.

Ce faisant, nous poursuivrons notre long itinéraire, d’Egypte à Jérusalem reconstruite, verrons la reconstruction de notre Temple et vivrons le message prophétique : « C’est de Sion qu’émanera la Thora, et de Jérusalem, la Parole de l’Eternel » (Is. II, 3).

Heureuse fête de « Pessa’h » !

RAV SHLOMO AVINER

Directeur de la « Yéshiva » « Atéret Yéroushalaïm »
Et Grand Rabbin de Beth El

LA PENSEE DU RAV KOOK, UN ANTI-INDIVIDUALISME ?

Question – L’individu, voilà ce qui intéresse notre génération. Or la pensée du Rav Kook est collective, rétrograde, pourrait-on dire. Désormais, ne vaudrait-il pas mieux s’orienter vers des conceptions de types « ‘Habad » ou « Braslav » si séduisantes pour la jeunesse ?

Votre observation est juste à une exception près ; elle vaut pour toutes les générations et pas uniquement pour la nôtre. De tout temps, l’homme s’est intéressé à lui-même, manifestant un amour exagéré pour sa propre personne, mauvais penchant qui l’incline à exacerber le « moi ». Cela ne nous dérange pas outre mesure ; n’est-il pas dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lev. XIX, 18) ? » Preuve qu’on doit aimer sa personne, mais sans exagéreration.

Or depuis quelques trois cents ans un phénomène nouveau a fait son apparition en Occident, idéaliser le « moi », « Je fixe constamment mes regards sur mon « ego », pour parodier le psalmiste (Ps. XVI, 8), oubliant que seul l’Eternel est Un et que nous sommes à Son service.

Il est faux d’affirmer que la pensée du Rav Kook a délaissé l’individu. Au contraire, elle unit et harmonise dans un tout le collectif et le particulier, considérant ces deux entités comme nécessairement complémentaires, comme l’expliquait le Rav Tzvi-Yéhouda Kook, idée qui se retrouve déjà dans le Sentier de Rectitude (Chapitre XIX fin).

Notre ancêtre Abraham a fait passer l’humanité du singulier au collectif, de l’autel idolâtre au Temple. Se réclamer de l’individualisme c’est donc retomber dans la préhistoire d’avant le grand Patriarche, manière de penser qui a influencé les Juifs en Diaspora (cf. « Orot » 111), soumis, aussi, aux influences extrêmes orientales du « Dieu en moi ». Contrairement aux cultes idolâtres qui relèvent de l’individualisme, le culte rendu à l’Eternel est d’ordre collectif, à l’exception, bien entendu, de la dimension émotionnelle.

Avec la renaissance nationale, nous reprenons pied avec la dimension collective ; à preuve, les réalisations de l’entreprise sioniste et, en particulier, l’Armée, collective par essence, qui inculque cette dimension= à ceux qui la servent.

Nos Sages du Talmud ont enseigné que « Le descendant de David (le Messie) ne viendra que lorsqu’il n’y aura plus un centime (racine « pé-resh-tet ») en poche » (Traité Sanhédrin » 97 a). Au niveau exégétique de « l’allusion », on interprète ainsi l’enseignement : « …Lorsqu’il n’y aura plus d’individualisme (mot de la même racine) ».

On doit se réjouir de recouvrer le collectif. En revanche, la culture occidentale -qui met en exergue l’individualisme- est bien à plaindre, comme ceux d’entre nous qui l’imitent au point, par exemple, de ne plus être capables de se marier, esquisse du retour à la collectivité.

A première vue, l’individualisme paraît bien séduisant, cultiver l’art de contempler son nombril, d’adorer sa propre image et de se laisser fasciner par elle (cf. le « Mythe de Narcisse » in extenso). Un peu dans le même esprit, Freud a magistralement décrit cet homme qui puise uniquement en lui-même la source de ses satisfactions.

En revanche, nos Sages du Talmud rapportent qu’un jour, en allant puiser de l’eau, un jeune-homme se mira dans l’onde. Séduit un instant par la révélation de sa propre beauté, il se sentit pris par son mauvais penchant mais se ressaisit aussitôt, fit voeu de « nézirout » (forme d’abstinence et d’aspiration à la sainteté) et coupa sa jolie chevelure (Traité « Nédarim » 9 v).

Le Rav Kook –pour revenir à notre propos- faisait remarquer qu’il est bien plus difficile de vivre la Thora au niveau collectif qu’au niveau individuel (cf. « Maamaré Haréiya » 174), « praxis » qui est le propre du peuple juif. Constamment, expliquait le grand Maître, on doit se libérer de la propension à viser le singulier au détriment du collectif. Au contraire, c’est par le collectif qu’on « récupère » le particulier. La démarche inverse est totalement rejetée car elle relève de la non judaïcité. Le Bien, c’est d’abord dans le collectif qu’il se trouve (‘Eïn Haiya » Shabbat II, 127-128).

A titre d’exemple, expliquait-t-il encore, lorsqu’on se trouve sur notre terre, à l’instar des temps bibliques, après la sortie d’Egypte, les autels ont laissé place au Temple. Certes, elles donnaient lieu à un semblant de collectivité puisqu’elles permettaient de sacrifier à plusieurs. Mais en réalité les « plusieurs » en question étaient à l’origine de la pluralité, par opposition au Temple, symbole de l’unité nationale, seule manière d’exprimer la Volonté de l’Eternel dans sa finalité (cf. ibid. « Bérakhot » I, 76).

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