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Rabbi Feuillet hebdomadaire
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F – « Paracha « Tétsavé » N° 655

N° 655 « Paracha « Tétsavé » – 10 adar A 5768 – ב »ה

RAV DOV BIGON

« LE GRAND PRETRE, PARMI TES FRERES »

(Traduit et adapté par Maïmon Retbi)

Le « Cohen Hagadol » (Grand Prêtre) avait pour mission d’obtenir le pardon des fautes et de faire descendre le flux divin de vie sur la nation, avec amour, comme le disent chaque jour les « Cohanim » dans la bénédiction qui porte leur nom : « Qui (l’Eternel) nous a sanctifiés par la sainteté d’Aaron et nous a ordonné de bénir Son peuple Israël avec amour ».

A cet effet, il avait sur son vêtement deux bijoux. Sur chacun d’eux étaient gravés les noms des douze tribus : le « ‘Hoshen » (« pectoral ») (Ex. XXVIII, 21) qui reposait sur le cœur du Grand Prêtre (cf. ibid. 29) ; le deuxième, les « avné hashoham » (deux agates) qui étaient posées sur ses épaules (cf. ibid. ibid. 9-10). Ainsi, du plus grand au plus petit, le peuple reposait, pour ainsi dire, sur le cœur et les épaules du chef religieux d’Israël, comme pour appeler constamment à Dieu son existence. Le cœur symbolise l’amour et, les épaules, la responsabilité.

Ceci étant – A la sortie d’Egypte, nous avions deux dirigeants. Moïse, chef politique, Maître qui nous a retransmis la Thora et juge. Aaron, son frère, d’où émanaient bienfaits et amour, « aimant la paix, la poursuivant ardemment, chérissant les personnes et les rapprochant de la Thora » (Maximes des Pères I, 12), qualités d’âme qui prévalaient également chez certains de ses descendants à l’époque du premier et du second Temple.

A notre époque, celle de la renaissance nationale et du retour des dispersés, les problèmes deviennent d’autant plus aigus que nous nous rapprochons de la Délivrance. C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin d’hommes politiques responsables, déterminés et intelligents, capables d’orienter la nation vers sa destination et ses objectifs authentiques ; des dirigeants épris de spiritualité et de morale, aussi, pour lui insuffler, à l’instar d’Aaron, les valeurs transcendantes qu’il possédait.

A chaque époque, l’Eternel envoie le Maître dont elle a besoin ; à la nôtre, le Rav Abraham Isaac Hacohen Kook. Il portait lui aussi la nation sur ses épaules, l’aimait d’un amour sans limites et diffusait un enseignement destiné à éclairer les générations jusqu’à l’arrivée du Messie, imminente, nous l’espérons.

Le jour est proche où cet enseignement imprégnera la nation tout entière, par-delà les clivages religieux et, pour tous, la « Lumière, nouvelle », deviendra perceptible.

Dans l’attente de la Délivrance pleine et entière.
RAV SHLOMO AVINER
Directeur de la « Yéshiva » « Atéret Yéroushalaïm »

L’ARMEE, CE N’EST PAS POUR MOI

Question – L’armée, ce n’est pas pour moi. Une armée qui expulse, tabasse et même torture des Juifs ! Les non religieux m’exploitent pour faire la sale besogne, confisquer les armes ou même tuer mes frères ? Pour rien au monde, ils me laisseront entreprendre une carrière militaire ! Qu’on ne me prenne pas pour plus naïf que je ne suis. Après tout ce qu’ils m’ont fait, je reste chez moi, ils se débrouilleront bien sans moi.

Réponse – Dans cet esprit, mieux vaut rester chez soi. A l’armée, vous seriez néfaste. Etudier la Thora, apprenez un métier, fondez une famille digne de ce nom, portez-vous volontaire dans une organisation en faveur des victimes du terrorisme, ou autres bonnes actions de ce genre, éminemment bénéfiques.

Vous semblez oublier qu’autour de nous il y a trois cents millions d’Arabes qui cherchent à nous exterminer ?! Soit dit en passant, les Suisses font aussi l’armée
et leurs périodes de réserves ont inspiré les nôtres. D’ailleurs, ils avouent ne pas avoir confiance en leurs voisins. Vous semblez ne pas comprendre non plus que sans armée il n’y a ni peuple ni état.

« Ils se débrouilleront bien sans moi », déclarez-vous. – Oui, sans vous et même sans les religieux. Simplement, cela sera un peu plus difficile. L’armée a un soutien fidèle, l’Eternel qui « marche avec vous. Il combat pour vous contre vos ennemis et vous délivre » (Deut. XX, 4), même si, pour tout couvre-chef, les soldats ont la voûte des cieux et un chapeau d’acier.

Faire partie de ce merveilleux ensemble –l’armée israélienne- n’est pas seulement une obligation, c’est un mérite. Des handicapés ont tout fait pour y être acceptés et y ont une influence bénéfique. Le véritable perdant est celui qui est à l’extérieur.

Vous insinuez aussi que vous n’êtes pas naïf au point de vous faire tuer pour les autres ! Oser dire que les non religieux ne donnent pas leur vie pour l’Armée c’est calomnier ceux qui ont fait la guerre et, plus grave encore, ceux qui sont morts au combat !

A quoi bon, arguez-vous aussi, s’enrôler pour végéter indéfiniment comme simple soldat ? – Faites-vous l’armée « pour » une raison personnelle particulière ou « pour » l’Eternel qui vous l’a ordonné ? Cette conception du monde n’a pas de sens. « Je n’étudierai la Thora que si je suis sage. Je ne pratiquerai les commandements que si je suis juste », etc. – Soyez plus humble et moins hautain.

Le Culte divin, c’est dans l’humilité qu’on le pratique, heureux de le faire en toute simplicité. L’homme n’est pas un ange. Néanmoins, explique Maïmonide dans « le Guide des Egarés », il puise sa grandeur dans le fait, en soi, de pratiquer le Culte. Un peu dans cet esprit, au début du « Néfesh ‘Ha’Haïm », Rabbi ‘Haïm de Vologin mettait en garde de ne pas se sous-estimer en pensant, à tort, qu’un simple mortel –avec tout ce qu’il a de fortuit- est indigne de cet engagement. Bien au contraire, il n’en a que plus de valeur auprès de Dieu ». « La peine qu’on se donne a sa récompense » (Maximes des Pères » Chapitre V fin), « Peu importe la quantité, l’essentiel est de concentrer son esprit sur l’Eternel » (Traité « Bérakhot » 17 a).

Par l’Armée, on accomplit plusieurs commandements, expliquait le Rav Tzvi-Yéhouda Kook dans un article « Lémitsvot Haaretz » destiné à galvaniser le moral des troupes en prévision de la Guerre de l’Indépendance : on est obligé envers son peuple lorsqu’il est en danger ; sauver des vies humaines passe avant la mise en pratique de la quasi-totalité des commandements ; celui de « S’installer en Eretz-Israël » est l’un des seuls qui, d’emblée, implique le sacrifice de soi ; l’état d’indigence de notre peuple est un blasphème ; avoir une armée et soumettre nos ennemis sanctifie grandement le Nom de Dieu (cf. Ez.. XXXVI).

L’Armée n’est pas sans problèmes. A notre égard, elle s’est comportée de façon déplorable et stupide. Néanmoins, « La perfection n’est pas de ce monde » ; il y a toujours un décalage entre « l’être » et le « devoir être ». Maïmonide enseigne que Dieu juge l’homme –un état ou l’armée- comme un tout, après avoir pesé le pour et le contre (« Hilkont Téshouva » 3).

On doit donc la considérer comme un ensemble, essentiellement bénéfique, et cesser de la fustiger. Permettez-moi, cher ami, de vous qualifier de plaisantin. Selon vous, seuls les non religieux doivent être recrutés ? Et pourquoi pas les Chinois et les Thaïlandais qui sont parmi nous ?! Je vous invite expressément à réviser vos positions, savoir apprécier l’armée à sa juste valeur et y adhérer de tout votre être.